Par André Murawski, conseiller régional Front national des Hauts-de-France
La décision de justice visant à bloquer 2 millions d’euros de financement public destinés au Rassemblement national (ex Front national) a provoqué les réactions indignées de quelques cadres dirigeants de ce parti où l’on est allé jusqu’à parler « d’assassinat politique ». Pourtant, cette décision est parfaitement légale étant même, comme l’écrivait l’universitaire Didier Rebut dans le Figaro, « un des outils de plus en plus utilisés par les juges d’instruction dans les domaines économique et financier ».
Une procédure légale donc, mais exceptionnelle dans la mesure où c’est la première fois qu’elle est appliquée à un parti politique, en l’occurrence dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires présumés fictifs de plusieurs eurodéputés FN. Une affaire dans laquelle pas moins de 14 mises en examen ont été prononcées. Mais au-delà de l’instruction judiciaire en cours, c’est aussi la question de la situation financière de l’ex FN qui se pose en termes simples : le parti est-il bien géré ?
Les comptes des partis politiques sont publiés chaque année au Journal officiel de la République française. Si les chiffres 2017 ne sont pas encore accessibles, il est intéressant de consulter ceux qui sont disponibles pour la période de 2011 à 2016, c’est-à-dire depuis l’arrivée de Madame Le Pen à la tête de la formation auparavant dirigée par son père pendant 39 ans, afin de déterminer si oui ou non Madame Le Pen s’est inspirée des principes de bonne gestion dont elle dénonce régulièrement la mauvaise application par ses adversaires.
L’examen des comptes de résultat permet de constater l’évolution dans le temps des principaux postes de produits et de les comparer à l’évolution des principaux postes de charges. Le passif du bilan permet de mesurer l’évolution des emprunts souscrits et leur poids relatif comparé aux ressources disponibles.
Des ressources en augmentation régulière
Les ressources des partis politiques sont diverses. Les cotisations des adhérents constituent un marqueur intéressant dans la mesure où elles indiquent l’attractivité du parti et le succès ou l’insuccès de son image aux yeux des Français. On peut y ajouter les dons des personnes physiques qui sont un autre indicateur de confiance. Les reversements des élus et le financement public constituent en principe des ressources plus stables pendant une période de plusieurs années correspondant à la durée entre diverses échéances électorales.
Entre 2011 et 2016, les cotisations des adhérents ont connu une croissance importante, passant de 1 406 035 euros en 2011 à 2 406 679 euros en 2016, soit une progression de 71,2 %. Cependant, l’existence de « paliers » en 2014, puis en 2016 ne permet pas de parler d’une croissance régulière.