Le Président de la République a réatterri sur le sol national pour visiter les sinistrés des hautes vallées des Alpes Maritimes puis pour se concentrer à nouveau sur le Covid-19, qui a le mérite de dissuader les défilés protestataires en cette rentrée maussade et même désespérante. L’attaque du commissariat de Champigny-sur-Marne a souligné combien son discours sur le séparatisme était en retard sur la dérive de certaines parties de notre territoire. L’accueil d’une « otage » convertie et libérée contre 200 djihadistes dans le cadre d’un accord avant tout malien et peu respectueux de la vie des soldats français engagés contre le terrorisme lui a peut-être fait mesurer l’inanité de sa gesticulation sur la scène internationale. Avec Macron, qui avait voulu joué un rôle de premier plan dans le monde, la France a perdu beaucoup de sa crédibilité, et a, au contraire, quitté le premier rang pour se voir contestée par des dirigeants de pays qui ne sont pas à son niveau, celui d’un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
C’est un autre « grand » et même le plus grand, mais dont le caractère éruptif et parfois fantasque est parfois aussi en-dessous de ce qu’on attend du Président des Etats-Unis, qui a, selon John Bolton, atomisé la politique d’Emmanuel Macron, d’un jugement sans appel : «Tout ce qu’il touche devient de la merde ». En se limitant à dimension internationale, la liste des échecs et des déconvenues est impressionnante. L’un des traits communs de ces pas de clerc diplomatiques est la manière peu amène dont des Chefs d’Etat étrangers traitent le Président français. « Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale » avait répondu le président turc à un propos de Macron sur l’Otan, puis plus récemment, il s’était permis d’insulter notre pays en référence à l’Algérie et au Rwanda : une attaque particulièrement perfide à l’encontre de celui qui a commis la stupidité de parler de crimes contre l’humanité liés à la colonisation. Recep Erdogan n’a pas été plus tendre que Trump, mais cette fois publiquement : « Macron est un ambitieux incapable ».
Le pli étant pris, c’est M. Aliev, le président azéri, qui n’a pas hésité à se payer la tête du président français, avec une ironie cruelle : il a pointé du doigt l’ingérence de la France dans le conflit du Haut-Karabakh, invitant Macron à céder la ville de Marseille à l’Arménie ou à donner l’indépendance aux Corses et aux Basques, puis, en tant qu’homme politique aguerri s’adressant à un débutant, il a conseillé à son jeune collègue français de s’occuper davantage des problèmes qui se sont accumulés chez lui. Pendant ce temps, la Russie parvenait dans la discrétion et par la négociation à rétablir la paix entre Arméniens et Azéris. L’action de Sarkozy en Géorgie avait été plus efficace et plus conforme à l’image de notre pays. Qu’a gagné la France à quitter la neutralité impliquée par son appartenance au groupe de Minsk ? Evidemment, notre pays est attaché aux Arméniens, mais ce n’est pas nécessairement en le clamant maladroitement qu’elle leur est le plus utile.
La Libye est un autre exemple de la maladresse macronienne, qui suit cette fois la faute commise par Sarkozy en 2011. La politique complexe menée par la Russie et la Turquie, la première plus souterraine et la seconde nettement affichée, conduit à maintenir la division du pays entre un ouest dominé par les Frères musulmans tandis que l’Est est soutenu par leurs ennemis égyptiens, émiratis et saoudiens. Aux côtés des premiers, Ankara, et des seconds, plus discrètement, Moscou. Paris avait choisi le camp de ces derniers en espérant sans doute une réunification du pays, utile à nos soldats au Sahel. Non seulement cet objectif n’a pas été atteint, mais la confrontation avec la Turquie s’est accentuée, sans que nos partenaires européens, l’Allemagne et l’Italie, manifestent ni détermination ni enthousiasme dans leur soutien à la France : une claque pour le chantre de l’Europe et du tandem franco-allemand.
Le Président français devrait soigner ses relations avec Vladimir Poutine, l’un des seuls à n’avoir eu que des gestes positifs à son égard. Pourquoi a-t-il cru bon de se mêler de la situation en Biélorussie, en demandant le départ de son président ? Là encore, Alexandre Loukachenko a répliqué sans ménagement à cette ingérence en soulignant qu’il ne comprenait pas pourquoi après les manifestations et les désordres en France liés aux Gilets Jaunes, M. Macron n’avait pas démissionné.
Enfin, sur des terrains où son action est des plus légitimes, la France a également connu des déceptions dont la maladresse présidentielle et son obsession médiatique sont les responsables. A Beyrouth, il fallait que les Libanais présentent, dans les 15 jours, et au garde-à-vous, un nouveau gouvernement. Ce n’est toujours pas le cas, et Hassan Nasrallah, le chef du Hesbollah n’a pas hésité à envoyé le président français dans les cordes avec une certaine condescendance : « Nous accueillons favorablement l’initiative française, mais nous n’acceptons pas la tutelle. » Quant au Mali, et à la libération de « l’otage », elle conduit à ce que l’aura du groupe jihadiste GSIM et de son chef Iyad Ag Ghali sorte renforcée de l’opération. On comprend que Macron soit resté silencieux à l’aéroport. Les grandes douleurs sont muettes.
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