Selon Valeurs actuelles, les purges internes au sein du RN ont repris et cela ne nous surprend pas. Ce sont déjà la mainmise sur le parti après 2022et les présidentielles de 2027 que Marine le Pen prépare…
“(…) Au lieu de s’interroger sur les raisons de l’abstention massive de ses électeurs lors du scrutin, le parti a préféré purger ou congédier les éléments “déviants”. Le seul sénateur du mouvement, Stéphane Ravier, réélu miraculeusement en septembre 2020, ne s’attendait pas à un tel affront. Contrairement à la promesse qui lui avait été faite, le Marseillais n’a pas été promu au sein du bureau exécutif, malgré sa neuvième place au congrès annuel qui s’est tenu à Perpignan les 3 et 4 juillet (…)
Codirecteur de campagne de Jordan Bardella aux européennes, puis de celle de Thierry Mariani en Paca, le Niçois Philippe Vardon a été éjecté du bureau national du parti. Mis à part ses amis présents sur place, personne n’a prévenu en amont celui qui y siégeait depuis 2017. « L’entourage de Marine Le Pen considère que la ligne politique de Vardon, très radicale sur l’islam et l’immigration, peut être un caillou dans sa chaussure pendant la campagne », fait savoir un habitué du parti à la flamme.
Plus surprenant, le transfuge de La France insoumise Andréa Kotarac sera la seule tête de liste régionale à ne pas siéger au bureau national. Durant sa campagne, il a longuement ferraillé contre le “clan d’Hénin-Beaumont”(…) Andréa Kotarac, qui a fait le choix courageux en 2019 de rallier le RN en venant de LFI, a dû se battre pour mener sa liste face à Laurent Wauquiez. Une victoire à la Pyrrhus. L’intégralité de ses propositions de candidat a été retoquée par la CNI. « Kotarac est minoritaire dans son propre groupe », peste un élu régional (…)
Composé du maire de la ville du Pas-de-Calais Steeve Briois et de son adjoint, le député Bruno Bilde, ce clan a largement renforcé son influence lors du congrès en désignant leurs proches à des postes stratégiques. Kévin Pfeffer, 31 ans, accède au bureau exécutif et remplace Wallerand de Saint Just à la trésorerie. David Rachline devient vice-président du RN, quand Julien Odoul, collaborateur parlementaire de Bruno Bilde, est nommé porte-parole. Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen et époux de Marie-Caroline Le Pen, intègre le “burex”, accompagné de l’eurodéputée Hélène Laporte, déjà propulsée en deuxième place sur la liste des européennes. Une autre nomination provoque davantage de remous au sein du Rassemblement national : celle d’Alexandra Masson au bureau exécutif, cooptée par Bilde et Rachline et encartée au parti… la veille du congrès.
Cette arrivée reste en travers de la gorge de nombreux membres du mouvement. « Le centralisme démocratique du RN est pire que celui de l’URSS, juge un membre du bureau national (…) Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un identitaire, un catholique ou un conservateur doit être écarté par tous les moyens. En témoignent les multiples évictions de la CNI en juillet 2020. Plusieurs membres proches de Marion Maréchal, dont Nicolas Bay, avaient été écartés. Le député européen reste aujourd’hui le seul membre du bureau exécutif à ne pas y siéger. Lors du dernier congrès, les premiers élus au conseil national sont nommés vice-présidents du parti à l’exception de… Nicolas Bay, pourtant arrivé quatrième, devant David Rachline. Si Marine Le Pen et son entourage se défendent d’organiser des chasses aux sorcières, les discussions internes prouvent le contraire. En août dernier, remonté lui aussi par son éviction de la CNI, Gilbert Collard appelle sa présidente : « Je ne comprends vraiment pas ta décision, pourquoi tu as fait ça ? – Mais enfin, Gilbert, tu n’y es allé qu’une seule fois, et puis tu sais que ça m’arrangeait bien… – Tu m’as débarqué pour dégager Nicolas Bay ? – Oui, exactement… »
Des expulsions le montrent aussi. En octobre 2020, la commission des conflits du RN suspend Sophie Robert après vingt-quatre années d’activités au sein du parti. Pour des raisons douteuses. Sa fédération de la Loire possède une photocopieuse sous contrat de leasing pendant encore plusieurs années. Elle coûte cher et personne ne l’utilise. Elle propose donc à l’Issep, l’école de Marion Maréchal, de la sous-louer afin de perdre le moins d’argent possible. Parce qu’elle est la belle-mère de Thibaut Monnier, cofondateur de l’école lyonnaise, on l’accuse d’avoir fait gagner de l’argent à l’Issep sur le dos du RN.
Depuis le départ de Marion Maréchal en 2017, toutes les personnalités potentiellement marionistes sont surveillées comme le lait sur le feu. Une bonne partie a déjà été victime de purges. En octobre 2020, deux collaborateurs de l’Issep ont vu leur demande d’adhésion au RN rejetée. Ils seraient « indésirables ». L’un d’entre eux aurait tenu des propos contraires à la ligne du parti, le 2 juin 2019. Il avait simplement retweeté un tweet de Marion Maréchal… En Auvergne-Rhône-Alpes, le membre de la CNI Alexis Jolly va même plus loin. Alors qu’un élu souhaite un joyeux anniversaire à Marion Maréchal sur Twitter, ce proche de Bruno Bilde décroche son téléphone pour lui demander de… supprimer son tweet.
Certains au RN mèneraient-ils une croisade contre Marion Maréchal ? À en croire plusieurs membres du mouvement, une simple évocation de l’ancienne députée dans une réunion peut vous valoir les regards noirs de Marine Le Pen et sa clique. Un historique atteste : « Elle est tellement obnubilée par sa nièce que chaque matin elle doit demander à son miroir qui est la plus populaire et la plus crédible… C’est la tête de Marion Maréchal qui apparaît. »
Son proche conseiller Bruno Bilde est décrit comme un homme fin, très habile et machiavélique. Il agace. « Le RN n’est plus un parti mais un fan-club au sein duquel aucune divergence politique n’est tolérée. La seule conduite qui soit acceptée, c’est la soumission aux caprices de Bruno Bilde, dénonce Thibaut Monnier. La promotion est liée non à la qualité du profil mais à l’appartenance au cercle restreint d’Hénin Beaumont et de Fréjus. Ces gens-là portent une lourde responsabilité, celle d’avoir sapé l’incroyable dynamique du RN de 2012 à 2017 en écartant ou en dégoûtant progressivement tous ceux qui, par leur compétence et leur légitimité, auraient pu solidifier et ancrer le mouvement dans les territoires. » Avec ses compères Rachline et Briois, Bilde instruit de nombreux procès en “anti marinisme”.
David Rachline a bien tenté de jouer le même coup à Thierry Mariani dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en biffant les colistiers de l’ancien ministre au profit de ses proches. Mais en vieux roublard, Mariani a menacé de jeter l’éponge et a fini par obtenir gain de cause en sauvant ses colistiers, notamment Amaury Navarranne, candidat aux municipales à Toulon et proche de Bruno Gollnisch.
Pourquoi se donner autant de mal à traquer les proches de Marion Maréchal et les éléments “trop à droite” alors même qu’ils ne représentent pas un danger ? « Le RN est un parti communautariste, cingle un cadre. La surreprésentation d’homosexuels autour de Marine Le Pen influence le fonctionnement et les nominations au sein du mouvement. Le mode de promotion interne ne se fait ni sur les idées ni sur les compétences, mais sur les accointances familiales ou sexuelles. » En août dernier, un cacique déclarait même que « Nicolas Bay a été poussé vers la sortie par le lobby gay du RN » (…)
Marine Le Pen et son fan-club pensent que son électorat de droite, identitaire et opposé à l’immigration, n’a de toutes façons pas d’autre choix que de voter RN. Au regard de l’état de santé de LR et de la perspective de voir Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse représenter la “droite”, ils ont sans doute raison. Qu’ils prennent garde toutefois à l’hypothèse Eric Zemmour qui pourrait rabattre les cartes et permettre à un “identitaire, un catholique ou un conservateur” de retrouver une certain motivation électorale. Ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été prévenu depuis des années…