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Salvini et la nouvelle crise italienne

6a00d8341c715453ef0240a4745aca200c-320wi.jpgLe 4 août encore, le Corriere della Sera publiait une enquête Ipsos tendant à démontrer que 63 % des Italiens étaient encore convaincus que le gouvernement resterait en place, ceci en dépit des désaccords de plus en plus évidents entre Matteo Salvini et Luigi Di Maio. Et puis, quatre jours plus tard, le 8 août, la nouvelle de la rupture tombait. Il s'agit pour un quotidien tel que Le Monde, d'une "d'une crise gouvernementale surprise".

Les rédacteurs de cet organe officiel, toujours si bien informés, ne l'avaient pas ressentie comme inévitable.

Bien entendu les commentateurs agréés s'emploient à nous en distiller les motifs, au point que l'on ne comprend plus les faits.

En fait, la première cause de la décision de Matteo Salvini, de dissoudre de son alliance contre nature avec Cinq Étoiles et de provoquer des élections anticipées tient, d'abord, à une analyse de la volatilité de l'électorat italien en regard du désir non assouvi d'une force de gouvernement.

Rappelons en effet qu'en 2014, le sauveur de la gauche et de la démocratie, peut-être même de toute la social-démocratie du Vieux Continent, Matteo Renzi avait obtenu 40,8 % des voix aux élections européennes. Un triomphe. Mais quatre ans plus tard son parti démocrate est réduit à 22,9 % des voix et il perd 201 sièges.

À l'inverse, depuis cette date, la droite italienne, car c'est de cela qu'il s'agit, s’est progressivement regroupée autour de Salvini et sur la base d'une volonté d'enrayer l'immigration. Aux européennes de mai 2019, sa liste obtient 34 % des voix et les sondages le créditent de 36 à 38 % : or, c'est exactement le score qu'il avait obtenu en 2018, mais à l'époque sa Ligue se présentait dans le cadre d'une coalition, laquelle incluait Forza Italia, le parti de Berlusconi. Il s'est donc passé que celui-ci, aujourd'hui âge de 83 ans, apparu sur la scène politique de la Péninsule du fait la crise de mani pulite, devenu président du conseil en 1994 a désormais fait son temps. Une fenêtre est ouverte pour son remplacement, Salvini s'y est engouffré.

Pour mieux unifier son camp, celui-ci s'est emparé du mécontentement des classes moyennes devant l'hyper fiscalité. Le 7 août, veille de sa rupture officielle, c'est sur le slogan d'une "flat tax" habilement vantée comme une mesure d'efficacité favorable aux travailleurs italiens, qu'il redéployait sa propagande, s'opposant au président du Conseil Giuseppe Conte.

Désormais de futures batailles parlementaires puis électorales se dessinent dans la Péninsule.

La droite a trouvé son chef de file, et son programme ressemble fort à celui de tous les nationalistes italiens, depuis toujours[1] : gouverner ce pays disparate, dont l'unité ne remonte guère en deçà de 1861.

La gauche semble, dès aujourd'hui, en train de se regrouper sur la base du refus de ce pouvoir naissant, avec des arguments et des réseaux qui ressemblent à ceux de nos radicaux-socialistes de la première moitié du XXe siècle. Elle cherche même en ce moment à construire une alliance alternative englobant certains débris de Forza Italia, mais elle retrouvera difficilement les électeurs de Berlusconi. En revanche, avec l'appui discret du président de la république, de la technocratie bruxelloise et même du Vatican, elle s'emploie à récupérer les restes du "populisme", c'est-à-dire ceux du mouvement Cinq Étoiles en déconfiture.

Retournant à un choix entre la droite et la gauche, l'intermède dégagiste et populiste, semble avoir fait long feu.

JG Malliarakis 

Apostilles

[1] cf. la recension par Romano Ruggiero des livres de P. Guichonnet "L'Unité italienne" et de M. Vaussard, "De Pétrarque à Mussolini, Évolution du sentiment nationaliste italien".

https://www.insolent.fr/

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