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De la religion des Romains 3/3

La fonte de la statue de la déesse Virtus, évoquée par Del Ponte dans la conclusion de son livre, nous conduit à une considération amère : Rome ne connaîtra plus ni courage ni honneurs ; seul un visionnaire pourrait imaginer l'existence, encore aujourd'hui parmi ses contemporains, de la semence de ces hommes antiques, pratiquant au quotidien ces anciennes coutumes qui firent la grandeur de Rome.

Mais à l'approche du 1600ème anniversaire de la funeste bataille du fleuve Frigidus (près d'Aquilée), à l'extrémité du limes nord-oriental d'Italie, par laquelle se terminait l'histoire militaire de la Rome ancienne, et, où, pour la dernière fois, les images des dieux silencieux s'élevèrent sur le sommet des montagnes. Nous ne pouvons que retenir comme signe des temps,  le travail d'un homme d'aujourd'hui, qui écrit sur la vie de nos Pères, sur leurs Coutumes et sur leurs Dieux. Pères, Coutumes et Dieux qui furent les artisans de tant de puissance.

Ivo Ramnes, Vouloir n°142/145, 1998. (texte issu d'Orion, tr. fr. : LD)

Notes :

(1) Fustel de Coulanges, Numa-Denis (Paris 1830, Massy, 1889) : historien français, professeur aux Universités de Strasbourg et de la Sorbonne. Il étudia les principes et les règles qui régissaient la société greco-romaine en les ramenant au culte originaire des ancêtres et du foyer familial. La ville ancienne (cf. La Cité antique, 1864) est une sorte d'association sacrée, ouverte exclusivement aux membres des familles patriciennes. Parmi les autres œuvres de Fustel de Coulanges, rappelons l'Histoire des anciennes institutions politiques de l'ancienne France, 1875-79, et les Leçons à l'impératrice sur les origines de la civilisation française, posthume, 1930. Outre leur valeur historique, ces travaux ont assure à Fustel de Coulanges une place dans l'histoire de la littérature pour la clarté et la puissance du style (ndt).

(2) Momigliano, Arnaldo (Caraglio, Cuneo, 1908) : historien italien. Après avoir enseigné aux universités de Rome et Turin, il est, depuis 1951, titulaire de la chaire d'histoire ancienne à l'University College de Londres. Parmi ses plus importantes études citons : Philippe de Macédoine (1934), Le conflit entre paganisme et christianisme au IVe siècle (1933), Introduction bibliographique à l'histoire grecque jusqu'à Socrate, les essais publiés après 1955 sous le titre de Contributions à l'histoire des études classiques, et le volume Sagesse étrangère, 1975 (ndt).

* note en sus sur le rituel du printemps sacré : «  Le uer sacrum ne nous apparaît guère que comme une légende que les peuples sabelliens aimaient retrouver aux origines de leurs migrations : institution complexe, qui combinait, deux éléments distincts, la consécration à Mars du croît des troupeaux, et l'expulsion des jeunes en quête d'une nouvelle patrie, parfois sous la conduite d'un animal. Une fois seulement, le mythe se présente à nous, à Rome, dans le plein jour de l'histoire, non sans se dégrader au contact du réel. C'était en 217, après Trasimène. Le dictateur Q. Fabius Maximus, sur la recommandation des décemvirs sacris faciundis, voua un “printemps sacré”, tout de suite soumis au contrôle des pontifes, qui s'attachèrent à en atténuer les conséquences, l'attribuèrent à Jupiter, en limitèrent la portée à 4 espèces animales, énumé­rèrent les clauses d'exception. Mais c'est seulement 22 ans après, en 195, qu'on s'avisa de la nécessité de l'exécuter, après le triomphe de M. Claudius Marcellus sur les Gaulois. Caton était consul, et l'on peut aisément imaginer dans quels sentiments ce paysan romain, père des agronomes, d'ailleurs partisan de la mise en pâture des terres labourées, envisagea les responsabilités qui lui incombaient. Le uer sacrum, cette année-là, ne fut pas rite factum. Le pontifex maximus, P. Licinius Crassus, décida de le recommencer en 194 : animé d'un tout autre esprit que Caton, ce grand seigneur, ami de Scipion, au reste passé maître en droit pontifical, précisa que le uer sacrum s'étendait des Calendes de Mars aux Calendes de Mai. La première date rappelle le rôle joué par Mars dans la tradition primitive ; la seconde ne peut s'expliquer que par le souci de réduire à 2 mois les effets pratiques du vœu. Il se trouve, d'autre part, qu'à cette époque le calendrier officiel était en avance de 3 à 4 mois sur le calendrier solaire, en sorte que le uer sacrum de Crassus – décembre et janvier –correspondait à la période do l'année où, selon les traités de zootechnie antiques et modernes, les naissances, dans des étables disciplinées, étaient les plus faibles. Illustration tirée des faits, et corroborée par les textes, de la manière dont la religion romaine croyait s'assurer la pax deorum, par une application littérale des contrats qu’elle passait avec ses dieux. » (M. Heurgon, Les printemps sacrés dans les religions italique et romaine, communication à la séance du 21 mai 1955, “Bulletin de la société Ernest Renan” in Revue de l'histoire des religions n°149-1, 1956). 

Bibliographie :

Si vous n'en lisez qu'un :

  • Scheid (J.), La Religion des Romains, A. Colin, coll. Cursus, 1998. (Stimulant et clair ; approche thématique)
  • Champeaux (J.), La Religion romaine, Livre de poche, 1998. (Plus scolaire ; approche chronologique)

Pour approfondir :

  • Bayet (J.), La Religion romaine, Payot, 1956.
  • Dumézil (G.), La Religion romaine archaïque, Payot, 1966.
  • Le Glay (M.), La Religion romaine, A. Colin, coll. U, 1971.
  • Scheid (J.), Religion et piété à Rome, La Découverte / Albin Michel, 1985.
  • Turcan (R.), Rome et ses dieux, Hachette, coll. La vie quotidienne, 1998.
  • Duruy (V.), Histoire des Romains (éd. 1879-85)

Articles :

La vie religieuse à Rome jusqu'au début de l'empire (JR Jannot)

http://www.archiveseroe.eu/roma-a48671822

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