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Le problème palestinien depuis 1948

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La tragédie palestinienne démarre en 1948 et n'a cessé depuis de s'aggraver, malgré les tentatives de résistance du peuple palestinien, totalement abandonné par ses frères arabes.

1948 est l'année de la Catastrophe, ou Nakba, pour les Palestiniens. Ce peuple arabe musulman, à minorité historique chrétienne, loin d'accéder à son indépendance, après 30 ans de mandat britannique, en 1948, comme promis solennellement par l'ONU, a perdu toute souveraineté de fait sur sa terre. Le pays a été partagé entre l'Entité Sioniste, autoproclamée nouvel Israël du nom du royaume antique disparu en -722 du fait des Assyriens -, qui a étendu par la guerre le territoire déjà très large octroyé par l'ONU dans le Plan de Partage du printemps 1948, et les pays arabes voisins, soit la Jordanie, qui a annexé la Cisjordanie, et l'Egypte, Gaza.

L’expulsion

En 1948, sur la Palestine mandataire, il y avait 600 000 Juifs face à plus de 1 200 000 Palestiniens. Les sionistes ont réussi à s'imposer, du fait de leur unité politique, de leur entraînement militaire, de leur meilleur armement larges surplus de la Deuxième Guerre mondiale reçus via la Tchécoslovaquie -, de leurs soutiens politiques internationaux, avec cet exploit en ce début de Guerre Froide d'avoir à la fois la sympathie active de l'URSS et des États-Unis. Les Palestiniens n'ont pas su s'unir et ont été trahis par les armées arabes : l’Égypte comme la TransJordanie n'ont pas voulu libérer une Palestine arabe, dans son intégrité, et à la confier aux Palestiniens. Elles ont aspiré à se partager ce territoire, avec un Sud-Ouest à rattacher à l’Égypte, un Est à la TransJordanie, et un secteur côtier réduit abandonné à l'Entité Sioniste, de Tel-Aviv à Haïfa, mais rassemblant alors 80% des Juifs. Les sionistes ont nettement gagné sur le terrain, et imposé leur volonté politique.

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L'Entité Sioniste a en 1948-1949 expulsé 80% des Arabes, majoritaires initialement, de l'ensemble du territoire conquis. Ainsi est né le problème des réfugiés palestiniens, en attente, en Cisjordanie, à Gaza, mais aussi en TransJordanie, Liban, Syrie, de la libération intégrale de la Palestine, qui leur permettrait enfin de rentrer chez eux. Les enfants réfugiés de 1948 sont en train de mourir de vieillesse en 2020, tandis que leurs très nombreux descendants restent attachés à ce droit au retour. Ils sont regardés avec méfiance en TransJordanie devenue Jordanie depuis -, où ils sont majoritaires, et possèdent tous la nationalité locale, et en Syrie et au Liban. Au Liban, ils sont particulièrement nombreux, 500 000, et sont exclus par principe rigoureux de la nationalité libanaise, afin de ne pas perturber les très délicats équilibres intercommunautaires locaux. Ces réfugiés, armés, ont tenté de prendre le pouvoir en Jordanie en 1970 (Septembre Noir) et au Liban en 1975 (élément déclencheur de la guerre civile libanaise, 1975-1990); ils ont échoué, mais ces épisodes ont laissé des deux côtés, entre Arabes, des rancunes tenaces.

Une absence de soutien des autres pays arabes

L'Entité Sioniste a mené une grande offensive sur tous les fronts, en juin 1967. En six jours, elle a effectivement vaincu l’Égypte, la Jordanie, la Syrie. Elle a occupé le Sinaï jusqu'en 1982, Gaza jusqu'en 2005, le plateau syrien du Golan, annexé en 1981, et la Cisjordanie pour l'essentiel toujours occupée. La gestion des villes palestiniennes, et de Gaza, ô combien problématique, a été abandonnée dans le cadre des Accords d'Oslo (1993) à « l'autorité palestinienne », une forme de représentation nationale des Palestiniens enfin tolérée sur place. Ce n'est pas pour autant un vrai gouvernement national, encore moins depuis la mort de la figure unificatrice Arafat en 2004. En 2007, s'est instauré en outre un schisme durable entre Gaza, contrôlé par le parti islamiste Hamas, et la Cisjordanie, par la nationaliste OLP; il existe donc deux proto-États palestiniens, rivaux et limités, au lieu d'un.

Depuis les années 2010, les pays arabes, à de rares exceptions près comme la Syrie, font de moins en moins semblant de soutenir la cause palestinienne. Elle est considérée comme perdue, et une source d'embarras face aux opinions publiques. Aujourd'hui, sur 13 millions de Palestiniens, moins de la moitié vit en Palestine historique. Sur les 6 millions en Palestine, on en compte 2 millions dans l'Entité Sioniste, un peu moins de 2 millions à Gaza, un plus de 2 millions en Cisjordanie. Ils ne peuvent matériellement plus communiquer les uns avec les autres, sans parler a fortiori d'unité politique. En chiffres bruts, ces 6 millions sont aussi nombreux exactement que les sionistes, avec une croissance démographique naturelle un peu plus forte mais avec une différence bien moindre que dans les années 1970-1980. Toutefois, les dynamiques politiques et militaires ne sont absolument pas en leur faveur. Les hommes politiques sionistes, et la population, débattent, explicitement, de l'expulsion à venir de tout ou partie des 2 millions de Palestiniens de l'Entité après une déchéance massive de nationalité israélienne et de ceux de Cisjordanie. Cette dernière pourrait être très largement annexée à l'Entité, chose promise par le Premier ministre Netanyahu et intégrée dans le Plan de Paix Trump.

Nous sommes les Palestiniens de l’Europe

Le problème palestinien n'est donc pas près de recevoir une solution heureuse. La triste morale de l'Histoire est qu'une population autochtone peut parfaitement être chassée de chez elle, enfermée dans des enclaves étroites, et remplacée par une population totalement différente, comme en Palestine celle de l'utopie sioniste. L'effondrement interne de cette dernière, du fait du caractère effectivement délicat du mélange entre Juifs venus du monde entier a été annoncé tant de fois depuis 1948, et il n'a jamais eu lieu, que nous n'y croyons pas. La seule solution honnête serait le retour de tous les Palestiniens en Palestine, avec leur propre État indépendant, sur toute la Palestine historique, tandis que les 6 millions de sionistes poursuivraient leur expérience au Birobidjan, région juive d'Extrême-Orient russe, où ils sont d'ailleurs toujours invités par Poutine. Mais ce scénario rose n'a aucune chance de se réaliser.

On peut rapprocher cette situation de celle que nous subissons en Europe. Bien que malheureux, les Palestiniens ont lutté longtemps avec un héroïsme exemplaire, sur les champs de bataille ou dans la bataille des berceaux. Nous n'avons rien fait de tel en Europe, et notre Grand Remplacement est vraiment à craindre d'autant plus.

Scipion de Salm Réfléchir&Agir N°65 Printemps 2020

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