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Pierre Haski à France Inter : un trio infernal sur le service public

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Par Florence Dunois, journaliste à Présent ♦

Pour quiconque s’attend toujours au pire, l’avantage avec France Inter est qu’on n’est jamais déçu. Ainsi, après le départ de Bernard Guetta, qui développait du moins ses opinions exécrables dans une langue parfaite, et l’intérim souvent ridicule d’Anthony Bellanger – tout aussi asservi d’ailleurs à la pensée unique –, est-ce Pierre Haski qui, dans le journal matinal de Nicolas Demorand, le plus écouté de France paraît-il, assurera à compter de lundi prochain l’influente rubrique de géopolitique avec la bénédiction de Laurence Bloch, directrice de la station.

Fabriquer l’information

Rien d’étonnant dans ce choix : coreligionnaire de Mme Bloch qu’il fréquenta assidûment du temps où tous deux étaient correspondants en Afrique australe, d’où ils ameutaient l’opinion contre le « pays de l’apartheid », Pierre Haski, produit exemplaire de ce moule idéologique qu’est le Centre de formation des journalistes de Paris, fut de 1981 à 2007 un pilier de Libération. Journal que Nicolas Demorand, qui confie avoir grandi dans « un monde profondément laïque et juif, mais d’un judaïsme intellectuel, culturel et sensuel », dirigea pour sa part de 2011 à 2014, à l’appel du banquier Edouard de Rothschild devenu l’actionnaire de référence de l’ancien « quotidien du peuple ». Un paradoxe qui n’étonnera que les naïfs.

Poursuivi à Rue89, l’itinéraire de Pierre Haski a déjà de quoi inquiéter. Mais il y a plus grave : élu le 27 juin 2017 président de l’association Reporters sans frontières, sans doute pour faire oublier la présidence « sulfureuse » de Robert Ménard, le nouveau gourou de la géopolitique se veut aussi l’arbitre des exigences journalistiques. D’où son intention, pour s’opposer aux fake news déjà dans la mire de Macron, de « créer une certification [sic] pour lutter contre les fausses informations ».

Projet qu’il précisait récemment dans Le Nouveau Magazine littéraire : « L’idée n’est pas d’interdire des contenus, mais d’en valoriser. Non pas de faire des listes noires, mais des listes blanches. Nous n’allons pas regarder chaque information et dire “ceci est faux, ceci est vrai” mais nous allons définir des principes et des processus de fabrication d’information de qualité. » Sur le modèle, tenez-vous bien, « de ce qui existe dans le bâtiment (avec les normes ISO par exemple) » !

Si par malheur devaient prévaloir ces normes ISO-RSF aboutissant à la fabrication d’une « information de qualité » encore plus standardisée et contrôlée qu’elle ne l’est aujourd’hui pour s’inspirer de la « ligne Jdanov » imposée sous Staline, ce qui reste de presse indépendante pourrait- il encore révéler que les assassins d’Adrien Perez sont les frères Younes et Yanis El Habib ? Si se présentait un nouveau Cahuzac jurant « les yeux dans les yeux » à ses compatriotes n’avoir aucun compte dans un paradis fiscal, pourrait-il encore enquêter ? RSF et son président peuvent bien se vouloir « sans frontières », leur conception de l’information est singulièrement bornée. Pour le plus grand profit de l’idéologie dominante au service de l’hyperclasse mondialisée.

Florence Dunois 24/08/2018

Source : Présent

Crédit photo : Par ActuaLitté [CC BY-SA 2.0], via Wikimedia Commons

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