Les gendarmes, grâce à un tuyau venant des USA, selon Le Monde et l’AFP, ont réalisé, le mardi 15 octobre, plus d’une centaine de perquisitions à travers la France et ont saisi 130 flacons de pentobarbital, un barbiturique/anesthésique qui n’est plus autorisé pour les humains, mais qui peut être utilisé dans le cadre d’une euthanasie ou d’un suicide. Il figure même parmi les produits possibles au sein des cocktails administrés lors d’exécutions par l’administration pénitentiaire américaine. Une association, Ultime Liberté, serait dans le collimateur pour avoir fourni des conseils aux personnes qui ont commandé sur Internet leurs doses « au cas où ». Les produits étaient référencés en douanes comme des cosmétiques.
Qui sont les clients ? Des personnes qui ne veulent pas être confrontées à des souffrances excessives lorsque se profilera la mort. Cet énoncé des motifs ne pose pas de problème ; qui veut souffrir ? S’il est vraisemblable que l’acharnement thérapeutique a reculé, ces dernières décennies, les soins palliatifs, en France, souffrent d’un retard, d’un manque de développement honteux. La litanie des insuffisances se poursuit ici aussi : structures, personnels, formations, moyens… le refrain est connu !
Les associations de promotion de la mort en blouse blanche continuent de réclamer le droit à l’euthanasie et au suicide assisté. Le député Jean-Louis Touraine, grand chantre du progressisme, a même confié à Libération, fin septembre, qu’une fois la loi de bioéthique passée, il déposerait de nouveau un texte sur l’aide active à mourir. Ce bon docteur en médecine semble ne pas montrer autant d’énergie ni un tel empressement pour développer les soins palliatifs.
Bien sûr, les médias sont très compréhensifs avec ces contrebandiers en substance létales. Avec eux, une instruction à décharge suffit. Le consensus implicite entre les oligarques qui détiennent ces médias est sans doute d’alléger les charges futures des assurances dites sociales (maladies, retraites) en abrégeant la vie des bénéficiaires : ça coûte moins cher pour l’État qui paye ! Ne doutons pas que les médias nous gaveront d’histoires pleines de pathos où une mort douce sera préférable à toute autre option. Il se trouvera bien assez de politiciens progressistes pour y voir un combat sociétal porteur pour leur aura. Mais c’est l’avant-vente de la grande braderie de la dignité de l’homme. C’est aussi le chant du cygne de la médecine conçue comme un art : elle deviendra, sous peu, une simple prestation de service marchand – elle a déjà commencé, d’ailleurs.
Peut-être que les efforts des gendarmes ne sont qu’un combat d’arrière-garde. Les promoteurs de l’utilitarisme appliqué à la vie humaine veulent toucher les dividendes de la désespérante affaire Vincent Lambert. Désabolir la peine de mort pour les faibles et les malades, désabolir l’esclavage avec les trafics de gamètes et d’enfants, et bientôt le servage des mères porteuses. Les mots ne sont pas de moi mais d’Antoine de Saint-Exupéry dans sa lettre à un général resté anonyme : « Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif. » Qui, pour lui donner à boire ? Je vais relire le dialogue de Jésus et de la Samaritaine (Jean, chapitre IV).
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