La revue de presse du Libre journal de Dominique Paoli sur Radio Courtoisie du 31 août 2020 portait sur les tensions récentes en Méditerranée mais aussi sur la montée de l’ensauvagement constaté durant la période estivale.
À côté de la crise sanitaire et de la polarisation qu’elle suscite de la part des médias et des pouvoirs publics, une autre actualité a dominé ces semaines d’été : la montée irrépressible des actes violents. Cette expression d’actes violents doit être privilégiée par rapport à l’emploi du terme de violence, reflet d’un environnement qui tendrait dans son usage à diluer la responsabilité individuelle. C’est bien ce qui est observé aujourd’hui où une idée dominante, mais nullement partagée par une majorité de la population, privilégie, pour les faits délictuels et criminels considérés, des causes sociales et économiques basculant ainsi la responsabilité individuelle sur une responsabilité collective, pour autant que les faits ne soient pas simplement ignorés, en témoigne, par exemple, l’absence d’articles sur ce thème dans le journal Le Monde.
Les agissements incriminés relèvent d’actes individuels ou collectifs (ainsi les émeutes qui ont suivi la rencontre de football PSG Bayern de Munich du 23 août dernier). Ils portent sur des agressions physiques, des destructions de biens et des nuisances de voisinage (rodéos en motos, bruits insupportables…).
L’attitude de la classe politique
Face à ce phénomène, il faut distinguer trois formes de réactions : celle du gouvernement, celle de la classe politique, celle de l’opinion publique.
Lors d’un entretien accordé à TF1, le 21 juillet 2020, Emmanuel Macron a déclaré : Je l’ai toujours dit et je le redis avec fermeté, c’est la tolérance zéro, a clamé le président. Toute personne qui porte justement l’autorité républicaine, toute personne qui appartient à nos forces de sécurité intérieure ou qui agit pour servir, pompiers, aussi soignants mérite le respect et nous ne tolérerons aucun écart. En précisant : Toutes les dispositions utiles pour que la réponse judiciaire soit rapide et au rendez-vous de ces incivilités. L’incivilité étant définie comme un manquement à la politesse ou à la courtoisie, il est apparu que le vocable était fort mal approprié au vu du contexte présent d’autant qu’il était prononcé après l’agression mortelle dont a été victime, le 5 juillet précédent, Philippe Monguillot dans l’exercice de sa fonction de chauffeur de bus à Bayonne.
La nomination d’un nouveau gouvernement ne s’est pas traduite, à ce jour, par une inflexion significative dans le domaine de la sécurité publique. Persévérant, en apparence, dans la conduite du en même temps, Emmanuel Macron a nommé, sur la proposition du Premier ministre selon la formule constitutionnelle, un ministre de la Justice jugé plutôt à gauche et un ministre de l’Intérieur issu des Républicains. Pour le moment, au-delà des discours de ce dernier, les actes visant à restaurer l’autorité publique et le respect des lois sont encore attendus.
La gauche telle qu’elle se présente aujourd’hui se montre opposé aux mesures réellement répressives, hostile par principe à l’incarcération. A cet égard, il faut observer que la gauche social-démocrate, celle du Parti socialiste est passée à l’arrière-plan de la scène politique depuis l’échec du mandat de François Hollande. Deux formations de nature révolutionnaire dominent maintenant la gauche : La France Insoumise, héritière de la tradition marxiste, matinée d’opportunisme en faveur de certaines minorités et Europe Ecologie les Verts qui, derrière le paravent de la défense de l’environnement, vise au bouleversement social, l’homme nouveau dans la société nouvelle. Dans les deux cas, la délinquance surtout lorsqu’elle se croise avec des individus issus de l’immigration ne saurait être combattue pour ce qu’elle est. Négation des réalités et explications sociologiques permettent de détourner le regard ou d’embrumer le sujet aux seules fins de justifier l’inadéquation supposée de la répression. Si la force électorale de ces deux formations reste minoritaire malgré les succès obtenus dans quelques grandes villes par EELV aux dernières élections municipales, il n’empêche que les idées avancées dans ce domaine de la sécurité publique comme dans d’autres d’ailleurs sont partagées par une large part de l’univers intellectuel et médiatique. Pour ce dernier, s’agissant des médias audiovisuels, soucieux de capter un auditoire, il faut souligner certaines évolutions substantielles, les tenants d’un retour à l’ordre et à la paix publique faisant maintenant entendre leur voix sur certaines chaînes audiovisuelles.
A droite, si le Rassemblement National a toujours été aussi clair que constant quant à ses propositions sur la sécurité des personnes et des biens, de son côté, la droite dite de gouvernement qui n’a jamais pris de décisions drastiques lorsqu’elle a dirigé l’État (les effectifs de police et de gendarmerie ont été diminués sous le mandat de Nicolas Sarkozy) espère trouver dans la carence du pouvoir actuel le moyen de gagner des suffrages lors les prochaines échéances électorales, régionales et présidentielle.
Ainsi, entre complaisance idéologique, perron de l’encouragement, ambivalence et irrésolution face à un réel allant à l’encontre de l’idée d’une société ouverte, harmonieuse et manque de la détermination nécessaire pour briser un processus en cours, la situation n’a eu de cesse de se dégrader. Près de 40 ans après les rodéos des Minguettes de l’été 1981, 30 ans après les émeutes de Vaulx-en-Velin et 15 ans après celles qui embrasèrent les banlieues à l’automne 2005, les actes violents vont croissants laissant planer de plus en plus sur chaque citoyen le risque d’une agression physique.
Des analyses lucides et constructives
Si le pouvoir politique est défaillant, pourtant un regard sur la presse laisse apparaître des analyses lucides et constructives.
Du point de vue des constats Xavier Raufer dans un article publié sur le site Atlantico le 27 août 2020 (Service minimum sur le régalien : le découragement s’installe dans les rangs des forces de l’ordre) écrit : Si Jean Castex a fait du quasi Sarkozy-dans-le texte dans son discours de politique générale, les incohérences politiques qui travaillent le gouvernement l’exposent à un service minimum des policiers et gendarmes excédés par celui du gouvernement. Il précise : De fait, observons le seul baromètre qui vaille, celui du crime au quotidien : braquages, agressions des forces de l’ordre, cambriolages, règlements de comptes, homicides : on dépasse le niveau du début 2020, déjà en forte hausse sur 2019.
Ces constats loin de s’accorder avec l’idéologie de la société heureuse en cours d’avènement, mélangeant des individus venant de toutes les aires de la planète et disposant de leurs propres règles de vie, suscitent donc un déni parmi une part dominante de la classe politique, intellectuelle et médiatique. Ce qu’exprime notamment Mathieu Bock-Côté dans un article paru le 28 août 2020 sur Figarovox : Mathieu Bock-Côté : « Déni d’ensauvagement ». L’auteur écrit notamment : Le vivre-ensemble est harmonieux, les agents des services publics peuvent travailler sans risque, les rodéos se font rares, un jeune homme qui se porte à la défense de jeunes femmes est un provocateur qui mérite d’être agressé et les mœurs sont de plus en plus douces, comme on a pu le voir avec les « jeunes » en « liesse » sur les Champs-Élysées lors des dernières compétitions sportives. Bref, la vie est belle en France plurielle ! C’est le triomphe de la diversité Potemkine. Dans cet ordre du déni ou du détournement des faits, il faut relever aussi les analyses de Nicolas Faure et de Michel Geoffroy dans l’émission I-Média du 27 août 2020, diffusée sur TV Libertés : Ensauvagement général : l’occultation médiatique ? Il est notamment évoqué la manière dont une certaine presse a relaté l’agression dont a été victime à Lyon le jeune Augustin intervenu pour faire cesser le harcèlement dont étaient victimes des jeunes filles.
Rapporter les évènements dans leur réalité signifie déjà une volonté de ne pas les subir. Quelles seraient alors les voies qui permettraient de restaurer l’ordre public et l’autorité de l’État ? A cet égard, Maurice Berger dans un article publié sur le site Figarovox, le 26 août 2020 (Maurice Berger : « La montée des violences en France est trop importante pour se contenter de déclarations indignées ») développe une réflexion fort riche tant du point de vue du diagnostic que des remèdes possibles. D’emblée, il remarque : Je considère que ces faits ont des causes multiples, même si le résultat est la destruction du corps d’êtres humains ou de biens. Leur point commun est l’aspect souvent groupal et le sentiment d’impunité totale. Et il poursuit : On peut naître avec un tempérament plus ou moins impulsif, mais il n’y a pas de fatalité, la question est celle de la manière dont l’éducation familiale et groupale valorise cette impulsivité ou se donne comme tâche principale d’aider l’enfant à la contenir. Il tient néanmoins par rapport à la question qui lui est posée à apporter dans l’emploi du vocabulaire une précision fort importante : En tant que psychiatre, parleriez-vous d’« ensauvagement » de la société ? Il y a effectivement de plus en plus d’individus extrêmement violents. Je préfère cette formule à celle d’ensauvagement de la société qui est trop globale. Et plus personne n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre.
Pour endiguer ce qui apparaît aujourd’hui comme une flambée plus qu’une seule montée des actes violents, Maurice Berger propose une série de mesures qui tiennent d’abord à l’éducation, celle des familles et celle dispensée par l’enseignement. Au niveau légal, Maurice Berger considère que la politique pénale doit être revue : La règle fondamentale et absolue : « on ne porte pas atteinte au corps de l’autre », est actuellement prise dans trop de relativisme. L’échelle des peines doit être adaptée à la réalité du dommage subi (Ainsi si quelqu’un commet une violence entraînant une ITT égale ou inférieure à 8 jours, il ne risque pas de peine de prison car cette infraction est considérée comme une contravention de cinquième classe (article R625-1 du Code pénal). Or pour qu’une personne soit incapable de reprendre son travail pendant 8 jours, cela signifie qu’elle a été très fortement frappée). De même, le sursis ne saurait être une réponse suffisante : un sursis est compris comme un effacement de l’agression commise, comme s’il ne s’était rien passé. Enfin, il s’agirait de réformer la politique migratoire : … ces mesures ne prendront de sens que si on essaye de freiner l’augmentation de la quantité de sujets violents… Notre capacité de prise en charge éducative, nos systèmes judiciaires et sanitaires sont débordés. Or une majorité des majeurs et mineurs délinquants et violents sont issus de l’immigration… Il n’y a donc pas d’autre solution que de se retirer temporairement de la Convention européenne des Droits de l’Homme sur un certain nombre de points notamment le regroupement familial.
Là comme dans d’autres domaines, il existe une fracture profonde entre l’attitude d’une classe dirigeante et la grande majorité du peuple qui aspire à la sécurité. L’idéologie des uns et la faiblesse des autres face à l’emprise de cette idéologie fondée sur l’utopie par rapport à ce qu’est la réalité humaine, ne peut que conduire à des évènements d’une extrême gravité dont il est difficile de prévoir le débouché.
Une rupture s’impose donc qui repose en premier lieu sur une volonté politique et une détermination infaillible. Compte-tenu des entraves juridiques de toute nature, intérieures et extérieures, qui annihileraient les effets d’une politique nouvelle, des modifications de la Constitution s’avèrent nécessaires, celles-ci devant être soumises à référendum ce qui octroierait au pouvoir politique la légitimité qui lui est indispensable. Bien sûr, le seul volet répressif policier et judiciaire ne saurait suffire. Nos sociétés occidentales sont marquées par une crise de l’autorité. Outre l’environnement familial, c’est à l’école que le respect de l’autorité doit être enseigné et compris. Il s’agit donc de rompre avec des théories et des pratiques pédagogiques qui ont leur part de responsabilité dans la situation présente.
Michel Leblay et Laurent Artur du Plessis 01/09/2020
Crédit photo : Domaine public
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