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Quid du financement des retraites ?

Présent – Il fallait sans doute une réforme des retraites, mais le projet est à l’image d’Emmanuel Macron lui-même, brouillon et approximatif, complexe, bâti à la hâte, et de nature à lui rester collé jusqu’à la fin de son mandat, comme le sparadrap du capitaine Haddock. Bien qu’ayant laissé la main à son Premier ministre, il paye d’avoir concentré entre ses mains, plus encore que ses prédécesseurs, tout le pouvoir exécutif.

Ce lundi 3 février, le projet passait devant le Parlement, et l’on sait que le Conseil d’Etat a rendu public un avis dénonçant notamment le « manque de précision » des textes examinés. La plus haute juridiction administrative constatait que « les projections financières ainsi transmises restent lacunaires… » Arrêtons-nous donc à la question financière.

Combien ça coûte ?

Le déficit de la Sécurité sociale (toutes branches confondues) a atteint 5,4 milliards d’euros en 2019, 5,1 milliards prévus en 2020. Dans le rouge depuis 2002, les comptes du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) se sont lourdement dégradés cette année.

Privée de recettes et confrontée à une hausse imprévue de ses dépenses, l’assurance-retraite (FSV inclus) affiche ainsi le plus lourd déficit des quatre branches de la sécu (retraite, maladie, famille, accidents du travail). Le retour à l’équilibre étant annoncé pour 2023 ou 2025. En 1980, les dépenses sociales en France représentaient 20,1 % du PIB. Leur part a régulièrement augmenté jusqu’à atteindre 32 % du PIB en 2015 et en 2016. En 2018, elles avaient légèrement diminué à 31,2 %. Dans cette dépense, les pensions se sont élevées à 13, 8 % du PIB. C’est plus que la moyenne européenne qui se situe à 12 %. La totalité des pensions atteint 310 milliards d’euros par an. Un argent qui provient, pour l’essentiel, des cotisations des actifs : 77 %. Pour le reste, le budget est comblé par diverses subventions publiques financées par les impôts et les taxes, en particulier la CSG. Chères retraites ! Pour 1 000 euros de dépenses publiques, 268 euros, soit plus du quart, y sont consacrés. C’est le premier poste du tableau établi par le gouvernement pour le débat en cours.

Finance internationale et monopole d’Etat

Qui paye et que paye-t-on ? Un peu tout le monde mais de façon inégalitaire. Cependant la vraie question, peu évoquée, est celle-ci : comment la financiarisation de l’économie entraîne-t-elle dans ses rouages les institutions de la république et son « modèle social » ? Au centre de la question, l’ACOSS (Agence centrale de la sécurité sociale), la trésorière en quelque sorte. Elle fait des placements (douteux) sur les marchés financiers pour financer les découverts sociaux. Son appendice est la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale) créée par le plan Juppé le 24 janvier 1996 pour éponger les déficits que lui a transférés l’ACOSS. Ont été émis des billets de trésorerie et d’autres emprunts. Mais c’est insuffisant : on crée alors plusieurs assiettes et presque tous les revenus sont concernés, regroupés sous la rubrique CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale). La CRDS ou l’histoire d’un puits sans fond ! (Elle devait cesser en 2009…)

Un trou vendeur

La CADES est très bien notée par les agences de notation financière. Les acheteurs de la dette savent bien que la France est une « grande démocratie sociale » qui lèvera toujours des cotisations à leur profit (comme les impôts) et ça mérite une bonne note mais, en revanche, la loi interdit de connaître l’identité des créanciers ! Vos cotisations sociales alimentent donc, chers lecteurs, les marchés financiers et les intérêts qui leur sont servis. Mais la CADES a été victime des manipulations des taux Libor et Euribor (révélée par le Wall Street Journal) par un cartel de banques et ces taux (fixés à Londres) servent de références à des milliards de produits financiers.

Ainsi, la dette sociale est gérée, comme la dette fiscale, par des sociétés financières souvent dans des places offshore. De telle sorte que le déficit social est en partie imputable aux taux d’intérêt payés sur des marchés non réglementés et la CADES est, d’ailleurs, placée sous un régime de certification non réglementaire. Traduisez : pas de contrôle public ! Mais que font les parlementaires croupions de LREM ?

La vraie question étant maintenant de savoir qui mettra fin à ce festin de la finance internationale ? Elle a été curieusement passée sous silence depuis le début de la réforme. Une personne a posé ce problème, je l’ai reçue à plusieurs reprises dans mon émission « Politique & Eco » sur TVLibertés, Eloïse Benhammou : Kleptocratie française (éditions Le Jardin des Livres).

Olivier Pichon pour Présent

https://www.tvlibertes.com/actus/quid-du-financement-des-retraites

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