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Un juin 1940 sanitaire

6a00d8341c715453ef0263e86215ed200d-320wiAvec le commencement du déconfinement ce 11 mai, si mesuré soit-il, s'annonce aussi celui, prévisible, des réquisitoires et des recours citoyens. Nous le rappelions le 2 avril : "C'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens". [1]

Avant même le début de la demi-libération de ce qui aura été ressenti par beaucoup, à tort ou à raison, comme une quasi-captivité, les indignations, tant prônées par le gauchiste Stéphane Hessel dans son misérable pamphlet de 2010, se font jour.

Déjà ce 10 mai, en consultant simplement le seul site du Monde, on pouvait découvrir que :

  • le "plan de déconfinement [a été adopté] sous la pression de l’opinion[2]
  • des "députés macronistes dissidents envisagent de créer un nouveau groupe à l’Assemblée nationale[3]
  • "plusieurs familles[de résidents des Ehpad] ont déjà porté plainte" étant donnée la proportion importante représentée par les décès survenus dans les maisons de retraite, "où tests et masques ont manqué, particulièrement au début de l’épidémie.[4]

Bientôt, les voix protestataires couvriront sans doute, aussi bien de leur cacophonie que de certaines justes raisons, la communication de plus en plus inaudible de la grotesque et cynique Sibeth Ndiaye, et de quelques autres.

Les professionnels de la pêche en eaux troubles s'activent, de leur côté, à envenimer le climat.

  • la CGT, de la manière caricaturale qu'on lui connaît, annonce des grèves, parvenant même par exemple à empêcher la réouverture de Renault à Sandouville ;
  • dans l'éducation nationale, la FSU, issue de la même mouvance communiste, monte systématiquement au créneau de la critique systématique de la réouverture des écoles, pourtant conçue dans une conception égalitaire, afin d'aider les élèves et les familles les plus défavorisées ;
  • certains craignent déjà la violence. On sait en effet que le service central du renseignement territorial redoute depuis avril une radicalisation de la contestation sociale [5].

Le 18 avril Éric Ciotti, dans un article du Journal du Dimanche, avait développé l'idée que "la plus grande dictature du monde devra rendre des comptes". Au nom de l'opposition de droite, pourtant, il ne faisait en cela que mettre un point d'emphase au propos du chef de l'État, demandant des réponses au régime communiste chinois. Car sur ce terrain, il semble bien que toute personne censée s'accorde.

Quelques jours plus tard, le 28 avril, le même Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, s'exprimait à la tribune du Palais-Bourbon. Il franchissait alors un cran supplémentaire dans la critique des responsabilités franco-françaises.

Il employait en effet l'image cruelle mais juste d'un "juin 1940 sanitaire".

À de nombreux égards cette expression radicale nous paraît pertinente.

Elle correspond, au-delà des simples carences et des contre-performances, à la réalité de l'effondrement de la confiance illimité dans la puissance de l'État. Car, si une partie des partisans idéologues et autres dupes de la gauche réclament, depuis le début de la crise, encore plus d'étatisme, ce qu'ils souhaitent depuis toujours, beaucoup d'éléments permettent de penser que les Français réels, dans leur majorité, n'en éprouveront pas d'enthousiasme. Les sondages montrent ainsi un écart considérable entre les appréciations de l'action de leur État respectif par les citoyens des grands pays européens.

Après des années, des décennies, de la rengaine du meilleur système public de santé du monde, 62 % des Français paraissent aujourd'hui convaincus du contraire, car cet État si coûteux a lamentablement cafouillé.

Pour introduire le parallèle avec le désastre de 1940, rappelons que le système de défense de l'Hexagone passait pour excellent avant 1939. "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts" disait Daladier. Staline lui-même a été déçu, s'étant allié avec Hitler dans le but d'un conflit durable à l'ouest de l'Europe.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme, dans Le Monde daté du 4 mai, posent le problème de ce qu'ils appellent, eux aussi, le "désarmement" sanitaire de la France dans les termes suivants : "en ce début d’année 2020, lorsque le coronavirus déferle sur le pays, les pouvoirs publics sont totalement pris de court et rapidement débordés : manque de lits de réanimation, absence de tests, pénurie d’équipements de protection et notamment de masques, sans compter les multiples tergiversations sur la stratégie à adopter… L’État s’est tout simplement désarmé."[6]

C’est ce que les citoyens et les contribuables devront explorer de manière urgente dans la période qui s'ouvre ce 11 mai.

JG Malliarakis

Apostilles

[1] cf. L'Insolent du 2 avril "Avant la fin du bal""
[2] cf. article "En France, un plan de déconfinement sous la pression de l’opinion"
[3] cf. article "Des députés macronistes dissidents envisagent de créer un nouveau groupe à l’Assemblée nationale"
[4] cf. article "Coronavirus : les résidents d’Ehpad représentent la moitié des décès comptabilisés en France"
[5] cf. article "Confinement : pourquoi le jour d’après inquiète les services de renseignement" publié le 11 avril dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.
[6] cf. article "La France et les épidémies : 2005-2007, le temps de l’armement"

https://www.insolent.fr/2020/05/un-juin-1940-sanitaire.html

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