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Dégénérescence d'une République régénératrice seconde partie

Oublions la presse féminine qui atteint, elle aussi, des records de tirage (et des records de sottise : je préfère me taire…), pour m'arrêter à la presse destinées aux jeunes filles, la mini bimbo, la meuf, la nymphette un tantinet portée à l'hystérie, apprentie commère, dont la cervelle tient dans l'épaisseur de son string : ce n'est même pas un cache-sexe, c'est un cache-cervelle. On les reconnaît au premier rayon de soleil, le nombril à l'air, la dégaine mi-trash, mi-sexy avec leurs airs innocents d'aguicheuses promises à l'enrichissement des "psy" - si la vie, entre temps, ne leur a pas réservé de plus sombres et amères désillusions. Les plus dévergondées pourront toujours se reconvertir à la télévision ou dans le skowbiz, milieux surabondamment peuplés de dépravés. Là, vous rajoutez un à deux millions d'exemplaires. Quelques échantillons en disent long sur le mental des parents qui achètent ou laissent leurs filles acheter ce genre de serviettes hygiéniques sur papier glacé : Star Club, Fan 2, Girls !, Starac Mag, 20 ans, Miss Star Club, Hit Machine Club, Muteen, etc. Presse torchonneuse dont la veine générale peut se résumer ainsi : comment devenir une salope tout en étant riche, célèbre, enviée, passer à la télé et voir sa photo en couverture.

En ce mois de juin, à la veille des vacances et du jour de musique, il ne faut pas laisser les "esprits" s'égarer, vagabonder, aller librement leur cours. Il faut les capter, les captiver, saisir leur attention, les distraire , il ne faut pas leur laisser une minute, des fois qu'ils se mettent à réfléchir et qu'ils découvrent l'imposture de l'Empire de Ténèbres. Il faut les amuser que la fête soit permanente, que l'extase du bonheur transfigure leurs faces blêmes de digesteurs programmés pour consommer. Du pain et des jeux, le mot d'ordre est toujours d'actualité deux mille ans après, avec la techno en plus. La saison des championnats d'hiver tous sports confondus, à peine terminée, ils auront droit, sur une période restreinte mais riche en exploits, au tennis avec Roland Garros et Wimbledon, puis les 24 heures du Mans, la Formule 1, le Tour de France, sans compter les innombrables championnats d'été, l'athlétisme, la natation, le tennis et autres. Après la musique, ils auront réussi à me faire haïr le sport. Surtout ne jamais les frustrer de plaisir ni les laisser dans l'insatisfaction... La firme Michelin a failli l'apprendre à ses dépens. Pour une histoire de problèmes techniques survenus sur une série de pneus, le manufacturier avait demandé aux écuries engagées de se retirer lors d'une compétition. Il avançait le risque de mettre en danger la vie des pilotes. Comme Michelin équipait les deux tiers du plateau, la course s'est déroulée entre une poignée de concurrents. Il aurait fallu féliciter la firme pour son courage commercial et son honnêteté; sa décision a déclenché la fureur des aficionados ceux d’lndianapolis, on peut comprendre, ils avaient payé mais en France, la Télévision n'a pas jugé utile de retransmettre la compétition, et ce fut un tollé général contre le manufacturier clermontois : « Tu nous as frustrés de notre plaisir Bibendum ! Crève, Bibendum ! ».

Je passe sur la Fête du Cinéma. On se demande d'ailleurs pourquoi une fête de la musique et du cinéma, puisque l'un et l'autre impliquent la fête par définition. La musique, le cinéma, c'est la fête en soi. Il ne manque, pour compléter le tableau, que la fête de la fête il se trouvera bien un successeur à Djack pour la décréter officiellement.

Le paysage ne serait pas ce qu'il est sans la désormais incontournable gay pride ou ce qu'ils appellent « fierté homosexuelle », défilé de ce que peut être la dégénérescence de l'humanité portée à son comble. Trouver de la fierté à être homosexuel, cela revient à mettre sa fierté et sa dignité au niveau de son trou de balle. Centre d'intérêt logique où se résume l'existence misérable du pédéraste affranchi. Car, on le sait, l'homosexualité est une infirmité psychophysiologique, que des professionnels de la provocation ont transformée en thème de revendication sociale; ceux qui en souffrent vraiment ne vivent pas leur handicap comme une fierté; ils ne se reconnaissent pas dans ce carnaval obscène.

C'est aussi la période des rave party ou Technival. Quand il s'agit de démolir la jeunesse française, l'Empire des Ténèbres ne fait pas dans le détail ni dans le subtil, il met le paquet réquisition de terrains agricoles, destruction obligatoire des cultures, déplacement de 1 000 gendarmes pour encadrer la grosse techno vers où convergent toutes les déglingues de France, de Navarre et d'ailleurs pour se shooter de décibels, de drogue, de bibine, jusqu'à l'abrutissement et l'épuisement complets. Un cadavre ponctue de temps en temps ces joyeuses festivités encore un, une jeune femme, le lundi de Pâques (!) dans le Morbihan profond, sans compter la prise en charge par les services médicaux qu'on ne voit pas, sans compter l'usure précoce de ces jeunes vieux que la collectivité prendra en charge à 100 %, qu'ils soient drogués, alcooliques, malades du sida, prématurément atteints de surdité. Sans compter les blacks, les beurs, qui lancent de temps en temps un raid chez les bolos, histoire de cramer quelques bagnoles et d'exploser quelques vitrines pour chauffer l'ambiance. Le spectacle continue… Vivent les vacances, vivent les festivals.

On ne s'ennuie pas à l'ère des congepés; tout est prévu pour que les gens n'aient pas une minute à eux, pour qu'ils ne puissent à aucun moment trouver la paix intérieure propice à la concentration et à la méditation. Avec la période des migrations estivales, qui déplacent en masse la France d'en bas et d'en haut vers les bronze-culs surpeuplés du littoral, fleurissent jusque dans la plus petite commune les festivals où se mêlent le meilleur et le pire du festival des nains de jardin aux rencontres internationales du boudin et de la châtaigne, du très huppé festival d'Aix-en-Provence aux Chorégies d'Orange, l'ancêtre des festivals, sans oublier Avignon dont je n'ai jamais très bien compris dans quel sens il va, s'il a un sens ou un contresens, et quel sens il convient de donner au contresens; en tout cas, cela permet à nombre d'esthètes institutionnels, dotés comme des femmes entretenues par le gentil contribuable, de se pavaner agréablement dans le Sud, en attendant de passer l'hiver à occuper leur existence de dilettante à Paris, toujours aux frais de la Princesse France , et cela suffit à vous remplir une vie d'oisif patenté. Occuper l'esprit ! Quelqu'un a dit que la culture; c'est ce qui reste quand on a tout oublié; je me permettrai de rectifier : c'est ce qui reste quand on n'a rien appris.

Puis, à la rentrée, la télé reprend son cours normal, ses droits si je puis dire, c'est-à-dire son activité incessante de broyage des cerveaux, de destruction psychologique des êtres : célébration de la décérébration; elle va mâcher triturer, mouliner les restes de conscience que les vacances n'avaient pas encore dissous dans la torpeur de l'été, pour achever le cycle et remettre sur les rails les esprits embrumés non encore normalisés qui auraient pu s'affranchir de son pouvoir de sidération, s'égayer, respirer à l'air libre.

Cette période de relâchement estival fait peur aux manipulateurs de l'Empire : les gens sont livrés à eux-mêmes; ils pourraient se mettre à réfléchir, ouvrir leur conscience, exercer leur capacité de réflexion et envoyer tout promener. Avec la téléréalité ou l'équivalent, pas de danger son ou ses héros du jour ramènent l'esprit à son étiage le plus bas il suffit de mettre en scène un inconnu tiré de la masse, qui vient piteusement exposer, devant un public de voyeurs mus par leurs pulsions morbides, le vide métaphysique de sa pauvre existence de paria du quotidien, ou les plaies de son âme infectée de toutes les purulences de la société; il fera exploser l'audimat. Et l'audimat, instrument de la tyrannie du nombre, donc du fric, décide de la fuite en avant dans l'immonde, une fuite qui ressemble à s'y méprendre à une descente aux enfers.

Vous allez me trouver bien vindicatif, caricatural, désagréable, pessimiste... Dire que je manque singulièrement de charité chrétienne et vous aurez raison. C'est vrai, je le reconnais humblement, je fais du mauvais esprit : mais je ne peux m'en empêcher. Rien de mieux pour se décalaminer les neurones face à l'étourdissante agression d'abrutissement programmé et systématique que subit, comme une insulte permanente à sa dignité, l'être humain assailli par la modernité. On se défend comme on peut, avec les moyens dont on dispose. Après tout, les commères, qu'elles soient de luxe ou le tout-venant, peuvent se révéler aussi de bonnes mères, de bonnes épouses, parfois meilleures que bien des intellectuelles qui connaissent tout, savent tout, sauf l'essentiel qu'il ne suffit pas de se croire l'égale de l'homme pour être une femme, encore faut-il assumer son destin; et puis elles ne sont pas responsables, même électrices, d'une société qu'elles n'ont pas choisie et qu'on leur impose malgré elles, parce qu'elle ne savent pas. Tout le drame est là. Car le but, sous prétexte de liberté d'expression, est bien d'imposer un style de société, non pas en essayant d'élever le niveau intellectuel - je ne me place pas sur un plan culturel être intellectuel, cela ne signifie rien, surtout pas être intelligent -, de tirer la société vers le haut, vers l'expression de valeurs moralement gratifiantes qui transcendent la nature et apportent une meilleure compréhension de la réalité humaine. Au lieu de cela, on vise au-dessous de la ceinture, on exploite les bas instincts, on tente, non sans quelque succès, de transformer les humains en larves estampillées républicaines, tout juste bonnes à se gaver de produits de consommation et à produire de la valeur ajoutée pour consommer encore et toujours…

Afin d'être complet dans l'examen rapide et quelque peu caustique de ce processus de dégénérescence, il ne suffit pas de maintenir les humains dans une situation alternative endémique de production consommation pour aliéner les populations; il ne suffit pas de s'attaquer à leur esprit pour les transformer en zombis mongoloïdes; il faut encore accélérer et compléter le processus en s'attaquant à leur équilibre physiologique, en dégradant leur être physique par l'action conjointe des nourritures dénaturées et des médicaments iatrogènes, mais aussi par l'action de la polution et le stress d'un univers productiviste sans limitation; il convient de les soumettre à l'esclavagisme du produit. Il existe des tas de gens qui passent leur vie à créer des besoins nouveaux totalement inutiles pour piéger leurs contemporains et les plier à la dictature de la nouveauté. Il s'agit de les faire entrer dans un univers artificiel où ils ne disposeront même plus de leur corps ni de leur santé - ne parlons pas de l'âme -, pas plus qu'ils ne disposent de leur esprit un univers composé d'êtres indifférenciés, déshumanisés, sans racines, sans identité, où ils seront définitivement à la merci des grosses mafias anonymes qui dirigent le monde, et sous leur contrôle absolu. Là aussi, tout est en place pour transformer les peuples, d'un bout à l'autre de la Terre, en une masse d'humanoïdes abâtardis, une collection larvaire d'individus dégénérés résumée à la seule satisfaction de leurs instincts primaires. Il suffit d'écouter les radios et les télévisions pour se convaincre de l'extraordinaire travail de sape et de défonçage cérébral qui vise à détruire l'être humain, l'avilir, l'humilier le sou mettre, en attaquant son esprit, son corps, son identité, afin de le dépersonnaliser totalement et de mieux agir psychologiquement sur lui.

Tout cela, évidemment, au nom sacré de la Liberté, mot magique dont pas un pékin doté du pouvoir de voter n'a compris le véritable sens. Tel est l'objectif de l'Empire des Ténèbres : il n'est pas loin de triompher.

Jean-Louis OMER. Écrits de Paris 732 Juin 2010

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