Les députés auraient-ils enfin pris conscience de l’urgence à traiter la question des prisons ? Les récentes mutineries dans le nord de l’Italie, coronavirus oblige, pourraient les avoir réveillés. On l’espère, à la lecture d’une tribune de Mme Braun-Pivet dans L’Obs. Cette dernière, par ailleurs président de la commission des lois et député LREM, nous livre un texte qui pourrait constituer un premier pas, insuffisant, mais nécessaire.
Dans la mentalité de gauche dominante, la prison, c’est mal. Inspirée des pages de Victor Hugo, de son célèbre et apocryphe « Ouvrir une école c’est fermer une prison », toute la bien-pensance humaniste a considéré, des années durant, que la prison était l’école du crime, quand ce n’est pas la société qui a généré le criminel. Cette douce utopie a fait, et continue de faire, des ravages au sein de la magistrature biberonnée au lait de l’indulgence dès son entrée à l’École nationale de la magistrature. Sauf, bien entendu, pour certains déviants que notre société libérale avancée doit empêcher de nuire, surtout lorsqu’ils ne partagent pas la doxa officielle.
Mais nos prisons sont pleines, surchargées, prêtes à exploser. Leur population n’a plus rien à voir avec celle du XIXe siècle, ni même avec celle des années 70. Le profil des condamnés a changé, les causes de leurs condamnations aussi. Parfois écoles coraniques à ciel (presque) ouvert, elles sont un baril de poudre prêt à sauter à la moindre étincelle.
À l’époque de Christiane Taubira, il fallait les vider. Désormais, le discours est plus réaliste : « Toute peine doit avoir une double fonction : sanctionner et réinsérer. Les deux ne s’opposent pas mais ont au contraire un objectif commun : la protection des Français. » Globalement, on peut être d’accord, même si la fonction première de la prison n’est pas de réinsérer. Il faut y voir une concession à l’esprit du temps. D’accord, aussi, sur la mise en place de « dispositifs de prise en charge sur mesure, du plus sécurisé pour les plus dangereux, au plus allégé pour ceux présentant le moins de risque ».
Là où le bât blesse, c’est lorsque le parlementaire développe l’idée selon laquelle construire de nouveaux établissements n’est pas une solution. Certes, la dame concède que la dignité des détenus l’exige, ajoutant même qu’il est nécessaire de créer, pour les détenus les plus dangereux, des quartiers étanches et des structures sécurisées, mais elle passe à côté de l’essentiel, évoqué dans ces colonnes il y a quelques jours : l’isolement géographique des détenus islamistes, quel que soit le degré d’islamisation, dès lors qu’ils risquent de contaminer d’autres détenus dont le passage en prison équivaut à une formation à la radicalité.
Aucun détenu ne devrait être en contact avec ces individus, dont la peine devrait être exécutée dans un lieu isolé, inaccessible et hautement sécurisé. Acceptons de voir la réalité en face : ces gens sont hautement toxiques, notamment lorsqu’ils ont été condamnés pour des faits de terrorisme ou d’apologie du terrorisme. Les surveillants ne sont pas formés pour les affronter, et encore moins pour repérer chez leurs codétenus les signes d’une islamisation constitutive d’un danger potentiel à la sortie
Madame Braun-Pivet s’étend longuement sur l’aménagement des peines et la préparation à la sortie. Pourquoi pas. Mais, dans ce cas, franchissons allègrement une étape nécessaire et créons des structures de travail, avec encadrement renforcé, dans des conditions d’hygiène, de sécurité et de dignité adéquates qui non seulement seront utiles à la société mais encore éduqueront les détenus à un rythme de vie et d’activité dont certains n’ont pas idée.
Un pas vers le réalisme ? Certes. Mais les propos tenus portent encore la marque d’un angélisme pitoyable qui dissimule mal l’incapacité budgétaire de la France à faire face à la question. Et, à ce titre, la solution paraît encore lointaine.