La 4e vague est là, ça y est, les hospitalisations bondissent, les cas explosent et le retour des mesures totalement absconses nous le confirme (à l’image du masque en extérieur dont l’inutilité est désormais largement démontrée, mais la peur panique est plus forte que la rationalité). Pour le dire très franchement, le retour des mesures absurdes témoigne davantage de la 4e vague que les hospitalisations. Lorsqu’un chef de service de l’hôpital d’Arcachon annonce très fièrement un bond des cas dans son service et explique être passé de 2 à 3 patients en une semaine, on peut décemment penser que cette 4e vague est une tempête dans un verre d’eau.
Au demeurant, la voix dissidente de Jean-Michel Claverie, virologue renommé et fondateur de la Société française de virologie, très clair sur l’exagération démentielle de la fameuse 4e vague, appuie l’idée qu’à présent l’enjeu n’est plus sanitaire mais politique. Cette 4e vague a bon dos pour faire accepter aux Français des mesures « provisoires » dont on sait pertinemment qu’il en restera toujours du pérenne. Or, rien des iniques mesures « provisoires » adoptées par le gouvernement ne doit subsister, ni durant cette épidémie ni a posteriori (si tant est que nous ne soyons pas déjà a posteriori).
C’est là tout le danger de la période que nous traversons. Si au nom du « bien commun », du « provisoire justifié par l’enjeu sanitaire », du « devoir citoyen », nous acceptons n’importe quoi et particulièrement des suppressions de libertés fondamentales, l’abolition du droit de disposer librement de son corps et de son esprit, alors nous actons qu’il existe des raisons légitimes à l’instauration d’un pouvoir autoritaire, d’un régime d’exception qui peut demeurer ad vitam aeternam (plus d’un an déjà). Cela n’est pas acceptable et pourtant les Français n’en ont déjà que trop accepté et beaucoup sont prêts à en accepter encore davantage sans prendre conscience que la France est en train, pour sortir prétendument d’une pandémie, de vendre son âme, son héritage, ses valeurs, ce qui en fait un pays libre et démocratique.
Cette nouvelle semaine s’ouvre tant sur le ripolinage éhonté d’un Sénat qui confirme une nouvelle fois sa notoriété d’assemblée de rois fainéants, que sur de nouvelles menaces pour les libertés. La ministre de l’Enseignement supérieur ne cache plus l’idée d’une vaccination obligatoire pour les étudiants par exemple, pourtant écartée jusque-là. De l’impossibilité de licencier les employés sans pass sanitaire, la ministre du Travail a rappelé qu’il ne fallait pas le laisser croire. De plus en plus de voix commencent à réclamer une vaccination obligatoire, décidément seule et unique solution pour en finir avec l’épidémie ! Évidemment, cette mesure est celle dont rêve le gouvernement, et si nous n’y sommes pas encore, c’est parce qu’il va l’amener petit à petit dans le but manifeste de briser un seul et redoutable élan de contestation. Cela, il est aisé de le deviner aux mots des ministres, des membres des institutions médicales, des médias. On peut davantage le soupçonner encore lorsqu’on voit l’ineptie du pass sanitaire. Ses dégâts économiques sont déjà colossaux dans les cinémas, les parcs d’attractions, les boîtes de nuit… Il coûte une fortune à mettre en œuvre (60 millions d’euros par mois pour empêcher des malades sans pass d’entrer dans les hôpitaux !) et il prête le flanc aux infractions multiples. Le marché de la contrefaçon est déjà considérable. Enfin, Louis de Raguenel d’Europe1 a rappelé voici deux jours une autre vérité : en septembre/octobre, les vaccinés de mars/avril verront déjà sombrer l’efficacité de leur protection vaccinale. Des milliers de personnes à risque vaccinées parmi les premières vont redevenir très sensibles au virus et quid alors de l’utilité de leur pass ?
Le pass est promis à un échec cuisant, mais de même qu’il n’a jamais été une alternative acceptable à la vaccination obligatoire, son échec ne peut pas ramener cette dernière sur le terrain des solutions envisageables. Lorsque la caution morale de ce pays, la défenseure des droits, rejoint l’une des éminences médicales de ce même pays, Jean-Michel Claverie, alors le temps n’est pas aux doutes ou aux questions, mais bien à une décision : rejeter définitivement et sans clause cachée la possibilité d’une vaccination obligatoire. D’ailleurs, ce serait un nouvel échec lamentable. Jamais la France ne pourra vacciner tous les 6 mois 90 pct de sa population et il en résulterait un interminable combat aussi coûteux que ridicule.
Il apparaît évident que la France a fait le choix d’une stratégie médiocre, médiocre, car reposant sur un seul outil. Menez un siège avec un million d’hommes, vous le perdrez si vous ne pouvez percer la muraille du château. Conduisez-le avec mille hommes et un bélier, et vous prendrez le château. Une bonne stratégie nécessite une pluralité d’armes pour donner des résultats probants. À l’heure actuelle, plusieurs médicaments ont été expérimentés avec succès en Israël et en Espagne. L’immunité naturelle est tout indiquée chez les jeunes qui ont des possibilités infimes de développer des formes graves de la maladie, mais elle est inaudible auprès des politiques. Pourtant, si nous n’adoptons pas de traitements curatifs établis, si nous ne soutenons pas la vaccination des personnes à risque par l’immunité collective chez les autres, alors nous nous reposerons toujours sur des campagnes de vaccination inopérantes, car insuffisantes. Même en imaginant vacciner 300000 personnes par jour (chiffre déjà très supérieur à ceux actuels), il faudrait plus de 6 mois pour atteindre une immunité qui commencerait à nouveau à disparaître pour ceux ayant été vaccinés parmi les premiers. Il convient de noter qu’en dépit du chiffre de 250000 vaccinations par jour aujourd’hui en moyenne, les doses manquent également et que le coût de telles campagnes est absolument colossal (à 20 euros la dose de pfizer). Lorsque l’immunité naturelle est gratuite et sans conséquence sanitaire majeure chez les moins de 50 ans, on peut s’interroger sur le gaspillage des deniers publics dans le puits sans fond de campagnes vaccinales vouées à l’échec.
En d’autres termes, le pass sanitaire est un outil inutile, liberticide, coûteux et probablement déjà mort avant d’être né. Il sera sans aucun doute, par son échec même, l’argument à la vaccination obligatoire. Certaines voix le présentent déjà ainsi comme le dernier rempart avant le grand saut… Ne nous laissons pas abuser ! Rien ne peut justifier la vaccination obligatoire, car cette dernière est contraire aux fondements éthiques de la médecine et à l’esprit français. Chacun doit rester libre de disposer comme il l’entend de son corps, et non, les corps n’appartiennent pas à la communauté, celle-ci n’a aucun droit sur votre chair et votre sang. Si l’échec du pass sanitaire devait conduire à une telle dérive, alors le basculement serait définitif vers la dictature, mot qui effraye, et pourtant… Il y a deux libertés bafouées en dictature qui distinguent un tel régime d’un pays de droits : celles de disposer librement de son corps et celle de penser. Entamez ne serait-ce que d’un iota ces libertés (ce qui est malheureusement déjà le cas en France) et vous ouvrirez la voie à toutes les pires dérives totalitaires. Nous sommes donc déjà bien avancés sur le chemin d’un pouvoir autoritaire à finalité dictatoriale. On peut d’autant plus le deviner que le pass sanitaire verrait son application dans les bureaux de vote.
Aussi, la lutte doit persister. Le boycott économique porte ses fruits. Il vient d’ailleurs autant des vaccinés que des non-vaccinés (dont on n’oubliera pas qu’ils peuvent boycotter des lieux dont ils sont privés en refusant le test contrairement à ce que disent les railleurs). Les manifestations grandissent et renforcent l’énergie collective. Elles rappellent à tous qu’ils ne sont pas seuls dans leur combat. Des voix de valeurs commencent à s’élever. Claire Hédon, Jean-Michel Claverie, Pacôme Rupin qui a quitté le groupe LREM, voilà des gens de valeur qui à un moment donné disent « Non ». Les syndicats enfin se décident à soutenir le mouvement en invitant les cheminots à ne pas contrôler les pass, en initiant des grèves illimitées dans les hôpitaux. Chaque jour l’eau arrive plus forte au moulin de la victoire à venir.
Mais en face aussi le pouvoir s’organise. Après les forces de l’ordre, il exclut les restaurants routiers du pass. Il est évident qu’il veut ainsi briser les grèves à venir et éviter un blocage accru du pays. Espérons que les routiers ne seront pas dupes de cette manœuvre pour les endormir.
En tant que représentant du monde de la culture, je ne pouvais cependant terminer sans souligner ma consternation en voyant à quel point ce monde est si éloigné du peuple. Entendre gémir Souchon, Chesnaix, Bigard également est consternant. Lire cette tribune de 200 noms de la culture se disant prêts à se faire vacciner (et ne l’étant donc pas) juste pour sauver leur business est affligeant. Ces gens sont les mêmes qui vont signer dix mille pétitions pour sauver les gens à l’autre bout du monde. Mais cela est facile, ça n’engage rien et surtout pas leur business. Par contre, à la colère légitime de leurs compatriotes privés de musées, de bibliothèques, de cinémas… ils répondent par le mépris en expliquant qu’ils ne peuvent plus becter à leur râtelier ordinaire. « Mon Dieu, je ne peux pas donner mon concert à cause de ces manants qui défilent ! » Ces individus égoïstes qui soutiennent les combats à l’autre bout du monde et jamais ceux qui se passent en bas de leur rue car ça fait désordre font honte à ce pays et me font honte en tant qu’homme de culture. D’ailleurs, qu’un homme de culture admette qu’en France un autre homme, d’où qu’il vienne, qui qu’il soit, soit privé de l’accès fondamental à cette même culture est une faute impardonnable.
Là aussi, il conviendra de ne pas oublier ces noms et de leur rappeler en les touchant au seul endroit qui leur fait mal : le porte-monnaie. À l’inverse, soutenons ceux qui au milieu de cette lie, peu nombreux et vite stigmatisés ont une conscience patriotique et professionnelle. Mais gare aux opportunistes, car tous n’ont pas le courage d’Eric Clapton qui ne donnera aucun concert où le pass sera exigé, et Bigard l’a prouvé récemment. Combien d’opportunistes et de faux jetons abusent de la crédulité des gens ?
Courage à tous et que le combat continue aussi longtemps qu’un souffle de vie nous animera.
Alexandre Page, écrivain et paria en son propre pays
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