Bernard Plouvier
À l’heure du « déconfinement », à peu près partout dans l’hémisphère Nord, il paraît évident que, comparé au bilan d’une pandémie grippale, le Covid-19 a globalement peu tué et de façon très naturelle – la mort touchant préférentiellement les sujets âgés ou aux faibles défenses immunitaires.
Cette pandémie n’a, pour l’instant, touché massivement que l’hémisphère Nord. La « seconde vague » sera celle de l’hémisphère Sud, durant notre été & notre automne, soit leur hiver et leur printemps, ce qui est logique pour une virose respiratoire épidémique, maladie de régions froides et humides... de ce fait, il est fort peu probable qu’elle touche fortement les zones équatoriales. Il est inutile d’y envoyer du matériel dont nous manquons cruellement en France !
Autre évidence : on ne peut accepter les statistiques de cas répertoriés et de mortalité des pays dictatoriaux, comme la Chine & la Corée du Nord, ni des pays qui en sont restés aux approximations de l’ère prés-scientifique. On ne peut pas non plus accepter les statistiques russes, turques ou iraniennes qui ne sont que de la pure propagande.
En revanche, dans les pays où les statistiques épidémiologiques sont à peu près véridiques, l’on peut juger de l’efficacité des services de santé grâce au ratio Morts/Cas répertoriés. Et, sur ce point, l’inefficacité française est effarante,
Du fait des trucages statistiques d’un certain nombre de pays, la mortalité globale, aux alentours de 7% des cas répertoriés, ne doit être acceptée qu’avec beaucoup de réserves, même si les politiciens de l’OMS pousseront des cris de victoire... comme ils l’ont fait à propos de « l’éradication de la variole », alors que chaque année quelques équipes médicales en signalent plusieurs cas, en des articles de la presse médicale curieusement non repris par les media.
Au hit-parade de l’efficacité pour cette pandémie, l’on doit féliciter l’Allemagne (4,4% de mortalité), la Suisse (6%, mais dans un pays assez peu touché) et les USA (6%, dans le pays le plus touché par la pandémie).
L’Espagne et l’Italie, très fortement touchées, s’en tirent un peu plus honorablement que nous : 11,84% de ratio morts/cas répertoriés en Espagne, 13,9% en Italie. Ce n’est pas glorieux, mais c’est mieux que la France.
La Suède, dont le gouvernement a été fort critiqué pour avoir refusé le confinement – d’où une absence de récession économique -, s’en sort mieux que la France : 12% de ratio morts/cas répertoriés, contre 14,9% pour notre pays, dont l’économie a été accablée par deux mois de mise en sommeil.
On se moque de savoir si les Français ont bien ou mal vécu leur confinement. Ils doivent comprendre que l’heure est venue de travailler beaucoup pour rattraper deux mois d’absurdité... à quoi bon avoir déclenché une crise économique majeure, si l’on arrive 2e au hit-parade de l’inefficacité en matière de santé publique.
Notre bilan sanitaire consterne tous ceux qui ont connu les années 1970-2000, où la médecine française, hospitalière et de ville, était de grande valeur, compte-tenu, bien sûr, des possibilités de l’époque.
La disponibilité des médecins était grande et la seule notion de rentabilité que l’on considérait alors comme digne d’être retenue était non pas de nature financière, mais d’ordre technique, tenant en une proposition : empêcher les patients de mourir prématurément.
La logique comptable des administratifs et des politiciens a conduit à perdre « la guerre du Covid ». C’est encore une « guerre » perdue par la France, du moins si l’on accepte la terminologie grotesque d’Emmanuel Macron.
En réalité, il ne s’est nullement agi d’un état de guerre - dans lequel, ce sont des jeunes hommes qui sont préférentiellement exposés -, mais d’un défi sanitaire que seuls pouvaient relever les pays où le secteur hospitalier était dirigé, non par des politiciens et des agents administratifs totalement incompétents, mais par d’authentiques professionnels, impliqués dans la pratique des soins.
Plus que jamais, politicard rime avec toquard. Si l’on veut rendre son efficacité au système de santé français en cas de catastrophe de masse, il faut dégager l’hôpital, public et privé, de la tyrannie des petits maîtres administratifs et rendre aux seuls médecins le pouvoir de décision, tant pour ce qui est de la planification que de la gestion technique des soins.