Le 30 mai le premier tour de quatre élections législatives partielles s'est déroulé dans un climat d'indifférence impressionnant. Le parti macronien ose encore se dire majoritaire. Or, sur 4 compétitions, une seule, dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais, a vu sa candidate arriver en tête. Or, même dans ce cas, Brigitte Bourguignon, bien que ministre, ne recueille que 35 % des suffrages et le taux d'abstention s'établit à plus de 75 %. Autrement dit, dans une région où la prétendue république en marche présente 5 ministres en vue du scrutin du 20 juin, moins de 9 % des électeurs votent pour le gouvernement. Les 3 autres circonscriptions confirment ce désaveu qu'annoncent aussi les actuels sondages en vue du rendez-vous du 20 juin, très largement défavorables à la Macronie, du nord au midi.
De toute évidence, l'indifférence massive, pour ne pas dire le mépris des Français, résulte de plusieurs causes, et d'une multitude d'erreurs. Fondé depuis le départ, sur une communication éhontée et mensongère, le triomphe macronien de 2017 semble tourner au désastre à l'approche de l'échéance de 2022.
Il devrait s'établir clairement que l'attitude oscillante, hypocrite, mais aussi irresponsable de ce gouvernement, ridiculement divisé, et de sa prétendue majorité sur les 3 i, c'est-à-dire sur l'immigration, sur l'islam et sur l'insécurité, joue un rôle décisif dans le désaveu qu'il encourt.
Ainsi, le 16 mai dernier en effet, le secrétariat de François Bayrou transmettait-il à l'AFP une note étrange et combien significative. Ce document était censé refléter ses vues sur l'avenir de la démographie française.
Cela n'aurait évidemment aucune importance si, depuis le 3 septembre 2020, par la grâce d'un décret présidentiel, annoncé par le Premier ministre, le maire de Pau, n'avait été nommé Haut-Commissaire au Plan. En clair cela veut dire que, sans disposer d'aucun pouvoir réel, il est chargé d'une sorte de mission prophétique. Privée au départ d'une administration propre, le Plan nouvelle version, cette boîte à idées d'État, compte à peine un insignifiant secrétariat général. Mais, compte tenu de la vacuité et de la division interne de la soi-disant République en marche, ce sont bien ses projections qui vont servir de repère idéologique et futuriste à la technocratie.
Sur la dynamique actuelle de la population française, l'administration n'apporte rien de bien original. Alors que 18 % des naissances entre Dunkerque et Perpignan proviennent officiellement d'immigrées de première génération, auxquelles le droit du sol confère la citoyenneté française, on se refuse toujours, au nom de l'idéologie jacobine, à considérer ce qu'on appelle les statistiques ethniques. On va même, sous prétexte de ne pas les discriminer, jusqu'à falsifier les prénoms des délinquants et criminels.
Tout le monde sait donc, ou devrait le savoir, que l'Hexagone, sur 67 millions d'habitants compte d'ores et déjà 6,7 millions d'immigrés parmi lesquels 2,5 millions ont acquis la citoyenneté française. La natalité est passée, en 5 ans, de 818 000 naissances en 2014 à 753 000 en 2019. Et les chiffres officiels évacuent la part de l'immigration dans le taux de fécondité qui a reculé globalement en 10 ans de 2,02 à 1,83 enfants par femme.
Le très catholique Bayrou se garde de bien de s'interroger, du moins publiquement, sur le rôle de la déchristianisation, de la banalisation de l'avortement, et de la dégradation de l'ossature familiale dans ce recul de la substance de la société française.
La réponse de la note du 16 mai qu'on lui fait endosser est donc simple et toute d'exécution : il faut envisager, selon lui, "deux voies" pour "assurer notre avenir démographique : avoir plus d’enfants ou accueillir des personnes d’autres pays."
Or, depuis les réformes successives liquidatrices de la politique familiale l'administration ne saurait jouer désormais, contrairement à une idée reçue, qu'un rôle négligeable dans l'évolution de la natalité française elle-même.
Il faut donc prendre cette déclaration pour ce qu'elle est : l'affirmation par l'État macronien et sa technocratie d'une volonté immigrationniste. Celle-ci joue et jouera un rôle décisif de marqueur dans les débats politiques.
Nous essayerons dans nos prochaines chroniques d'en dessiner les aggravations désastreuses.
JG Malliarakis