Changement de style. En passant de Sibeth Ndiaye à Gabriel Attal la communication gouvernementale a sans doute gagné en apparence de sérieux. Pas sûr cependant qu'à long terme elle accroisse la popularité présidentielle. Un lecteur du Monde, ancien adhérent du parti socialiste de François Hollande, cela conforte la gauche caviar et la branchitude parisienne, mais cela ne représente pas plus le peuple français qu'une militante de l'UNEF.
Or, ce 21 juillet, Attal présentait à la masse du grand public, sur les antennes de RTL, l'accord conclu à Bruxelles, comme une grande victoire de l'Europe sur elle-même, autour d'un chiffrage certes colossal, sur le papier, du plan de dépenses à hauteur de 750 milliards d'euros. Il sera, s'il est agréé par les 27 parlements nationaux, financé par un emprunt solidairement souscrit par les 27 États-Membres. L'Hexagone recevra, si nous avons bien compris entre 35 et 40 milliards des 390 milliards de subventions, mais la communication demeure chancelante s'agissant de l'emploi de cette ressource probablement destinée à des gouffres de non-rentabilité.
Et elle se révèle plus obscure encore quant au moyen de rembourser les investisseurs qui auront souscrit à l'emprunt européen correspondant : on nous parle d'impôts nouveaux, perçus aux frontières bien sûr, d'une taxe carbone et d'un prélèvement sur les [très méchants] géants américains du numérique. Un peu vague et sans doute problématique.
N'importe : on nous parle d'un pas de géant. Dans quelle direction ? Vers l'abîme ? Vers plus de désaccords financiers futurs, ou vers la solidarité effective ?
Pendant le même temps en effet les peuples européens se savent de plus en plus menacés, de façon indiscutablement solidaire, par l'islamo-terrorisme chez nous, et par les confrontations avec ses bases en Afrique et en Orient.
On peut chercher à nous dissimuler la vérité et les communicants officiels ne manquent pas de s'y employer. Mais au bout du compte, les techniques d'occultations ou de camouflages médiatiques aboutissent au contraire du but que nos gouvernants leur assignent. Quand à Bayonne on cache les identités des meurtriers d'un chauffeur d'autobus, tout le monde comprend ce que cela veut dire. Quand on noie rapidement le poisson de l'incendie de la cathédrale de Nantes, après que le procureur ait immédiatement pointé pourtant l'existence de trois départs de feu, on ne se pose même plus la question de savoir pourquoi. Quand on révèle, avec retard, l'agression commise le 19 juillet contre une église à Blanc-Mesnil, personne n'ignore la signification du cri de l'agresseur : Allahou Akbar[1].
On pourrait, on devrait s'attarder et on ne le fait guère jusqu'ici à l'implication de plusieurs autres pays européens dans la lutte que l'armée française mène dans le Sahel contre les bases arrières de l'islamo-terrorisme qui vient, comme dans la chanson, jusque dans nos bras massacrer les enfants de France.
Ne doutons pas de la préoccupation du gouvernement de coalition, qui unit à Berlin CDU-CSU et SPD, de maintenir la présence fondatrice de l'Italie en Europe. Quand nos cousins germains parlent de ce pays ce n'est jamais, soulignons-le, sur le ton condescendant exaspérant des zélites technocratiques parisiennes.
Simplement ce qui doit nous sembler significatif aujourd'hui, pour la solidarité euro-italienne c'est un symbole beaucoup plus fort que toutes les subventions stériles : c'est l'approbation par la Chambre des députés à Rome le 16 juillet de l'entrée des Italiens dans la task-force Takuba au Mali et de leur déploiement dans le Golfe de Guinée, prolongeant leur engagement au Niger depuis 2019 pour la formation de l'armée locale.
Le 16 mars le président Macron a cru pouvoir parler de guerre à propos du Covid-19. Il n'a pas trompé grand monde. Le vrai conflit pour notre survie, pour la défense de notre identité se situe ailleurs, loin de chez nous en Afrique, et d'abord chez nous en Europe.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2020/07/la-vraie-solidarite-repose-sur-lidentite.html