Le confinement de la colère française ne la fera pas disparaître. Il est certes facile de critiquer le gouvernement et d’aligner les “yaka” et les “faukon” dans ses charentaises. Je reconnais la difficulté pour un pouvoir d’avoir à gérer une épidémie jusqu’alors inconnue. Le peuple lui-même a aussi, forcément, sa part dans ce monde atteint par la médiocrité et la confusion intellectuelle. Il n’empêche : la macronie n’a pas son pareil pour accumuler les mensonges, les jactances et les fièvres despotiques. Quand le préfet de police de Paris, Didier Lallement, dérape vendredi en assurant (avant de s’en excuser) que les patients atteints du Covid-19 et en réanimation auraient dû respecter le confinement, sa posture martiale et casquettée relève d’une fanfaronnade de petit pion.
Quand, le même jour, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, touitte que le gouvernement réunit les plateformes numériques “pour lutter contre les fausses informations et les contenus haineux” et dit vouloir promouvoir “la bonne information“, elle confirme l’incapacité du pouvoir à mesurer ses propres fautes. Car c’est bien le gouvernement, et Sibeth Ndiaye en tête, qui ont abusé les gens en assurant, avant de se dédire, que les frontières nationales ne servaient à rien pour réduire l’épidémie, pas plus que les masques de protection ou les tests de dépistage. Comment prétendre porter une “information fiable” (Adrien Taquet, ministre LREM) après avoir trompé l’opinion à ce point ? Entendre Emmanuel Macron, le 31 mars, traiter d’ “irresponsables” ceux qui le critiquent laisse voir ce qu’est cette “macrocrature“, souvent dénoncée ici, qui déshonore la démocratie. Comment ne pas être gagné par l’indignation ?
La grande mascarade s’accroche aux basques de Macron. Plus que jamais, la remarque du moraliste colombien Nicolas Gomez Davila résume l’effondrement contemporain : “Toute époque finit en mascarade” (1). L’ironie du fiasco de la théâtrocratie macronienne tient à ses palinodies à propos de l’utilité… des masques. Si le sujet n’était tragique depuis que la ville italienne de Bergame a été la première touchée, il faudrait relire Verlaine (Les Fêtes galantes) : “Votre âme est un paysage choisi que vont charmant masques et bergamasques (…)“. Après avoir écouté le professeur Jérôme Salomon assurer à plusieurs reprises, dans ses glaçants points de presse quasi-quotidiens, que les masques ne servaient à rien pour les usagers de la rue, le voici qui déclare désormais : “Peut-être qu’un jour nous proposerons à tout le monde de porter une protection“.
Quand il sera trop tard ? Après avoir assuré que les tests n’étaient pas utiles pour tout le monde, le ministère de la Santé vient de permettre, pour ce lundi, à des laboratoires non hospitaliers (y compris vétérinaires) de les pratiquer enfin. Mais pourquoi cette perte de temps! Dans Le Figaro de ce lundi, trois grands noms de la médecine recommandent d’appliquer contre le Covid-19 la méthode du professeur marseillais Didier Raoult, qui se heurte encore à des obstacles administratifs et à des querelles de chapelle perpétuées par l’indécision des pouvoirs publics. Et tandis que la France sanitaire s’écroule, la terreur islamiste poursuit parallèlement son œuvre. Cette fois, c’est à Roman-sur-Isère qu’un réfugié soudanais hurlant : Allah Akbar ! a égorgé au couteau, samedi, Thierry et Julien. Gare à l’effet cocotte-minute de la France confinée !
(1) Réflexion qui a inspiré le titre de mon livre : Macron, la grande mascarade (L’Artilleur, 2017), réédité depuis sous le titre : Macron, de la grande mascarade… aux gilets jaunes (L’Artilleur, 2019)
Ivan Rioufol
Texte daté du 6 avril 2020 et repris du blog d’Ivan Rioufol
https://fr.novopress.info/217341/france-confinee-gare-a-leffet-cocotte-minute-par-ivan-rioufol/