Le soleil s’est couché sur les Jeux olympiques de Tokyo. Résultat des courses : la France a glané 33 médailles. La télé a dressé une statue aux heureux lauréats mais demeure trop souvent grande muette quand il s’agit d’évoquer le statut social de ces champions, en majorité amateurs, qui pour obtenir une breloque mettent les bouchées doubles à l’entraînement tout en devant gagner leur pain quotidien. Alors, que font-ils, dans le civil, nos médaillés olympiques ? Réponse : la profession la plus représentée est… militaire.
La défense étant la meilleure des attaques, l’armée prend sous sa coupe de nombreux sportifs. Aux Jeux olympiques de Tokyo, sur les 378 athlètes de la délégation française, 54* auraient pu défiler au pas et arborer leur livrée militaire, engagés qu’ils étaient dans l’opération baptisée « Armée de champions : mission Tokyo ». Et au pays du Soleil levant, nos soldats ont brillé. L’armée a ainsi bien mérité de la patrie en apportant son concours pour obtenir 5 des 10 médailles d’or françaises et, au total, 13 des 33 médailles récoltées tous métaux confondus, soit près de 40 % de la moisson !
Parmi les chercheurs d’or qui ont trouvé le bon filon, notre porte-drapeau, la gendarme Clarisse Agbegnenou (médaillée au judo en individuel et en équipe mixte), le caporal Enzo Lefort en escrime (fleuret par équipe), le quartier-maître Hugo Boucheron en aviron, et le gendarme Jean Quiquampoix au tir au pistolet, sans sommation. En escrime, le maréchal des logis Manon Brunet a sabré deux fois le champagne (le bronze en individuel et l’argent par équipe). Ses sœurs d’armes, les soldats Pauline Ranvier et Ysaora Thibus, ont fait mouche et touché l’argent en fleuret par équipe. Le soldat Sébastien Viguier a obtenu le bronze en cyclisme sur piste et le brigadier Dorian Coninx le même métal en triathlon. En voile, le second maître Charline Picon (argent), le quartier-maître Thomas Goyard (argent) et le quartier-maître de première classe Camille Lecointre (bronze) ont eu le vent en poupe.
Maintenant, il faut le dire. Ces médaillés ne sont pas des militaires qui font du sport mais des sportifs de haut niveau que l’armée a enrôlés pour servir la France. Ils sont tous affectés à Fontainebleau, au Centre national des sports de la Défense, le terrain de leurs grandes manœuvres. Au terme de leur carrière sportive, ils peuvent prendre la quille. Mais l’armée leur a donné les moyens de leurs ambitions et inculqué un esprit de corps. En 2024, les Jeux auront lieu à Paris. Madame le maire Anne Hidalgo a récupéré sans se brûler la flamme qui met en lumière les soldats inconnus. Lors de la prochaine olympiade, qui s’annonce plus que jamais multiculturelle (sous la pression de Coca-Cola™, le breakdance sera au programme !), il ne serait pas dégradant de saluer la France des uniformes.
(*) Sur les 54 membres de l’armée des champions, on comptait 29 soldats de l’armée de terre, 3 de l’armée de l’air, 11 marins et 11 gendarmes.
Olivier Annichini
https://www.bvoltaire.fr/12-militaires-medailles-aux-jo-de-tokyo/