La Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) publie, au mois de mai, une étude qui donne l’orientation politique des peuples italien, français, allemand et britannique : majoritairement, ils adhèrent aux valeurs de droite.
Les axes selon lesquels sont définies ces valeurs de droite sont l’auto-positionnement de l’électeur à droite, décliné en crainte et rejet de l’immigration, une vision négative de l’islam perçu comme un danger, l’adhésion au libéralisme économique vu comme la limitation du rôle de l’État dans l’économie et le renforcement de la liberté des entreprises, et, logiquement, la valorisation du sens de l’effort dans la réussite individuelle au détriment de l’assistanat.
Les chiffres révèlent quelques surprises et des évolutions inattendues dans ces quatre pays. 44 % des Italiens, 40 % des Britanniques, 36 % des Allemands et 38 % des Français se positionnent à droite (contre, en France, 24 % à gauche). De 2017 à 2021, on est passé de 33 à 38 %. La majorité est à droite, mais la part des indécis est forte : ce qui peut s’expliquer par une variété des nuances et une difficulté à définir ce que sont la droite et la gauche. Les partis politiques, sur ce sujet, n’ayant pas montré beaucoup de constance et de cohérence dans l’affirmation de leurs valeurs, et surtout des politiques qu’ils ont menées. Le spectacle offert en ce moment par les Républicains en est l’exemple éclatant.
On notera une nouveauté : la jeunesse européenne bascule à droite : 41 % des 18-24 ans et des 25-34 ans se revendiquent de droite, contre respectivement 26 et 22 % à gauche dans ces classes d’âge.
Sur le front de l’immigration, 60 % des Européens pensent qu’elle est excessive et qu’elle nécessiterait des mesures de fermeture. Parmi ces Européens, 63 % des Français, peuple européen le plus touché par l’immigration. L’immigration et son corollaire, la crise de l’identité et de la civilisation, sont le sujet tabou de la vie politique française et de l’action gouvernementale et pourtant une préoccupation majeure de nos concitoyens. L’urgence d’un référendum sur le sujet apparaît évidente.
Deux chiffres surprennent : 41 % de l’extrême gauche PC-LFI voient l’immigration comme excessive, ainsi que 55 % des CSP+. C’est dire à quel point l’enjeu est majeur dans toutes les classes sociales, surtout depuis la crise migratoire de 2015. Logiquement, l’islam, religion de la majorité des immigrés, est vu comme une menace pour la République pour 62 % des Français : à 81 % pour le bloc de droite et 45 % pour le bloc de gauche.
Pour les politologues François Miquet-Marty et Rafael Guillermo López Juárez, cités dans le rapport, une majorité de nos concitoyens voient le pays « menacé (réellement ou potentiellement) dans son identité, ses paysages, sa manière de vivre, ses valeurs. Cette idée prospère sur l’évocation d’une visibilité de l’islam dans l’espace public (voile et foulard, boucheries halal, etc.). »
Enfin, après 18 mois d’entraves à la liberté de travailler, et malgré la perfusion continue de subsides publiques en faveur d’une partie des entreprises, les Européens, à droite comme à gauche, s’affichent clairement en faveur d’une moindre ingérence de l’État dans les entreprises. Conséquence d’une défiance à l’égard d’un État et d’un système politique qui ont montré faiblesses et carences. Mais on observe aussi la valorisation du sens de l’effort et le rejet de l’assistanat, l’adhésion aux PME en tant qu’institutions.
Les dirigeants des vingt-sept pays de l’Union européenne ne pourront pas indéfiniment éluder ces craintes et questions essentielles pour le peuple ; ou alors ce serait au prix d’une guerre civile.