L'ex-ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem a gratifié les auditeurs d'une interview sidérante.
Venue faire la promotion, sur France Inter, de Contre-courants politiques, le livre d’Yves Citton édité par la maison d’édition Fayard, chez qui elle est directrice de collection, l’ex-ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a gratifié les auditeurs d’une interview sidérante.
Savez-vous de quoi « souffre notre société démocratique » ? De « l’absence de débats publics politiques » parce qu’ils sont infestés de « journalistes », de « polémistes », de « caricaturistes », d’« experts autoproclamés », de « communicants » qui ne font « que conforter les gens » (déjà convaincus) « dans leurs certitudes ». Jusque-là, on ne peut qu’être d’accord et saluer la nouvelle lucidité de l’ex-ministre dont la première carrière fut, justement, bâtie en s’appuyant sur ce petit monde-là qu’elle réprouve aujourd’hui…
Évidemment, on ne la suit plus quand elle propose son remède : les remplacer par des « chercheurs », des « écrivains », des « artistes », qui « auraient pourtant tant à apporter ». En clair, il est temps, à présent que les Français sont de plus en plus nombreux à se rendre compte de la tournure idéologique, autoritaire et liberticide systématiquement imposée dans le traitement des grands enjeux démocratiques, d’appeler en renfort d’autres personnalités du même acabit pour les remettre dans le droit chemin. En fait, Najat n’a pas vraiment changé : elle persévère. L’idéologie de gauche ne réussit pas à conquérir les Français, rajoutons-en une couche !
Et donc, avec « des chercheurs progressistes plutôt de gauche ? », lui fait remarquer, amusé, Ali Baddou. Najat opine, se reprend immédiatement pour finalement, sans doute saisie par le spectre interdit d’Éric Zemmour qui hante les couloirs de France Inter, approuver. Pas de Zemmour, donc, pour notre nouvelle éditrice-experte qui reprend la phrase qui tourne en boucle depuis dix jours car il « discrédite tous les historiens de métier ». Eux seuls seront désormais invités. Même ceux qui défendent certaines thèses de cet auteur à mettre à l’index ?
La réflexion n’a pas pu être poussée aussi loin car ce qui est encore plus problématique, pour notre nouvelle Najat, c’est que « la plupart des citoyens en France » sont bardés de certitudes, donc. Ou de « perceptions », qui peuvent même être « tronquées » ! Attention, le fake n’est pas loin ! Car ces Français se trompent sur tout : « Sur le nombre de musulmans en France, sur le nombre d’étrangers dans nos prisons, sur le nombre de migrants qui arrivent à nos frontières […] ». On se doutait bien que c’était sur ces sujets-là qu’il fallait d’urgence rééduquer les Français qui, c’est vrai, ont des hallucinations : mosquées par-ci, banlieues communautarisées par-là, Rédoine en burqa à Creil. Les Français sont en plein délire : des mirages pires que dans Tintin au pays de l’or noir. En tant qu’ex-ministre, faudrait quand même qu’elle se méfie. Regardez son collègue Collomb, un ex du PS comme elle – donc a priori vacciné -, eh bien, à peine sorti de son ministère, il a eu des mirages du même type !
Enfin, un dernier travers dérange Najat Vallaud-Belkacem : les Français toléreraient trop les inégalités sociales et hiérarchiques car ils seraient ambitieux pour eux-mêmes. Il faut donc leur apprendre à ne pas « surestimer leurs probabilités d’accéder un jour à des rémunérations beaucoup plus élevées que celles qu’ils ont aujourd’hui ou à des postes beaucoup plus élevés dans leur entreprise. […] Ils se disent, moi, un jour, je passerai tout en haut et je voudrai, à ce moment-là, prendre ma revanche sauf, que, en fait, ça t’arrivera pas ! »
On se pince, on se demande si on n’est pas victime d’un nouveau mirage : c’est bien elle, ce modèle d’ascension sociale – ou d’ambition et d’arrivisme forcenés -, qui est en train de dire doctement au Français moyen « Ça t’arrivera pas ! » dans un grand éclat de rire ?
La Najat nouvelle est arrivée, mais on a encore plus envie de dire à l’éditrice qu’au ministre : « Ça t’arrivera pas » d’arrêter de débiter tes fadaises ?