Entre les petits arrangements statistiques, le retrait de certaines candidatures et les candidatures dissidentes, la majorité présidentielle est à la peine à moins d’un mois et demi des élections municipales.
LREM : panique municipale
Une campagne dans la douleur pour l’exécutif. Après seulement trois années d’existence, La République En Marche doit faire face à ses premières élections municipales… un scrutin qui intervient dans une séquence difficile pour la majorité après plus d’un an de manifestations des Gilets Jaunes et une mobilisation syndicale qui n’est pas loin de fêter ses deux mois d’existence.
Contexte compliqué et maillage territorial complexe à créer. En France, les majorités en place perdent régulièrement les scrutins intermédiaires et LREM doit, en plus de ce facteur institutionnel presque naturel, faire face à l’implantation de longue date de l’ancien monde, à savoir la droite parlementaire et la gauche socialiste et ses alliés. Reste à la faveur de la majorité sa capacité d’aspirer les opportunistes de droite comme de gauche… soucieux en bons apparatchik de préserver leur siège plutôt que de défendre leur parti ou même leurs convictions.
Les 15 et 22 mars seront donc un grand test pour la majorité, et à moyen terme ces élections auront une incidence sur le Sénat et sa recomposition.
Et ce test pourrait tourner au drame dans certaines ville comme à Paris où la majorité est divisée avec une candidature Griveaux créditée de seulement 16 % des voix et le fraîchement viré Villani à 10 points… deux candidats à la traîne derrière la socialiste Anne Hidalgo 23 % et Rachida Dati 20 points. Le candidat Europe Ecologie Les Verts à près de 15 points pourrait aussi jouer les troubles fêtes… mais difficile de voir comment Emmanuel Macron peut sortir la tête haute à moins d’un spectaculaire retournement de situation au côté de Rachida Dati.
Partout ailleurs, le jeu de la majorité consiste en un débauchage d’élus locaux ou dans des tentatives de coup médiatique avec des personnalités dite issu de la société civile. La stratégie globale semble donc être une sorte de cas par cas généralisé.
Mais c’est au sommet de l’Etat que la cacophonie à atteint son comble avec les candidatures gouvernementales. En attendant la possible annonce d’Edouard Philippe vendredi, qui pourrait être un tournant et provoquer à court terme un remaniement, d’autres sont déjà entrés en campagne : Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité, et le secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pagner-Runacher, dans des arrondissements parisiens, tout comme le ministre des relations avec le parlement Marc Fesnau à Marchenoir en Loir-et-Cher. D’autres laissent planer le doute : Sébastien Le Cornu, ministre à la cohésion des territoires à Vernon dans l’Eure ou Franck Riester à la culture à Coulommiers en Seine-et-Marne ou encore Agnès Buzin à Paris.
Enfin le ministre de l’agriculture Didier Guillaume et le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne devaient s’affronter dans un duel à mort à Biarritz… mais il jettent l’éponge sur ordre de l’Elysée.
A ces hésitations ministérielles s’ajoutent aussi le coup de force du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner qui ose décidément tout. Le Premier Flic de France a ainsi transmis une circulaire dispensant les préfets d’attribuer une nuance politique aux communes de moins de 9 000 habitants. Vulgaire manœuvre visant à gonfler les chiffres de LREM plus installés dans les grandes agglomérations mais aussi véritable crachat à la France des clochers de gauche comme de droite. Le Conseil d’Etat se prononcera sur cette circulaire vendredi. Petits arrangement, grandes manœuvres, trahison, réalité masqué… la campagne des municipales est bel et bien lancé… avec dedans, une fois de plus, ce qu’il y a de plus sale en politique.
Ce sujet sera abordé lors du JT de TVLibertés de ce soir