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La Monarchie de Droit Divin, par P-P Blancher et Frédéric Winkler.

 « Car le Baptême de Clovis en 496 rattache notre histoire à l’univers des grands mythe de l’humanité. »                      

Paul Barba Négra

Une question assez récurrente nous est souvent posée lorsque l’on parle de royalisme. Quel type de Monarchie voulons-nous ? Absolue ? De Droit Divin ? Ou constitutionnelle ? Si nous répondons directement « constitutionnelle » alors c’est le soulagement pour l’interlocuteur qui se réfère directement à la Monarchie anglaise ou espagnole. Mais si on répond qu’elle sera par tradition de Droit divin, alors, dans un réflexe totalement pavlovien, les sourcils de notre interlocuteur se froncent et un profond sentiment de rejet instinctif se fait ressentir. L’interlocuteur rétorquera ensuite que la Monarchie de Droit Divin, n’a plus raison d’être, c’est un retour en arrière, personne à ce jour ne voudrait d’une telle Monarchie, c’est obsolète, cela donnerait une mauvaise image, c’est une cérémonie anachronique n’ayant plus sa place au XXIe siècle…etc.

Il est vrai qu’à l’heure actuelle, dans une France totalement déchristianisée, un tel réflexe peut se comprendre. Sachant d’autant plus que l’anticléricalisme des républiques successives depuis 1792,  y est pour beaucoup dans cette déchristianisation et le rejet du sacré.

Pourtant, au-delà de l’aspect purement religieux de la cérémonie du Sacre, ainsi que de l’irréligion de la grande majorité des français d’aujourd’hui, le Sacre offre une contrepartie plutôt avantageuse politiquement parlant.

Nous allons voir qu’au-delà des réflexes antireligieux que peuvent avoir certain à l’égard du Sacre, cette cérémonie religieuse exclusive aux Rois et Reines de France a surtout pour conséquence d’être un sérieux rempart aux dérives que l’on peut légitimement redouter de la part d’un souverain.

Pour mieux comprendre ce phénomène, prenons comme exemple, le cas de Bonchamps qui était un général vendéen durant les Guerres de Vendée. Le 17 octobre 1793, Bonchamps et ses hommes prirent part à la bataille de Cholet qui se terminera malheureusement par une défaite vendéenne. L’armée de Bonchamps se retira alors à Saint Florent le Vieil avec environ 5000 prisonniers républicains. Bonchamps était agonisant suite à ses blessures, il savait sa fin proche. Il apprit que ses hommes voulaient se venger des massacres orchestrés par les soldats républicains dans leurs villages, en les massacrant à leur tour. Faisant suite aux grâces de D’Elbée, des 400 prisonniers républicains relâchés après la bataille de Chemillé (11 avril 1793, le Pater de Mr D’Elbée), conscient qu’il allait comparaître devant le Créateur, Bonchamps ordonna sur le champ de gracier les 5000 prisonniers et de les libérer !

Les dernières volontés de Bonchamps furent bien évidemment respectées, et les prisonniers républicains furent libérés contre l’engagement de ne plus servir dans les armées républicaines. Cette attitude de la part de Bonchamps et des vendéens, fut telle que les révolutionnaires préférèrent jeter dans l’oubli cet épisode devenu totalement incompréhensible à leurs yeux, surtout depuis leur déchristianisation. Voilà ce qu’en disait le révolutionnaire Antoine Merlin de Thionville dans son rapport au Comité de Salut public : « Ce n’est pas révolutionnaire. Il faut donc ensevelir dans l’oubli cette malheureuse action. N’en parlez même pas à la Convention. Les Brigands n’ont pas le temps d’écrire ou de faire des journaux, cela s’oubliera comme tant d’autres choses » (« Les guerres de Vendée et de Bretagne 1790-1832 » – d’Eugène Veuillot (1847) p188)

Malheureusement pour lui, ça ne s’est pas oublié, fort heureusement !

Notons au passage que la République fera disparaître ses propres soldats, fraîchement revenus, ayant peur que ceux-ci ne révèlent l’humanisme des royalistes graciant et libérant ses prisonniers…

Cet exemple du Pardon de Bonchamps, montre à quel point la pression devient énorme quand des décisions doivent être prises en tant que chef, tout en ayant conscience qu’il faudra rendre des comptes au Créateur après la mort. Cela pousse à réfléchir et à ne pas faire n’importe quoi. On imagine ce qui se serait passé si Bonchamps avait été athée… Car un athée n’a pas cette problématique, expliquant ainsi la violence et la barbarie des régimes reposant sur l’athéisme comme le communisme… Cette idéologie totalisa près de 100 millions de morts en même pas un siècle d’existence. Nous ne cherchons pas non plus à associer l’athéisme avec une forme de barbarie qui en découlerait systématiquement. Loin de là, un athéisme reposant sur des valeurs chrétiennes et respectant les enseignements du Christ est parfaitement envisageable. Qui n’a jamais rencontré un athée ayant inconsciemment une éthique et un comportement plus chrétien qu’un catholique se disant pratiquant ?…

Mais dans l’exemple de Bonchamps cité précédemment, il est vrai qu’un athée se serait posé moins de questions et moins de remords à prendre les pires décisions, n’ayant pas de référence à Dieu, n’ayant aucun compte à rendre à qui que ce soit après sa mort…

Certes, la foi en Dieu n’a jamais empêché certains catholiques de mal se comporter et même de faire preuve de barbarie parfois. C’est vrai nous ne le nions pas ! Mais s’il fallait comparer toute la barbarie des 2000 ans de catholicisme avec les deux siècles d’idéologies anthropocentriques depuis 1789 à aujourd’hui, les catholiques ne font pas le poids…

Il en va de même pour un Roi. Son statut de Lieutenant du Christ sur terre est une très lourde responsabilité, car quoi qu’il fasse, il sait qu’en tant que croyant, après sa mort il sera jugé sévèrement sur ses actes par celui qui lui a confié son pouvoir sur terre. Le Roi Louis VI l’enseignait d’ailleurs à son fils, le futur Louis VII en ces termes : « Souvenez-vous, mon fils, & ayez toujours devant les yeux que l’autorité royale n’est qu’une procuration & charge publique, dont vous rendrez compte bien exact & rigoureux après la mort.» (« Monumentorum Ad Historiam Concilii Tridentini Potissimum …, » Volume 7, Numéro 1 – 1787 – p233)

Le Christ lui-même l’avait rappelé à Ponce Pilate. Lorsque ce dernier l’interrogeait et constatant que le Christ restait silencieux, il lui dit : « Est-ce à moi que tu ne parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et que j’ai le pouvoir de te relâcher ? » Jésus lui répondit : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. »

Jean 19:10

Certes, Pilate n’était pas à cette époque le Lieutenant de Dieu sur terre, il n’avait pas reçu les sacrements prévus à cet effet, loin de là. Mais ce que le Christ nous enseigne dans sa réponse, c’est que toutes personnes ayant acquis du pouvoir sur terre, le doivent avant tout de part Dieu. Et qu’en conséquence, toutes des personnes auront des comptes à rendre au Créateur qui les jugera d’autant plus sévèrement si elles en ont abusé injustement. Que l’on soit athée ou pas, le résultat reste le même ! N’oublions pas que Pilate était païen et que ces paroles s’adressaient à lui…

Alors imaginez si en plus d’avoir du pouvoir en tant que Roi, on vous donnait de surcroît le statut de Lieutenant du Christ sur Terre acquis après la cérémonie du Sacre ! Être un Roi de Droit Divin sous-entend en permanence au-dessus de soi, l’exemple à suivre d’un Roi éternel et supérieur, dont l’enseignement vise à guider les Rois mortels à la réalisation terrestre de la Jérusalem céleste.

« Ainsi le Roi devient la clef de voûte de l’édifice social, dont les pierres sont les corporations. Tous les corps de métiers ont collaborés à la réalisation du manteau et du trône pour affirmer leur œuvre commune sous la direction du Roi, pour incarner sur terre l’image de la Jérusalem céleste. »

Paul Barba Négra

De ce fait, un Roi de France ne peut avoir les pleins pouvoirs et ne peut en aucun cas dire qu’il n’y a rien au-dessus de lui, même si celui-ci est Roi absolu ! Permettons-nous une petite digression, le Roi Louis XIV si puissant était-il ne put jamais imposer ses volontés aux représentations des Provinces les refusant, alors qu’un Président, avec l’article 16, possède les pleins pouvoirs, lui permettant, comme en 62, de fusiller des officiers dans les fossés de Vincennes ! Et cela sans « Etat d’Ames » …

Car le pire serait justement d’avoir un Roi non croyant accédant au Trône sans cérémonie du Sacre. Pour ceux qui craignent que le statut de Lieutenant du Christ sur terre puisse pousser les Rois à se prendre pour Dieu, c’est au contraire l’inverse qui s’observe. Le statut de Lieutenant du Christ traduit justement la soumission des Rois au Christ-Roi. S’ajoutant à cela que se prendre pour Dieu dans la religion catholique, c’est commettre un sérieux blasphème, donc inenvisageable. Il n’y a que l’athéisme ou le paganisme qui peuvent susciter un risque de développer en soi un sentiment d’appartenance ou d’incarnation à un être supérieur au commun des mortels. Cela explique entre autres ce phénomène du culte de la personnalité des principaux chefs des régimes totalitaires du XXe siècle, anticatholiques de surcroît, bref le manque d’humilité par excellence… Cela explique aussi l’attitude d’un certain Mélenchon qui, dans sa logique puérile d’adepte des loges maçonniques n’a pas hésité à qualifier sa personne de sacrée du fait de son statut de parlementaire lors de sa perquisition en 2018… Pauvre république…

D’ailleurs, un de nos Rois s’est essayé à ce petit jeu-là malgré son Sacre à Reims. Il s’agit de Louis XIV ! Même s’il admettait qu’il n’était que le Lieutenant du Christ sur terre, l’influence pagano-romaine issue de la Renaissance, imprégna en lui une vision teintée d’une forme de déification de son statut de Roi, et se traduisant par son titre célèbre de « Roi-Soleil »… Et c’est malheureusement Louis XVI qui en fera ensuite les frais… Ce qui démontre bien la dangerosité pour une dynastie royale catholique de se prendre pour Dieu ! Si solaires soient-ils…

Avec Jeanne d’Arc, le Sacre prend une dimension qui va au-delà de la simple personne du Roi. Après sa victoire à la bataille d’Orléans, le projet d’aller reconquérir la Normandie avait été proposé par les capitaines de guerres qui l’entouraient. Jeanne s’y opposa, et voici comment elle le justifia : « Ce n’est pas en Normandie qu’il faut aller, c’est à Reims pour faire sacrer le roi ! Voulez-vous savoir la raison de cet avis ? La voici. Aussitôt que Charles VII sera couronné et sacré, la puissance de ses adversaires ira toujours en diminuant, et, finalement, ils ne pourront plus nuire ni à notre prince ni à son royaume.» La suite des événements montrera qu’elle avait vu juste.

Jeanne fit bien comprendre dans sa réponse que la cérémonie du Sacre n’a rien de folklorique. Le Sacre est avant tout une protection du Royaume de France par le Ciel. Le Journaliste contre-révolutionnaire Pierre Virion écrivait : « Le Royaume de France, en effet, n’appartient pas au roi ; cela est juridiquement vrai. Celui-ci ne le possède pas en propriété. Il a seulement un droit d’accession à la couronne par ordre successif de primogéniture. Le royaume est un bien de Dieu qui en possède le haut domaine, et c’est en conséquence de ce domaine suzerain, parce qu’il est le « Droicturier Seigneur », c’est-à-dire celui dont découlent tous les droits, qu’il en concède à Charles la Royauté. »

L’alliance entre le Trône des Lys avec celui du Ciel avait été brisée par le traité de Troyes signé le 21 mai 1420 faisant du Roi d’Angleterre le futur Roi de France après la mort de Charles VI ! Jeanne renoua donc cette alliance sacrée le 21 juin 1429 à Saint Benoît-sur-Loire. Cet acte notarié s’appelle la Triple Donation :

Voici comment elle s’est déroulée : Le 21 juin 1429, à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, Jehanne dit à Charles : «Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ?» Le Roi hésite, puis consent. «Sire, donnez-moi votre royaume». Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille : «Jehanne, lui répondit-il, je vous donne mon royaume». (1ére donation) Ainsi, en vertu de cet acte, Jeanne a été quelques instants seulement sans doute, mais très réellement Reine de France. Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi ; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu’il avait fait : «Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien». Puis aussitôt après, très grave et s’adressant aux secrétaires : «Écrivez, dit-elle : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ» (2éme donation). Puis s’adressant à tous les assistants : « A présent, c’est Jésus-Christ qui parle : Moi, seigneur éternel, je donne la France au roi Charles ». (3ème donation)

Cette Triple Donation annula littéralement le Traité de Troyes plus que ne le fera le Sacre de Charles VII le mois suivant à Reims. Elle avait aussi pour objectif de rappeler que le vrai Roi de France, c’est le Christ lui-même, le Christ Roi de France. Nos Rois depuis Clovis ne sont que ses Lieutenants. Jeanne, dont le village natal a pour nom Domrémy, en référence justement à Saint Rémi dont il est consacré, avait bel et bien pour mission de rappeler la vocation divine de la France en plus de la sauver. Le comte de Chambord ira aussi dans le sens de la Triple Donation lorsqu’il déclara à Albert de Mun le 20 novembre 1878 : « Il faut pour que la France soit sauvée, que Dieu y rentre en maître pour que j’y puisse régner en roi. »

C’est d’abord Dieu, le Christ-Roi et ensuite le Roi son Lieutenant. On ne peut œuvrer efficacement au retour de la Monarchie en France si on ne prend pas en considération sa dimension religieuse. Voilà pourquoi bien des mouvements royalistes sont restés totalement inefficaces, car ils eurent souvent cette fâcheuse tendance à considérer le Royaume de France qu’en fonction de ce que leur orgueil leur dictait ! Avec le vieux maître agnostique de Martigues, la Monarchie n’avait qu’une dimension purement politique et institutionnelle. La religion n’avait pour lui qu’un rôle purement politique dans la gestion de l’ordre dans la société. Au sujet du Droit Divin il écrivait : «À d’autres le vieux droit divin, solennelle sottise des courtisans inintelligents du passé !» – (Charles Maurras – Le Soleil du 1er juillet 1900 : cité dans la Revue, du 1er septembre 1900.)

On aurait pu s’attendre à mieux de la part d’un royaliste… Mais sachant qu’il était agnostique rien d’étonnant. Au fil du temps, il rentrera plus dans les détails en expliquant ce que signifiait clairement pour lui cette notion de Droit Divin. Dans l’AF du 26 janvier 1942, il exposa ce que signifiait pour lui le Droit Divin : « Tous les droits sont divins. L’autorité politique du roi de France était divine comme celle du père, comme celle de la mère, comme celle du propriétaire, comme celle du locataire, de n’importe quel détenteur de n’importe quel pouvoir légitime. » – (Charles Maurras – AF 26 janvier 1942)

En sommes, pour lui, il suffit juste d’avoir un tant soit peu un minimum d’autorité ou de pouvoir légitime, et c’est bon ! On se demande vraiment pourquoi pendant des siècles nos Rois se sont pris la tête à pratiquer cette cérémonie du Sacre, au regard de cette définition grotesque de Maurras. En 1924 un collaborateur du journal s’était exprimé également sur le sujet dans la lignée de Maurras, il écrivait :

« On est patron, de droit divin, ou monarque, de droit divin, comme on est chef de famille par droit divin, autrement dit par droit naturel. […] « Monarchie de droit divin » est synonyme de « royauté établie par la nature des choses »… (René Brécy – AF 11 février 1924)

Avec cette définition positiviste qui coïncide parfaitement à la pensée maurrassienne, on tombe carrément dans le naturalisme avec cette fois-ci une « royauté établie par la nature des choses ». Les 1300 ans de Monarchie française, nous les devons seulement de par la nature des choses !!! On est très loin de l’esprit de Jeanne d’Arc…

Comment s’étonner avec de tels propos de l’échec de l’Action française à rétablir la Monarchie en France… Un corps ne vit pas sans âme, alors comment espérer faire revivre un Royaume sans se préoccuper également de son âme ? Politique d’abord ! Disait le vieux maître ! Oui, il est vrai que ce sont les conditions politiques qui permettront l’épanouissement et le soutien de la religion… Mais ce politique d’abord ne devrait-il pas se faire en Nom Dieu ??

La cathédrale de Reims est le symbole par excellence de la naissance et de l’âme de la civilisation française. Nos ennemis l’ont toujours très bien compris. C’est pour cela qu’en 1793, le révolutionnaire protestant Philippe Rühl détruisit la Sainte Ampoule devant la statue de Louis XV, et envoya les débris à la Convention à Paris. Geste certes symbolique mais qui n’a pas pour autant désacralisé l’Ampoule en question. Ce que Paul Barba Négra rappela :

« Le 7 octobre 1793, le révolutionnaire Philippe Rühl, en s’attaquant au fondement sacré du pouvoir royal n’a brisé sur les marches de la statue de Louis XV, place Royale, que l’objet, sans comprendre que la mémoire de l’arbre de Jessé présente dans l’huile Sainte ne pouvait être effacé. »

On devine très certainement qu’aux yeux de ce Philippe Rhül, la cérémonie du Sacre ne devait être qu’une solennelle sottise de courtisans inintelligents du passé…

Ça sera ensuite au tour des Allemands de s’attaquer à la cathédrale des Sacres. Le 19 septembre 1914, ils entreprirent le bombardement méthodique de la ville de Reims, mais aussi de sa Cathédrale. Cette attitude de la part de l’Armée Allemande suscita bien des indignations chez beaucoup de personnalités françaises. Entre autre Maurice Barrès qui, dans L’Echo de Paris écrivait : « Ils s’acharnent à cette minute sur le lieu où de barbares nous fûmes nommés Français, où nous fûmes sacrés comme les héritiers légitimes des antiques civilisations. Ils veulent nous atteindre à notre source même et nous frapper symboliquement dans notre racine ». (Maurice Barrès – L’Echo de Paris – 21 septembre 1914)

Oui, Maurice Barrès a raison, même si c’est Paris la Capitale de la France, c’est bel et bien à Reims que son cœur bat !

Le tout dernier sacre de notre histoire date de 1825. Il s’agit du sacre de Charles X. Nous passerons outre la parodie de sacre du petit corse avorton de la révolution dans la cathédrale Notre Dame de Paris… Avant Charles X, Louis XVIII n’avait pas était sacré à Reims suite à des problèmes de santé. Dans la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, on pouvait y lire dans l’Article 74 : Le Roi et ses successeurs jureront, dans la solennité de leur sacre, d’observer fidèlement la présente Charte constitutionnelle. Le sacre était donc bien mentionné, mais cette charte fut également la faiblesse du renouveau monarchique en ce début du XIXe siècle. Pierre-Henri Caron dans son « L’état contre l’esprit » écrivait : « C’est à la Restauration que la France doit l’institution du parlementarisme. D’où l’aveu du secrétaire du Grand Orient Bazot : « Louis XVIII nous a donné la Charte. C’est le gouvernement constitutionnel. Ce principe nous protège. » Et Thiers déclarera dans un discours prononcé devant le corps législatif en 1873 : « La constitution de 1814 est sortie des entrailles mêmes de la révolution. » » (L’Etat contre l’Esprit de Pierre-Henri Caron – Ed. NEL –  p46)

Chateaubriand avait quant à lui exprimé une vision plus positive de cette Charte : « C’est cette constitution que les successeurs de Louis XVIII devront désormais jurer de maintenir dans la solennité de leur sacre en ajoutant ce serment de la monarchie nouvelle au serment de l’ancienne monarchie. Ainsi Charles X, après avoir reçu le complément de sa puissance des mains de la Religion, paraîtra plus auguste encore en sortant, consacré par l’onction sainte, des fontaines où fut régénéré Clovis. » (« Le roi est mort, vive le roi ! » par M. le Vte de Chateaubriand – p39)

Mais après l’abdication de Charles X en 1830, il n’y eu plus de sacre. Le Roi qui lui succéda en la personne de Louis-Philippe d’Orléans se qualifia de « Roi des français ». La Monarchie de la Restauration avait cruellement perdu de sa force. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même avec Louis-Philippe d’Orléans… On peut donc en effet se demander si cette Charte de 1814 fut réellement bénéfique ??

Au-delà du fait religieux, les monarchies « restaurées » après la Révolution, ne comprirent pas l’essentiel d’une continuité fructueuse par la restauration essentielle des corps intermédiaires : métiers corporatifs, autonomie des provinces… Le retour du principe de subsidiarité permet la pérennisation du trône par l’appui d’un réel pouvoir « citoyen » (sens Grec) et populaire décisionnaire. Pour simplifier renouer l’alliance du peuple et du Roi : « Peuple et Roi, sont de droits divin » disait Marcel Jullian, ancien patron d’Antenne 2.

Néanmoins, près de deux siècles après, la tradition française impose toujours qu’un Roi de France soit sacré à Reims et devienne de facto le lieutenant du Christ-Roi, et ce malgré la déchristianisation considérable opérée par les républiques successives. Ceux pour qui cette cérémonie dérange, dites-vous bien qu’il s’agit avant tout d’une cérémonie religieuse au même titre que le baptême, le mariage ou la communion. Cela ne regarde que Dieu et le Roi, et personne d’autre. Cela n’empêchera personne de vivre sa vie paisiblement, il n’en ressort aucune conséquence dans la vie quotidienne des français, si ce n’est ce que nous avons expliqué précédemment. A savoir un Roi responsable devant son peuple et devant Dieu, avec pour mission la grandeur de son Royaume, dans la lignée dans enseignements du Christ. Que l’on soit athée, musulman, juif, bouddhiste ou autre, le Roi sera et se doit d’être le protecteur de son peuple, dès lors que toutes les communautés respectent les Lois et traditions du Royaume. Et pour ce qui est de l’image qu’aura cette Monarchie future aux yeux du monde entier, ça sera celle de la France éternelle, celle qui n’aurait jamais cessé d’être ! Et pour ceux qui n’en auront pas une image favorable, nous les inviterons à considérer leur propre civilisation qui comme nous le devinons amplement, doit être irréprochable…

Notre jour viendra !

P-P Blancher – Frédéric Winkler

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