Erik Sablé, Pardès, coll. Qui suis-je ?, 128 p.
• Présentation éditeur : Le baron Ungern est un personnage exceptionnel qui libéra la Mongolie occupée par les troupes chinoises en 1921. Ataman cosaque, le baron Ungern vécut une vie d'aventures. Il fut un héros de la Première Guerre mondiale. Il habitera en Transbaïkalie, puis en Mongolie. Il parcourra la Mandchourie, la Chine, et se mariera avec une princesse chinoise. Sa Division Asiatique de Cavalerie sera la dernière armée à se battre contre les troupes communistes.
Passionné par le bouddhisme, il s'entourait de lamas. Il rêvait de créer une Asie unifiée qui serait en mesure de lutter contre une Europe qu'il jugeait décadente. Après la prise d'Ourga, il s'empressa de remettre sur le trône le Koutouktou, l'équivalent mongol du Dalaï-Lama. Cependant, en ce qui concerne la personnalité du baron Ungern, la légende a souvent remplacé la vérité historique. On a affirmé que le baron était un être cruel, un fou paranoïaque et sanglant, on lui a attribué une pensée proche du paganisme. Maintenant, avec l'analyse de documents récemment sortis des archives ou de témoignages, comme celui de Perchine, nous pouvons avoir une idée beaucoup plus juste de ce qu'il était réellement. En fait, ce n'était pas le baron Ungern qui était fou et sanglant, mais l'époque dans laquelle il vivait. Le baron apparaît, au contraire, comme un individu d'une rare droiture, dénué d'ambitions personnelles, sincère, modéré dans ses actions, cultivé et beaucoup plus humain qu'il ne semble, malgré ses discours enflammés. Avec ce "Qui suis je ?", Ungern, pour la première fois en français, nous pouvons avoir une vision plus juste du caractère et des buts du baron von Ungern Sternberg.
[Autre monographie : Le Baron Ungern, khan des steppes, Léonid Youzéfovitch, éd. des Syrtes, 2001, 352 p.]
Vers la fin du mythe russe : Essais sur la culture russe de Gogol à nos jours
◊ Georges Nivat, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1988.
Oblitéré par une soviétologie généralement insuffisante, le savoir sur la Russie, en Occident, est réduit à des clichés inopérants. Le grand souffle de l'histoire russe ne trouve aucun écho dans nos médias, si ce n'est pour le dénigrer et le criminaliser. Cette lacune du savoir historique a des conséquences très graves aujourd'hui : les Européens de l'Ouest ne se rendent absolument pas compte que toutes les attaques concentrées contre le territoire russe aujourd'hui sont des attaques contre l'Europe dans son ensemble. Des notions géographiques aussi essentielles que les Balkans, le Caucase, l'Asie centrale, la Mer Noire ne font rien vibrer chez nos concitoyens. Georges Nivat, philologue slave de nationalité française, comble évidemment cette lacune, du moins potentiellement, car les médias n'évoquent guère son œuvre titanesque. Vers la fin du mythe russe est un ouvrage de 403 pages, très dense, mais dans lequel nous conseillons plus particulièrement le chapitre 9, intitulé "'Du panmongolisme au mouvement eurasien", afin de bien connaître les tentatives russes de théoriser cet espace noyau, que le géographe britannique Mackinder nommait le "Heartland". L'idéal du "mobilisme" mongol a effectivement hanté les esprits, et pas seulement celui de ce baron germano-balte, Fiodor von Ungern-Sternberg, Commandeur d'une "division de cavalerie asiatique", lancée aux trousses des bolcheviques de Trotski dans les immensités sibériennes. À signaler également, les chapitres 16 et 17, où Nivat évoque 2 figures importantes, Pierre Pascal, traducteur d'Evola, auteur d'un ouvrage sublime sur les martyres japonais après 1945, qui est un russophile, mais un russophile réprouvé, auquel on ne donnait aucun accès aux grands médias. Ensuite, il nous parle d'Alain Besançon, ponte de la lourdeur "soviétologique" aux temps de la Guerre Froide, qui a oblitéré par des vérités propagandistes, made in USA, la dynamique de l'histoire russe, si bien que nous ne sommes plus en mesure de comprendre l'actualité tragique qui se déroule aujourd'hui sous nos yeux. Le chapitre 21 traite de la notion de "fratrie russo-européenne", chère à Vladimir Volkoff. Le chapitre 29 analyse le fondement de la pensée de Soljénitsyne : les fortifications du moi, qu'il s'agit pour nous d'intégrer en nos fors intérieurs, pour lutter contre la dictature médiatique, exactement comme les "chevaliers du Goulag" avaient lutté contre leurs tourmenteurs. Enfin, à lire également, le chapitre 35, consacré à Zinoviev, féroce analyste d'un réel, devenu irréel sous les coups répétés d'une idéologie schématique, qui réduit tout à ses tristes dimensions. S'abstraire de ce monde inique passe par la satire la plus féroce, une satire bien perceptible dans l'histoire littéraire russe.