DÉNOUEMENT - Après dix mois d'intenses discussions et à huit jours de l'échéance, le Royaume-Uni et l'Union européenne sont arrivés à un accord post-Brexit.
Londres et Bruxelles ont finalisé l'accord commercial post-Brexit qu'ils négociaient depuis dix mois, a-t-on appris jeudi de sources européennes. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le négociateur européen Michel Barnier se sont félicités de cet accord lors d'une conférence de presse dans l'après-midi ce jeudi après "quatre années d'effort collectif".
Ce deal historique est intervenu alors que le Royaume-Uni doit quitter le marché unique le 31 décembre. "Cela valait la peine de se battre pour cet accord. Nous avons maintenant un accord juste et équilibré avec le Royaume-Uni. Il protégera nos intérêts européens, garantira une concurrence loyale et offrira une prévisibilité à nos communautés de pêcheurs. L'Europe avance maintenant", a expliqué la présidente de la Commission européenne.
Michel Barnier, lors de la conférence de presse, a toutefois prévenu : "Le Royaume-Uni a choisi de quitter l'UE et le marché unique, de renoncer aux droits et aux avantages d'un État-membre. Notre accord ne réplique pas ces droits et ces avantages ; Il y aura donc malgré cet accord, de vrais changements, le 1er janvier, pour beaucoup de citoyens et de beaucoup d'entreprises. C'est la conséquence du Brexit", a déclaré le négociateur après l'annonce de cet accord.
Le dénouement, dont les premiers signes ont émergé mercredi après-midi, a été trouvé après d'"énormes concessions" du côté britannique, selon une source gouvernementale française citée par l'AFP. Les négociateurs du Royaume-Uni ont accepté de céder sur des points très importants relatifs à la pêche, a précisé cette source, soit le dernier point bloquant encore dans les discussions.
L'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques restait en effet l'ultime point d'achoppement des discussions, par ailleurs quasiment bouclées, y compris sur les sujets jusque-là problématiques, comme la manière de régler les différends et les mesures de protection contre toute concurrence déloyale. Malgré son faible poids économique, la pêche revêt une importance politique et sociale pour plusieurs États membres, dont la France, mais aussi les Pays-Bas, le Danemark ou l'Irlande.
Le bout du tunnel semblait pourtant loin il y encore quelques jours. Les discussions, souvent tendues et laborieuses, se sont étendues dans le temps. Au début du mois de décembre, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s'était rendu à Bruxelles pour tenter de les accélérer. Sans succès. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, avait même indiqué le 17 décembre que "combler" les divergences entre l'UE et Londres serait "très difficile". Les dirigeants britanniques pourraient donc finir par trouver un accord avec l'instance européenne, une semaine avant la date fatidique du 31 décembre.
Le Royaume-Uni a plus à perdre en cas de "no deal"
Un accord qui, en théorie, laisserait suffisamment de temps pour une entrée en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique. Le traité, de près de 2000 pages, pourrait alors être validé a posteriori par le Parlement européen.
Si les discussions n'aboutissent pas et se conclues par un "no deal", l'Europe aura beaucoup moins à perdre que le Royaume-Uni. Les Britanniques exportent en effet 47% de leurs produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises de l'autre côté de la Manche. L'Irlande, ainsi que les pays du Nord, du Benelux, l'Allemagne et la France - qui a dégagé un excédent commercial de 12,5 milliards d'euros en 2019 avec Londres - seraient cependant les pays les plus touchés, étant donnés leurs liens étroits avec le Royaume-Uni.
Source : https://www.lci.fr/