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Quand Gérald Darmanin passe aux aveux

Gérald Darmanin, toujours sous le coup d’une plainte pour abus de position dominante en matière sexuelle, se multiplie sur les plateaux pour défendre la charte des imams et la loi confortant les principes républicains. Il ne mâche pas ses mots…

C’est une nouvelle conception de la laïcité que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur présente sans ambages au peuple français, l’un des aspects les plus emblématiques, peut-être le point clé parmi les révolutions macroniennes. Il s’agit - vieille histoire - du rapport entre l’État et Dieu.

Invité sur le plateau de France Inter le 1er février le ministre de l’Intérieur s est exprimé sur le projet de loi confortant les principes républicains -, les discussions concernant le texte ayant débuté à l’Assemblée nationale le même jour. Face à Léa Salamé, Darmanin la joue saint Jean Bouche d’or jugez-en.

« La loi séparatisme que nous avons aujourd’hui en discussion à partir de cet après-midi donne des pouvoirs extrêmement forts notamment à l’État […] pour lutter contre, pas seulement le terrorisme, mais lutter contre ce qu’on pourrait appeler le séparatisme, l’idéologie islamiste » a ainsi souligné le ministre, avant de poursuivre : « Nous ne pouvons plus discuter avec des gens qui refusent d’écrire sur un papier qu’ils sont parfaitement compatibles évidemment avec les lois de la République, que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu »

Ce texte nécessite quelques explications : tout d’abord, face aux déchirures, chaque jour plus patentes de la société française, face à la montée de la violence au quotidien, face à la tentation de séparatisme de certaines communautés musulmanes plus ou moins radicales, il n'y a dans la loi - c’est le premier aveu du ministre - qu’un seul remède : donner « notamment » à l’État républicain « des pouvoirs extrêmement forts » Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le ministre. Le multiculturalisme reconnu dangereux ne trouve sur son chemin qu’une seule issue : le renforcement des pouvoirs de l’État. La liberté des personnes, issue de la prédication chrétienne, même quand elle a servi à alimenter le mythe révolutionnaire, devient parfaitement secondaire aujourd’hui. On le voit bien dans la réaction de l’État macronien face au coronavirus : les atteintes à la liberté de circulation, comme à la liberté de penser ou simplement de s’exprimer sur Internet se réduisent comme peau de chagrin. On sait maintenant ou mène le multiculturalisme cultivé avec complaisance depuis quarante ans : à un État qui va s’infiltrer dans tous les rapports sociaux, grâce à un contrôle social formidable - via Internet par exemple, via la fiscalité, via les subventions - ou pas - via la réglementation de plus en plus tatillonne, entrant dans tous les détails de la vie quotidienne, comme nous l’a démontré l’opération Covid. L’État, disait Nietzsche avec raison, est « le plus froid des monstres froids ». S’il s’empare totalement de la vie sociale, de l’activité économique et s’il discrimine jusqu’à la vie spirituelle, on sera bien obligé de constater que les fascistes avaient raison, que la société est tellement redevable à l’État, dont elle a besoin pour survivre à ses craquelures multiculturelles, que le totalitarisme semble bien pouvoir servir - nommer notre avenir radieux.

Athéisme structurel

Dans le système de M. Darmanin, en effet, il n’y a rien au-dessus de l’État. « Tout pour l’État tout par l’État, rien en dehors de l’État ». Cette auto-définition du fascisme totalitaire des années 30 convient bien à l’État macronien qui, à la faveur de l’épidémie, a pris toute la place, posant au sauveur d’une société qui n’a pas besoin qu’on la sauve mais qui veut simplement vivre un peu par elle même.

Si seulement le but de cette mobilisation étatique, qui est sans précédent connu ailleurs que dans la Chine de Mao et de Xi Jin Ping, était la grandeur de la France, on pourrait dire que l’idéologie macronienne met quelque chose au-dessus d’elle. Mais non ! Le but de l’administration macronienne, c’est seulement la loi républicaine, donc l’organisation interne de l’État, qui doit être plus forte que toute autre considération, « même religieuse ». Les paroles de Darmanin dépassent-elles sa pensée ? Quand il déclare : « On ne peut pas discuter avec des gens qui refusent d’écrire que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu », Gérald Darmanin ne se contente pas d’acter un désaccord possible entre sa ligne et celle des croyants de toute obédience, qui, mettant Dieu au-dessus de l’homme, posent la loi divine au-dessus de la loi humaine. Pour lui, pas de discussion possible sur ce point, le Contrat social n’en tolère pas. « La loi est (toujours) l’expression de la volonté générale » comme dit l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme. Rien à voir donc avec la loi de Dieu. Ces droits de homme, comme le répétait Jean Madiran, sont toujours, sont structurellement, dans la République les droits de l’homme sans Dieu. On parle de racisme structurel dans les sociétés occidentales ! Il n’y en a pas l’ombre. En revanche, il y a un athéisme structurel, qui pourrait bien, près de deux siècles après 1789

servir de nom à la principale révolution macronienne, celle qui fait du spirituel toujours une option, jamais une loi vitale.

Monde&Vie 12 février 2021 n°995

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