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La révolution comme crime et comme déclassement

6a00d8341c715453ef0240a4e2cc0a200b-320wi.jpgCe 16 octobre, lugubre anniversaire, on pouvait, on aurait dû, honorer le souvenir de la malheureuse reine de France Marie-Antoinette[1]. Elle ne fut pas seulement guillotinée en 1793 après un procès abject : son triste destin ternit encore, s'il en est besoin, le souvenir de la révolution française, pour ce qu'elle fut effectivement : une horreur.

Si l'on entend construire un avenir de libertés, on ne saurait trop s'interroger peu plus au sujet de cette séquence de l'Histoire de France. Certains osent la tenir pour leur gloire fondatrice ; d'autres y voient au contraire le commencement de la fin. Elle n'est pas seulement entachée de ses crimes, telle Lady Macbeth : on doit comprendre qu'elle inaugure aussi l'ère du déclassement.

Les périodes de déréliction, en effet, présentent un avantage paradoxal. Elles nous offrent l’occasion de nous poser la question "comment en sommes-nous arrivés là".

Parmi les sujets d'affliction, hélas nombreux ces temps-ci, et soulignons-le : toutes proportions gardées, certains nostalgiques de la présence française dans le Proche-Orient ne manquent pas de s'interroger par exemple à propos du désastre de l'abandon des Kurdes de Syrie. On peut ainsi appliquer à nouveau cette remarque, désormais récurrente qui inspirait notre chronique[2] datée du 14 octobre : comment en est-on arrivé là?

"Rarement dans l’histoire récente, nous n’avions vu une telle déconfiture française. La colère de Paris ne traduit que son impuissance. Pour la France, l’affaire syrienne aura été consternante de bout en bout." Observée de la sorte, par la très bourgeoise "Opinion", journal couramment favorable au pouvoir et au projet macroniens cette analyse de Jean-Dominique Merchet pèche sur un mot : l'adverbe "rarement".

La pertinence, depuis deux siècles, de l'action extérieure de l'État français, me semble en effet l'exception. La règle paraît plutôt celle de l'incohérence, de l'inconstance et de l'absurdité.

Travaillant actuellement sur le centenaire oublié du traité de Versailles, et à sa ratification, désormais occultée, votée par la chambre des députés en octobre 1919, traité complété par non moins injustes et non moins ineptes traités de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre/21 octobre), Neuilly (27 novembre), Trianon (4 juin 1920) et Sèvres (10 août 1920) votre chroniqueur ne peut hélas que retrouver la trace de cette accablante imbécillité revancharde et sectaire, d'où est sortie la seconde guerre mondiale.

C’est à la même époque en effet, où l'on s'abandonnait déjà à l'illusion mondialiste, celle de la Société des Nations, qu'en même temps, à l'occasion des Jeux Olympiques d'Anvers de 1920, on consacra officiellement le chauvinisme sportif de masse : les athlètes concourent, de façon institutionnelle désormais, au titre de leur nationalité juridique. Pierre de Coubertin, connais pas.

C'est d'ailleurs au même moment où l'armée française, victorieuse en 1918, semble la plus puissante du monde, que la langue française cesse d'être celle des relations internationales.

La question reste donc, répétons-le : "Comment en est-on arrivé là" ?

À une telle interrogation, toute l'œuvre d'Emmanuel Beau de Loménie tend à répondre autour d'une thèse devenue centrale, celle des "Responsabilités des dynasties bourgeoises[3], cette histoire non-conformiste de la France contemporaine écrite à partir du désastre de 1940, et publiée à partir de 1943.

Pour faire plus simple, ces "dynasties" étant étudiées et définies comme les héritières des profiteurs de la Révolution de 1789, c'est-à-dire avant tout des acquéreurs de biens nationaux, c'est bien évidemment la révolution elle-même, dans son ensemble, qu'il convient de mettre en examen.

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] à visiter : "une femme de l'ombre, celui de sa belle-soeur Marie-Joséphine" à la Chapelle expiatoire
[2]cf. "Une découverte tardive : le danger Erdogan"
[3] cf. article "Une caste : les dynasties bourgeoises" in Le Monde 10 janvier 1978

6a00d8341c715453ef0240a4be1351200d-320wi.jpgAux origines du déclassement de ce pays Charles Freppel : La Révolution française"
Injustement oublié de nos jours l‘auteur fut l'une des plus intéressantes figures de la droite monarchiste du XIXe siècle. Constructeur actif, et politique intelligent, cet évêque d'Angers fut à l'origine des universités libres catholiques. Cet Alsacien saura se faire élire, en pleine IIIe république, député royaliste de Brest. Adversaire lucide de l'héritage jacobin, il résume dans ce petit livre fort, écrit à l’occasion du Centenaire, toutes les entraves, toutes les idées fausses et toutes les nuisances que les plaies de la Révolution de 1789 ont projetées sur l'avenir de la France. Il reprend ici un par un tous les faux arguments que nous entendons seriner encore aujourd’hui, y compris par des gens sincères, qui se disent “patriotes”, et de droite.
••• Un livre de 160 pages au prix de 20 euros.
• à commander sur la page catalogue des Éditions du Trident
• ou par chèque en téléchargeant un bon de commande

 →Lire aussi la Chronique de L'Insolent du 17 juillet 2008 "De la révolution, du 14 juillet, du jacobinisme et de l'horreur qu'ils doivent nous inspirer." Petit hommage à Charles Freppel.

https://www.insolent.fr/

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