La maison de la radio, siège de Radio France.
© Edison McCullen / CC by-sa
Est-il trop tard pour épiloguer sur l’incident qui s’est produit à Radio France et qui a choqué tant de monde ? Peut-être, parce que cet incident n’est pas sans relation avec ce qu’on appelle la laïcité. C’est, en effet, pour respecter la laïcité, telle qu’elle est inscrite dans son cahier des charges, que la chaîne a refusé une publicité payante à l’Œuvre d’Orient, au motif qu’il y était question de « chrétiens d’Orient ».
Face au tollé provoqué par cet interdit, Radio France a fini par accepter la publicité. Mais il est intéressant de revenir sur le motif invoqué. Tout simplement le qualificatif de chrétien aurait été de nature à choquer les auditeurs ne partageant pas les convictions chrétiennes. Voilà qui est quand même fort de café !
Doit-on parler de police sémantique ? Et le fait de faire mention de chrétiens persécutés, de chrétiens en péril, constitue-t-il une provocation ? Est-ce la la laïcité qui oblige à faire silence sur la simple qualité de chrétien ? C’est donc qu’il y a un malentendu fondamental sur ladite laïcité que l’on est en droit de soupçonner d’être de combat, alors qu’on nous répète sans arrêt qu’elle signifie la neutralité de l’État dans l’ordre des convictions religieuses. Il est vrai qu’au moment de l’élaboration de la loi de 1905, il existait bel et bien un état d’esprit antireligieux, et qu’à l’origine il s’agissait bien de combattre l’Église catholique. Heureusement, la discussion a permis qu’on aille vers une pacification des esprits et une négociation entre Paris et le Vatican.
Et comme le notait le grand historien Émile Poulat, notre laïcité publique s’est définie comme prudentielle plutôt qu’idéologique. Doit-on croire que certains voudraient en revenir à la laïcité idéologique, au point de proscrire de leur langage le terme de chrétien d’Orient ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 décembre 2020.
Sources : https://www.france-catholique.fr/