Jany Leroy
Jean Lassalle laisse entendre, sans doute par maladresse, que seuls les députés les plus âgés, dont il fait partie, ont fréquenté les clubs échangistes durant le confinement. À ce stade de son intervention, personne ne sait s’il s’agit d’une revendication de son attrait pour les épouses de ses collègues ou d’un plaidoyer contre un « deux poids deux mesures ». Ou l’un et l’autre ? Comment sait-il qu’ils sont restés ouverts ? La question reste en suspens jusqu’à ce qu’il poursuive :
« De très nombreux de nos collègues y avaient leurs habitudes dans des mandats précédents et je ne compte même pas les ministres. » Très amusée, Annie Genevard, qui préside la séance, intervient : « Monsieur Lassalle, vous vous égarez, là ! »
Interrompu alors qu’il s’apprêtait à nous conter les folles aventures des hommes politiques en milieu libertin de la IIIe République à nos jours, le député des Pyrénées-Atlantiques achève sa démonstration : « Alors comment peut-on expliquer cette inégalité de traitement avec les discothèques ? » Les jeunes vont-ils être obligés d’aller danser dans les clubs libertins qui, eux, restent ouverts malgré les impératifs sanitaires (d’après Jean Lassalle) ?
Après cette entrée en matière amusante dont seuls les fidèles clients des lieux évoqués connaissent la pertinence, le député décrit ensuite la situation dramatique dans laquelle se trouvent placés les jeunes patrons de boîtes de nuit, le réservoir d’emplois, etc. À une voix près (63 contre 62), la réouverture pour le 1er juillet est retoquée. Comme le souligne le gaillard du Sud-Ouest, cette interdiction ouvre la voie à des fêtes sauvages ou à la fréquentation d’établissement situés à l’étranger. Les mariages suivis de soirées animées par des DJ sont, par ailleurs, autorisées… Comprenne qui pourra.
Grâce à son récit quelque peu folklorique, Jean Lassalle a permis d’attirer l’attention des médias sur un problème qui lui tient à cœur. La vidéo reprise ici et là fait sourire mais traite bel et bien d’une incohérence sanitaire peu compréhensible. L’homme à l’accent rocailleux reste le député contre lequel nous n’échangerions même pas quatre représentants du MoDem.