Le Sénat examinait en première lecture ce 2 février le répugnant projet de loi dit bioéthique dont la plus emblématique disposition instituait ce qu'on appelle la PMA sans père. Le vote est intervenu dans la nuit du 3 au 4, et il s'est traduit par un rejet de cette immondice. Tout a été dit à ce sujet et le sénateur de Vendée, élu du département autrefois martyrisé par le jacobinisme, n'a pas manqué de caractériser ce projet par la formule : "La PMA sans père, c’est faire primer la volonté des adultes sur l’intérêt des enfants."
On doit quand même rappeler que, depuis janvier 2020 la honteuse démission de Buzyn, c’est désormais son toutou d'hier Olivier Véran, ministre de la Santé d'aujourd'hui, qui défend le texte. Et se souvenir aussi que le Castex, présenté parfois comme issu de la droite, – drôle de "droite" – appelle ses troupes, sans doute ses frères, à s'accrocher à ce qu'il appelle l'équilibre du texte.
Dans son éditorial de Présent, Francis Bergeron[1] stigmatise la PMA sans père comme un enjeu, qu'il qualifie de "civilisationnel." Et il n'oublie pas de relever aussi les autres monstruosités du projet. À juste titre d'ailleurs le journal parle d'une demi-victoire, modérant presque l'enthousiasme des militants de la Manif pour Tous et d'Alliance Vita qui, s'étant crânement mobilisés le 2, parlent dans leur communiqué du 4 février d'une "Victoire historique au Sénat : Projet de loi bioéthique réécrit de fond en comble, PMA sans Père supprimée, interdiction de la GPA renforcée".
Il est vrai que la présence dans la rue de quelques centaines de jeunes Français, criant leur écœurement, tranchait avec l'atonie des diverses forces d'oppositions officielles.
Sans prétendre trancher ici de façon péremptoire soulignons surtout ce qui confère un caractère quelque peu historique à ce vote.
Matériellement symbolique, il marque un coup d'arrêt exceptionnel par rapport à une trop longue dérive. Se voulant unanimiste au sein de la classe politique, de réformes en réformes elle est passée, par exemple, en 2013 par le remboursement à 100% de l'IVG par l'assurance maladie. On pourrait remonter plus haut : on rappellera simplement que la loi Veil, théoriquement, votée à titre expérimental en 1979, ne se présentait pas comme destinée à une telle application.
Mais ne nous enflammons pas trop vite.
D'abord, si l’article 1er de la loi a été rejeté par 132 voix contre 48, 152 sénateurs se sont abstenus.
D'autre part, la mécanique institutionnelle donnera raison en dernier ressort, à une Assemblée nationale dominée par la majorité macronienne incapable d'endiguer les caprices du lobby LGBT.
Reste que le Sénat, stigmatisé par la gauche depuis 1875 comme "grand conseil des communes de France"[2] est devenu, au fil des années, et se révélera de plus en plus, une forme représentation du pays réel et l'écho de sa résistance aux folies du pays légal et aux caprices médiatiques. Il faudra désormais compter avec lui.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. Présent N° 9799 daté du 5 février
[2] La formule date du discours de Belleville prononcé par le jacobin Gambetta le 23 avril 1875. Elle se voulait alors hostile à la fois au principe même d'une Chambre haute et à son enracinement dans le terroir traditionnel français.