L’hebdomadaire Valeurs Actuelles consacre cette semaine un dossier à la Turquie d’Erdogan. Dans un portrait consacré à Erdogan, Raphaël Stainville écrit :
[…] il ne prend plus la peine de taire ses rêves de califat. Si Erdogan a souvent écrit droit avec des lignes courbes, le président de la Turquie se veut désormais l’architecte d’un véritable État islamique dont il serait le leader. Il s’est fait construire à Ankara un palais de plus de 1 000 pièces, qui illustre à merveille la folie des grandeurs du nouveau sultan. Ses déboires électoraux récents n’entament en rien sa volonté et ne font que souligner le projet qui l’a toujours animé. « La démocratie, c’est comme un tramway, une fois arrivé au terminus on en descend », prévenait-il, il y a plus de vingt ans, sans que personne ne le prenne au sérieux.
Il se révèle désormais tel qu’en lui-même, autocrate, tyrannique. Les Turcs se détournent de lui, mais une grande partie du monde musulman l’a pris pour modèle. Le cheik qatari Youssouf al-Qaradawi, qui ne dissimule pas les objectifs de conquête et d’islamisation de l’Occident, invite depuis des années les Frères musulmans à soutenir le président turc néo-ottoman : « Vous avez le devoir de le soutenir, de lui prêter allégeance. » Ses diatribes contre la France, Macron, sont reprises comme autant de fatwas jusqu’en Indonésie et au Pakistan.
Nicolas Clément se penche sur le Conseil des musulmans d’Europe, officine frériste implantée sur le sol français, épargnée par la riposte gouvernementale :
[…] Hors des radars élyséens, cette énième “association” pourrait bien être une des forces motrices du “séparatisme” en Occident. Jadis nommée Union des organisations islamiques d’Europe (UOIE), le douteux groupuscule s’est enraciné dans le vieux continent à partir des années 80. Bien qu’officiellement non-affilié à une mouvance politique, le cénacle a en fait été fondé en sous-main par les très radicaux Frères musulmans, ainsi que le confirme dans L’Express Vincent Geisser, chercheur au CNRS et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman.
Située au sommet de la hiérarchie du réseau frériste, l’UOIE s’avère être le centre de coordination de multiples associations communautaires musulmanes à travers toute l’Europe. Muslim association of Britain, Musulmans de France, Dutch Islamic society, Spanish Muslim league… Ces dernières associations, ainsi qu’une quarantaine d’autres, sont toutes membres ou partenaires de l’omnipotent cartel. […]
A la tête de l’association controversée trône Bassil Mareei, un secrétaire général au profil particulièrement inquiétant. D’origine palestinienne, le ponte islamiste a vu le jour à Damas, en Syrie, mais passé la majorité de son existence en Ukraine, dans la ville de Kiev, où il a obtenu un doctorat en génie civil. D’abord bombardé assistant du président de la Fédération des organisations islamiques d’Europe (ex-UOIE) en 2013, Mareei a été ensuite promu au poste de secrétaire général.
Passé au crible par Tanya Klein dans un billet de blog sur Mediapart, le haut fonctionnaire du séparatisme s’avère être un admirateur zélé de Hassan El Banna, fondateur des Frères musulmans, ainsi que du prédicateur antisémite et pro-terroriste Yusuf al-Qaradwi, dont les paroles résument clairement la véritable vocation de la confrérie : « L’islam retournera un jour en Europe comme un conquérant. Ce ne sera pas une conquête par l’épée mais par la prédication et la diffusion. »
Au-delà de ses errances idéologiques, ce titulaire de la nationalité ukrainienne se distingue aussi par ses engagements politiques radicaux. « Il soutient ouvertement la branche la plus radicale du Hamas, note Klein, En juillet 2014, sur Twitter et Facebook, il a salué les attaques terroristes perpétrées par ce groupe palestinien. » […]
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