Ce n’est pas Eric Zemmour qui le dit mais Didier Leschi, préfet et directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Il vient de publier une note intitulée “Migrations: la France singulière” où il évoque les chiffres de l’immigration :
“Notre pays connaît aujourd’hui la plus forte proportion d’immigrés de toute son histoire contemporaine : aux alentours de 11% de la population résidente est immigrée au sens de l’Insee, c’est-à-dire composée de personnes nées étrangères à l’étranger, ce qui donc inclut ceux qui obtiennent la nationalité française. C’est un niveau que l’on retrouve dans beaucoup de pays européens et qui est même dépassé dans certains cas, comme en Suède, où la part de la population née à l’étranger est passée de 7% en 1975 à près de 20% aujourd’hui.
Mais la spécificité de la France en Europe ne tient pas tant à la proportion actuelle d’immigrés au sein de la population française qu’aux effets du processus migratoire sur la longue durée.
En effet, nous sommes le pays d’Europe qui présente la proportion la plus élevée de personnes de « seconde génération » issues de l’immigration, c’est-à-dire résidant en France et dont au moins un parent est immigré. Si l’on ajoute les enfants d’immigrés nés sur le territoire français, c’est près du quart de la population française qui a un lien direct avec l’immigration. Ce niveau est comparable aux États-Unis (26%), souvent pris en exemple sur les questions d’immigration.
Ces évolutions démographiques dues à l’immigration ont un autre effet concret : en 2017, plus de 17% des jeunes de moins de 24 ans en France métropolitaine étaient d’origine extra-européenne, contre moins de 3% en 1968. La jeunesse d’origine africaine, hors Maghreb, quasiment inexistante en 1968, représente aujourd’hui 20% de la jeunesse d’origine étrangère (…)
En comparaison, entre 1955 et 1964, la France a reçu chaque année (à population égale, bien entendu) plus de migrants que les États-Unis. C’est notamment le moment où ont fortement progressé les immigrations marocaine, espagnole, portugaise et la très ancienne immigration algérienne. Toujours en France, du fait du tarissement de l’immigration ibérique à partir de la fin des années 1970, la part de la migration venant du Maghreb et du reste de l’Afrique a fortement augmenté, passant de 20% à près de 50% au début des années 2000. Alors que, jusqu’au début des années 1990, un immigré sur deux venait d’Europe (52%), à présent un sur deux vient d’Afrique. Et si la part des Maghrébins reste stable, représentant 30% de cette immigration, le fait notable est l’arrivée massive de Subsahariens (…)”
Au regard des spécificités françaises, le Grand remplacement s’explique assez facilement :
“Même dans des pays longtemps perçus comme accueillants, des restrictions ont été mises en place (…) Cette évolution des législations européennes amène la France à être l’un des rares pays où la réunification familiale peut se faire pour les réfugiés,