Du haut de son rocher, la Lorelei n’a pas besoin de chanter son « étrange mélopée » pour que les bateaux aillent se fracasser sur les récifs. Les eaux du Rhin sont tellement basses qu’il n’y a quasiment plus de bateaux qui peuvent y naviguer. On a relevé un niveau record de 77 centimètres à Cologne mi-octobre ; impossible, donc, de faire circuler des barges !
Le Rhin est une artère économique très importante pour l’Allemagne, la France et les Pays-Bas.
Peu de gens savent que Duisbourg, ville située en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, est le plus grand port fluvial mondial. Avec plus de 3,5 millions de conteneurs traités chaque année, il dépasse largement Le Havre !
Il s’agit donc, pour l’Allemagne, d’une véritable catastrophe économique due à la sécheresse exceptionnelle de l’été.
Sécheresse exceptionnelle due au changement climatique, changement climatique qui serait largement causé par les émissions de CO2 (gaz carbonique), émissions de CO2 dont l’Allemagne est championne avec ses centrales thermiques au charbon. Si je puis oser ce mauvais jeu de mots : c’est le coup de l’arroseur arrosé !
Et pour en « rajouter une couche », la grande centrale thermique de Hamm (1.600 MW) ne peut plus fonctionner, faute d’approvisionnement en charbon, celui-ci étant assuré par des barges…
Et les effets ne s’arrêtent pas là.
La rareté des bateaux entraîne une multiplication par cinq des coûts de transport de vrac par voie fluviale, et par trois pour le conteneur.
Exit, donc, la compétitivité du fluvial et report massif vers la route et la voie ferrée.
Et un semi-remorque de 40 tonnes, cela pollue un peu.
Pour fixer les idées, un convoi poussé avec 4 barges de 193 mètres de long, 22 mètres de large et 11.000 tonnes de capacité de chargement, cela équivaut à 440 semi-remorques !
Pour transporter une tonne sur un kilomètre, on émet moins de 20 grammes de CO2 en transport maritime, environ 40 grammes de CO2 en transport fluvial, un peu moins de 100 grammes en « poids lourd » et plus de 550 grammes en véhicule utilitaire léger (source : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ADEME).
Le bilan carbone de l’Allemagne risque donc d’être faramineux à cause de la sécheresse, cette même Allemagne qui a essuyé un bide « kolossal » avec l’énergie solaire et persiste à vouloir se passer du nucléaire.
Pauvre Lorelei, elle aussi est au chômage, elle pourra rejoindre Angela en retraite.