Portant à 49 ce 2 janvier, le nombre de soldats français tombés au Mali dans la lutte où notre armée est engagée dans la guerre contre l'islamo-terrorisme, ce sacrifice devrait imposer, par respect, un peu plus de rigueur à nos dirigeants.
Comme l'écrit clairement le chef de file de la droite sénatoriale : "La France [étant] de nouveau endeuillée par la mort de deux soldats au Mali, leur sacrifice dans la lutte contre le terrorisme nous oblige à mener cette guerre sans trembler sur notre sol. Je pense ce matin à leurs familles et à leurs frères d’armes."
Quelques jours plus tôt, dans un communiqué daté du 28 décembre, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, infligeait un camouflet à la politique musulmane de l'État, en annonçant qu'il se retirait de façon "irrévocable" du dernier projet administratif en date : celui d'un illusoire "Conseil national des imams". Ce projet, étant lié au fameux "Conseil français du culte musulman" lui semble inacceptable du fait de l'influence islamiste au sein du CFCM, autrement dit de la connivence de cet organisme avec les adeptes de l'islam radical que combattent nos soldats en Afrique. Il accuse clairement les islamistes radicaux de "saborder toutes les initiatives qui visent à créer des rapprochements salutaires entre les musulmans de France et la communauté nationale".
En quittant l'instance gouvernementale, il saborde clairement le projet puisqu'il le prive de la participation de 300 mosquées.
Or, depuis peut-être 30 ans, les ministres de l'Intérieur qui se sont succédé, déjà Pierre Joxe (1988-1991), déjà Chevènement (1997-2000), et même Pasqua (1993-1995) auront caressé, l'un après l'autre, la même chimère administrative : organiser en France une pratique nationale de la prédication mahométane.
La plus grave erreur commise au cours de ces diverses tentatives, remonte à plus de 20 ans, à l'époque où Chevènement occupait la place Beauvau dans l'équipe de la gauche plurielle sous le gouvernement Jospin. Sous prétexte de respecter en effet les convictions islamiques, il fut acté que la version française intégrerait une de leurs traditions les plus inacceptables, les plus contraires aux nôtres : "celui qui change de religion tue-le".
Mais l'étatisme ne recule devant aucune imposture, en vertu sans doute du théorème bien connu de Michel Audiard : les sots ça ose tout c'est même à cela qu'on les reconnaît.
Dans la dernière version, celle qui se réclame d'un projet "d'islam de France", l'État en arrive à ambitionner de l'unifier et d'en "former" les prédicateurs (imams).
D'abord, l'illégitimité du projet du point de vue des intéressés devrait sauter aux yeux de manière éclatante, si nous n'étions paralysés par le laïcisme : que penseraient en effet les catholiques de France si on leur imposait une organisation unitaire de tous les chrétiens, des traditionalistes aux conciliaires les plus "progressistes", des luthériens aux calvinistes, etc., et si, fusionnant le séminaire d'Écône avec celui d'Issy les Moulineaux, on leur assignait des formateurs choisis par Gérald Darmanin ?
D'autre part, pour parler d'un islam "de France", il faudrait pouvoir lui trouver des racines, des théologiens, des mystiques, représentatifs d'une filiation dans l'histoire de notre pays. De la Trappe de Soligny dans le Perche à l'abbaye de Sénanque dans le Luberon, en passant par le temple de l'Oratoire à Paris ou par la vieille synagogue d'Orgon en Provence, il n'en existe pas.
Le préfet Lallement qui aime citer Trotski imagine-t-il inaugurer la série ?
La réalité des communautés musulmanes que l'on recense dans l'Hexagone ne se révèle pas seulement divisée : elle se trouve déchirée entre des influences, toutes étrangères.
Citons en particulier celles qui se sont opposées à la tiédasse charte des valeurs officielles. Il s'agit : du Tabligh fondamentaliste et de son organisme Foi et Pratique ; de l'ex-UOIF renommé Musulmans de France, succursale des Frères musulmans ; et du Milli Görüs turc représenté par Fatih Sarikir. Dans la doctrine et dans la pratique de ces courants, la religion musulmane sert à combattre toute assimilation. La plus "francisée", ne lui en déplaise se situe à la Grande Mosquée de Paris, dans l'orbite de l'État algérien qui, sauf erreur, n'aime pas beaucoup s'entendre dire qu'il procède de 12 départements anciennement français.
Avec quelles autres influences se trouve-t-elle ainsi en concurrence : d'abord celle du Maroc dont le roi se veut lui-même commandeur des Croyants ; de plus en plus avec celle de la Turquie, via une diaspora qui considère l'assimilation comme un crime contre l'humanité, et via les Frères Musulmans qui, chassés d'Égypte sont passés sous protection d'Erdogan ; et enfin celle de l'Arabie saoudite qui encourage et finance les salafistes.
Où est-il donc l'islam "de France" ?
Dans les rêves de nos technocrates, peut-être ; dans la réalité nationale sûrement pas.
JG Malliarakis
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