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Bruxelles, la terre promise des lobbies

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Lobby, un mot anglais qui évoque les magouilles en coulisses et les secrets inavouables des puissants, et que l’on pourrait aujourd’hui traduire par « groupe de pression » ou « groupe d’interêt »…

Mais qui signifie initialement « vestibule » ou « hall d’entrée » entre deux portes, il agit, mais on ne le voit pas depuis la pièce principale... Et c’est précisément le sens de l’expression « pouvoir occulte ».

D'après un décompte publié en avril 2019 par le quotidien italien centriste et très europhile Il Corriere della sera, 11 801 groupes de pression siègeraient aujourd’hui à Bruxelles. 11 801 groupes différents (dont environ un millier de groupes français) enregistrés sur le registre officiel des lobbies accrédités auprès des deux plus importantes institutions de l’Union européenne Commission et Parlement), soit légèrement plus que le nombre officiel de « groupes de pression » (11 641) qui colonisent les allées de pouvoir à Washington et dictent leur loi au Président des États-Unis et aux deux assemblées du Congrès états-unien, Chambre des Représentants et Sénat... Auprès des institutions de l’UE, tous ces groupes représentent les intérêts privés de grandes firmes transnationales, d‘industries (aéronautique, énergie, agro-alimentaire, chimie, pharmacie, automobile...) de milieux d’affaires, de laboratoires, de think tanks académiques, d’organisations religieuses, de syndicats, voire d’ONG mondialistes, souvent au travers de cabinets de consultants, d’avocats-conseil et d’experts internationaux. Et ce afin d’influencer décideurs et hauts fonctionnaires des administrations communautaires dans le processus décisionnel politico-économique engageant les peuples des 27 États membres de l’UE.

Un pouvoir occulte

Si le registre officiel des lobbies accrédités (créé en 2011) évalue donc à environ 11 800 le nombre des lobbies, l’ONG mondialiste allemande Transparency International (spécialisée dans la dénonciation de la corruption des institutions gouvernementales mondiales) estimait en mai 2019 qu’environ 26 500 lobbyistes travaillaient à temps plein auprès des institutions communautaires et qu’environ 57 500 personnes étaient impliquées dans les activités de lobbying à Bruxelles. L’équivalent de trois divisions d’infanterie. Une véritable armée. Surtout si on compare ce chiffre de 37 500 au nombre de fonctionnaires communautaires (environ 43 000 dont 6500 Français) et à la population totale de l’agglomération bruxelloise (1,2 million d’habitants dans la région de Bruxelles-Capitale). Cette armée de lobbyistes exerce un pouvoir occulte, un pouvoir en coulisse, loin des caméras de télévision. Un travail de sape et de corruption (tant moral que financier), de longue haleine, puisque les lobbies sont officiellement présents auprès des institutions de l’UE depuis la création de son ancêtre, la CEE, en 1957. En 2012, le chercheur allemand en sciences politiques Dieter Plehwe, de l’université de Berlin, estimait que les quelques 5000 lobbies alors enregistrés officiellement avaient dépensé environ 5 milliards d’euros pour leurs activités d‘influence. Mais aujourd’hui, le poids des lobbies à Bruxelles est donc beaucoup plus important qu’en 2012, car non seulement leur nombre à plus que doublé en huit ans, mais surtout parce que l’inscription sur le registre n’est pas obligatoire (seulement volontaire, et c’est souvent plus en termes d’image marketing externe que par véritable souci de transparence), et qu'un nombre très élevé de lobbyistes agit hors de ce cadre (finalement assez peu) réglementé. C’est le cas, par exemple, de la fameuse banque d'investissement états-unienne Goldman Sachs, responsable (entre autres) du scandale du maquillage des comptes publics grecs entre 1997 et 2001, et dont l’ancien Président de la Banque centrale européenne Mario Draghi (2011-2019) a été vice-président pour la zone Europe entre 2002 et 2005. On peut donc supposer que les dépenses réelles des lobbyistes bruxellois se situent entre 7 et 10 milliards d’euros par an aujourd’hui, à comparer avec le PIB de la République de Macédoine, candidate à l’entrée dans l’UE (12,7 milliards d‘euros en 2018)...

Un pouvoir toxique

Les méthodes des lobbyistes sont diverses, depuis le recrutement direct d’anciens fonctionnaires européens ou de membres de la Commission et du Parlement qui font agir leurs « réseaux d’agendas » jusqu’aux stratégies croisées, c’est-à-dire l'attaque de cibles potentielles par plusieurs côtés, voire au chantage. Elles sont bien rodées et redoutablement efficaces. Ces agissements échappent naturellement à tout contrôle démocratique et à tout intérêt collectif puisque ces activistes ne sont évidemment élus par personne, et qu’ils n’ont aucun compte à rendre auprès des peuples, ni politique, ni moral, ni financier. Ils n’ont de comptes à rendre qu’à leurs employeurs privés.

Une fois de plus, l'intérêt collectif n’est pas égal à la somme des intérêts individuels, et lorsque les décideurs de l’UE sont influencés par les lobbyistes (voire parfois rémunérés ou corrompus par eux : c’est la notion juridique de « conflit d’intérêt »), la classe dirigeante de l’UE dans son ensemble agit dans l’interêt de quelques-uns seulement. Cela porte un nom oligarchie. Et tel est donc le vrai visage de la classe politique aux commandes à Bruxelles. Le pouvoir des lobbies bruxellois est d’autant plus toxique en termes de libertés publiques et de contrôle démocratique sur son action, qu’il ne comporte aucun contre-pouvoir institutionnel capable de contrebalancer ou de limiter son influence sur le plan institutionnel et que, naturellement, il n'y a aucun lobby nationaliste présent pour le contrebalancer ou limiter son influence sur le plan politique. L’idée même d'un lobby nationaliste, hostile à la logique intrinsèquement mondialiste, libre-échangiste et immigrationniste de l’UE, semblerait diabolique aux yeux de la classe dominante technocratique qui dirige l'Union européenne depuis ses débuts.

Bruxelles, anciennement capitale historique de la Flandre, où les Flamands ne constituent désormais plus que 15% de la population régionale... Bruxelles, Terre promise des lobbies...

Klaas Malan Réfléchir&Agir n°68 hiver 2021

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