La Banque centrale européenne, qui gère notre monnaie de singe, l’euro, a dévoilé hier, un peu par surprise, les conclusions de la revue stratégique (ce sont les objectifs que se fixe la BCE) qu’elle avait décidée il y a plusieurs mois.
Depuis plus de 20 ans, son mandat, c’est la stabilité des prix, l’inflation devant être « proche de, mais inférieure à 2% ». Eh bien, désormais, le mandat, c’est 2% ! Cela n’a l’air de rien, mais cela veut dire que, pour la BCE, 2% d’inflation ce n’est plus l’enfer dans lequel on va brûler quand on s’en rapproche trop.
Economiquement, le message est extrêmement clair : la BCE ne remontera pas ses taux si par extraordinaire les prix remontaient – ce qui n’est pas encore le cas mais ce qui l’est aux Etats-Unis. Autrement dit, la politique monétaire expansive est là pour durer.
La BCE tente même le Diable en acceptant que les prix du logement soient (un peu) intégrés dans l’indice des prix, ce qui va le remonter. Bel effort !
Politiquement maintenant, l’intérêt de cette décision est ailleurs : après plus de 20 ans d’existence, l’euro est considéré comme suffisamment solide pour s’éloigner (un peu) du mandat initial, très centré sur l’inflation. Mais elle ne va pas aussi loin que la Réserve fédérale américaine, qui se moque de l’inflation et a comme objectif le plein emploi. Pour l’UE et sa banque centrale… c’est tout l’inverse, démontrant ainsi que son unique raison d’être est le confort et la sécurité financière de ses plus riches alors qu’elle se soucie comme d’une guigne (ou presque) de la sécurité de l’emploi de ses citoyens.
Même si évidemment une autre lecture est possible à Francfort comme à Washington : les banques centrales se donnent des airs de liberté qu’elles n’ont pas, les déficits financiers des Etats sont tellement grands qu’elles sont obligées de les financer sous peine de provoquer une catastrophe. On connaît la formule : si vous devez un million à votre banquier, c’est lui qui vous tient ; si vous lui devez un milliard, c’est vous qui le tenez ! Voilà la vérité.
Et puis ?
La BCE a aussi décidé hier d’intégrer une petite surprise dans son mandat : des objectifs climatiques ! Et cela aura nécessairement des effets concrets sur ses collatéraux qui ne seront dévoilés précisément qu’un peu plus tard. Même s’ils n’en ont pas vraiment la tête, les banquiers centraux deviennent écolos. L’auriez-vous imaginé ?
Non bien sûr et vous avez raison car il ne s’agit que d’un effet de mode voire d’un… effet d’aubaine politique.
La mode de l’année prochaine !
Le 9 juillet 2021.
Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.