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Empereur Julien

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Julien dit l'Apostat (en latin Flavius Claudius Julianus) : empereur romain (361-363), fils de Julius Constantinus et neveu de Constantin Ier. Bien que ce jeune orphelin ait reçu une instruction chrétienne dispensée par un favori de Constance, l'évêque Georges (qui avait supplanté Athanase à Alexandrie), il est instruit plus tard des traditions païennes et de la philosophie néoplatonicienne. Il étudie à Constantinople, Milan et Athènes. À Éphèse, il abjure secrètement le christianisme et pratique le culte du Soleil. Son cousin Constance II le nomme César (355) et l'envoie défendre la Gaule contre les Germains. Julien s'évertue à tout apprendre du métier des armes et du commandement militaire.

Il s'installe à Lutèce, participe à la prise de Cologne (356), remporte la victoire de Strasbourg (357) et améliore l'administration de la Gaule. Il réussit si bien que Constance II, toujours méfiant, décide de lui retirer ses troupes pour les envoyer combattre les Perses. Les soldats gaulois et germains, n'ayant aucune envie de batailler si loin, le proclament Auguste (février 360) : l'usurpation est consommée. Constance II marche contre lui, mais meurt de fièvre (nov. 361), ce qui évite à l'Empire la guerre civile semblant se préparer. Julien est dès lors Auguste sans contestation possible. Durant son court règne, il veut rompre avec le despotisme bureaucratique et la solennité de l’appareil monarchique pour revenir à la simplicité des empereurs du Haut-Empire. Ce “retour à la normale” est inséparable d'une restauration du paganisme. Les temples, restitués aux cultes locaux, se relèvent ; à l'instar des autres emplois élevés, les postes d'enseignant deviennent réservés aux seuls païens même si l'enseignement reste ouvert à tous (édit de 362). Julien n'en pratique pas moins une politique de tolérance dont bénéficient les chrétiens qui jusque-là avaient souffert de l'interventionnisme pro-arien de Constance. Néanmoins en confessionnalisant l'hellénisme, il le confisque. Julien se considère comme un personnage divin, issu du dieu Soleil, gouvernant sous l’inspiration des dieux : ces conceptions théocratiques restent incompatibles avec la restauration d’un principat libéral. L’attachement de Julien à la vieille religion grecque était sincère mais, pour l’essentiel, ses convictions se rattachaient au courant mystique oriental de la nouvelle religiosité. Sa religion était finalement fort éloignée du paganisme classique. Il voulut également abandonner le despotisme bureaucratique et la solennité de l’appareil monarchique pour revenir à la simplicité des empereurs du Haut-Empire. Ces mesures étaient, en fait, peu réalistes et mêlées de beaucoup de contradictions. Doué de sens politique, bon stratège, il périt le 26 juin 363 dans une bataille contre les Perses en Mésopotamie. Sa personnalité était singulière et souvent attachante, mais rien ne lui survécut de son œuvre politique et religieuse. Ne reste de lui que des écrits philosophiques, satiriques et politiques. Jovianus, un chrétien, lui succéda. L'Empire était maintenant définitivement chrétien. En dépit des apparences, Julien n'a jamais été chrétien et donc jamais apostat.

L'empereur Julien : Contre  les Galiléens

Julien, le dernier empereur païen mort dans des circonstan­ces mystérieuses, avait rédigé en 362 un traité de polémique antichrétienne : le Contre les Galiléens. Galiléen étant une in­sulte à l'époque : les Judée-Chrétiens se voyaient ainsi réduits dans l'esprit des Romains à une peuplade minable du fin fond de la Palestine. Julien relègue le christianisme au ra­yon des croyances absurdes, propres à une secte juive sans importance fondée par un certain Jésus, un illuminé dont les disciples, tous des marginaux, auraient fait de son "messa­ge" un mouvement religieux à prétention universelle. Inutile de dire que ce livre fut maudit par le pouvoir chrétien, brûlé en place publique, chuchoté par quelques audacieux co­pistes byzantins (dont certains crypta-païens de l’École de Mistra). Il a été traduit en français pour la première fois par un ami de Voltaire en 1764 et abondamment lu par les philo­sophes des Lumières. Les éditions universitaires belges Ou­sia, spécialisées dans l'édition de textes philosophiques, proposent une nouvelle traduction complète   présentée   et commentée par Christopher Gérard, l'éditeur de la revue païenne Antaïos. Il s'agit du premier livre anti-judéo-chrétien (l'Ancien  et le Nouveau  Testaments sont attaqués  sévère­ment) écrit par un “renégat”, philosophe  et empereur. En effet, Julien le Grand avait entrepris de restaurer le paganisme hellénique après la reconnaissance  du christianisme par Constantin l'Apostat. Son livre sulfureux a été pendant des siècles le credo de la résistance païenne… et il pourrait bien le redevenir, car Julien est une sorte de penseur différencia­liste avant la lettre : sa théorie des dieux nationaux, attachés à un peuple et à un sol, mais tous soumis à Zeus pourrait ê­tre modernisée par les milieux néo-païens. Un autre intérêt de ce livre explosif est de montrer à quel point nous sommes influencés par une vision déterministe et linéaire de l'histoire, selon laquelle christianisme  et monothéisme devaient immanquablement  l'emporter. Vision absurde, qui rappelle le sens de l'histoire cher aux hégélo-marxistes. Enfin, l'empe­reur Julien s'attaque aussi à la thèse du peuple élu : le dieu des Hébreux n'est pas le créateur de l'univers, il n'est qu'un dieu parmi d'autres. Idem pour le peuple qu'il protège donc ! Ce livre est aussi un traité de philosophie politique impériale et gibeline : l’lmperium y est justifié en termes métaphysiques. Julien théorise  le cosmopolitisme impérial : chaque peuple homogène y honore ses dieux, nul n'est exclusif et Rome, prise dans un sens plus mystique que géographique, commande à un univers pacifié. Voilà un livre à lire et à mé­diter, et qui devrait susciter réflexions et réactions chez tous les Impériaux, qui compteront désormais le grand Julien par­mi leurs héros aux côtés de Friedrich II de Hohenstaufen.

  • L'empereur Julien, Contre  les Galiléens, trad. de Christopher Gérard, Ousia, Bruxelles, 1995. [Postface : « Sens philosophique et politique du “Contre les Galiléens” », Lambros Couloubaritsis, pp. 139-181]

► Patrick Canavan, Nouvelles de Synergies Européennes n°13, 1995.

• nota bene : Benoist-Méchin avait publié de passionnantes biographies de Julien et de Frédéric Il chez Perrin. Des livres qu'il faut aussi (re)lire, bien évidem­ment.

◘ Documentation :

http://www.archiveseroe.eu/histoire-c18369981/81

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