Alain de Benoist est interrogé sur Breizh.info. Extraits :
Les élections européennes de 2019 apparaissent comme l’affrontement presque décisif entre pro et anti-immigration en Europe. Comment les percevez-vous ?
Affrontement décisif en effet, sur lequel tout le monde est apparemment d’accord, que ce soit pour s’en affliger ou s’en féliciter. Macron l’a reconnu lui-même : il faudra choisir entre, d’un côté, Merkel et lui, et de l’autre Orbán et Salvini. Mais il y a toutes chances qu’il ne triomphe pas de ses adversaires aussi facilement qu’il a triomphé de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, tant les deux camps en présence s’inscrivent dans des dynamiques opposées. La vague populiste, souverainiste et eurosceptique ne cesse d’enfler, tandis que l’Europe technocratique et libérale se réduit comme peau de chagrin – d’où la difficulté de Macron pour trouver des alliés et les échecs qu’il enregistre dans sa politique extérieure.
Dans ces conditions, on peut prédire que ceux qui sont en priorité préoccupés par l’insécurité culturelle et l’insécurité sociale vont à nouveau marquer des points. La conséquence en sera la confirmation des nouveaux clivages qui s’affirment depuis au moins deux décennies : ceux qui disent stop contre ceux qui disent encore, les peuples attachés à leur mode de vie et les tenants du marché sans frontières.
En France, le Rassemblement national et plus globalement toutes les forces en opposition semblent en dessous de tout politiquement, sans la moindre réponse, ni la moindre opposition concrète. Que faire ?
(…) Dans un paysage politique qui n’offre plus à voir que des ruines, l’état de l’opposition « de droite » est effectivement lamentable. Contrairement à ce que beaucoup s’imaginaient, le Rassemblement national ne s’effondre pas, et même à certains égards se renforce, mais il ne bénéficie plus que de votes par défaut : les gens ne votent plus pour lui pour ce qu’il est, mais au vu de ce que sont les autres.
Les Républicains ne parviennent pas à se doter d’un espace politique qui leur soit propre, parce qu’ils refusent de sortir de l’ambiguïté. On l’a bien vu au Parlement européen, lorsque tous leurs députés (à trois exceptions près) ont également voté en faveur des sanctions contre la Hongrie. Ce seul vote les a discrédités. Il en sera de même aussi longtemps que les amis de Laurent Wauquiez n’auront pas rompu avec une idéologie libérale qui les place objectivement dans le voisinage ou dans le camp d’Emmanuel Macron.
Entre les Valérie Pécresse ou les Xavier Bertrand et les aspirations du peuple, il faut choisir. Et aussi en finir avec cette fable selon laquelle Macron incarne le « retour de Hollande ». La France est aujourd’hui gouvernée par la pire des droites : la droite libérale (…)”
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