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Les armes du Qatar

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Le déclin et la décadence de Paris ressemblent à de nombreux égards à la chute de Rome. En la municipalité d'Hidalgo tout semble se désarticuler et se déconstruire dans cette capitale. La malpropreté des rues y rivalise avec l'insécurité des quartiers. Conjugué avec les désordres de la Macronie, ceci compose un spectacle fort comparable à celui qui se déroula entre la mort de Marc Aurèle (180) et la déposition de Romulus Augustule (476), qui mit fin à l'empire d'Occident.

Sauf le cliché que nous n'entendons plus guère d'une accélération de l'Histoire, un tel espace de temps, 6 ou 7 générations, ne semble guère supérieur à celui qui commence en 1793...

Épisode étrange, le règne, communément maudit par les historiens, du Syrien Héliogabale livra au stupre la Ville Éternelle de 218 à 222.

Mais aujourd'hui, dira-t-on, la Ville Lumière n'est soumise en apparence à aucun empereur. Elle n'adore non plus aucun gladiateur.. Le recrutement d'un joueur célèbre par l'équipe qataro-parisienne de podosphère pourrait dès lors paraître une sorte de non-événement dans la chute de cette ville. Elle se livre en effet elle-même, et joyeusement, à un glorieux et pacifique mercenaire argentin pour le compte d'un prince qatari.

À ce sujet c'est en effet le quotidien politiquement correct Le Monde qui affirmait ce 11 août que désormais : "le Qatar dispose d’une nouvelle arme diplomatique planétaire".[1]

On pouvait déjà le déplorer dès 2018 : "il est revenu le temps du pain et des jeux"[2].

Notre président tout-puissant ne manquait de chercher à en tirer un parti démagogique, sans vraiment convaincre. "Certains le soupçonnent déjà de vouloir utiliser l’événement pour faire passer un message politique." écrivait alors le journal de Nicolas Beytout.[3]

Or, quant à lui, c'est un fort prudent démocrate que l'émir du Qatar. Les illusions du printemps arabe de 2011 n'ont pas pris au dépourvu Tamim ben Hamad al-Thani. Arrivé au pouvoir en 2013, il a su éviter les écueils du régime Ennahda en Tunisie. L'influence des Frères musulmans, et des rêves de califat d'Erdogan, devenait insupportable dans l'ancienne Carthage. En balayant ce ramassis de crapules islamistes, le président de cette république, soutenu par quelque 72 % de la population, a heureusement mis fin à l'expérience.

Dernier ami du mégalomane islamiste d'Ankara, l'émir Tamim ben Hamad al-Thani a promulgué le 29 juillet une loi historique. Prévues par une constitution remontant à avril 2003, des élections, les premières dans l'histoire de ce richissimepetit pays, auront lieu en octobre… largement avant cette coupe du monde de football prévue en novembre 2022, si chèrement négociée, et dont le chantier aurait englouti plus de 6 000 ouvriers étrangers.

Il fallait sans doute que ce prince, qui règne et gouverne depuis 8 ans, donne un signe de vie politique.

Que ceux qu'une telle démocratisation inquiéterait se rassurent. Un "Haut comité préparatoire des élections au Conseil de la Choura" a travaillé sans relâche depuis octobre 2019. Ledit futur conseil comprendra seulement 45 membres. Ce sera la seule assemblée parlementaire du Golfe en dehors de celle du Koweït. Si 30 de ses membres seront dangereusement supposés être élus, les 15 autres seront sereinement désignés par l'émir. Les partis politiques resteront interdits. Pourront voter les Qataris âgés de 18 ans, à condition que leurs grands-pères soient nés au Qatar, ce qui n'est le cas que de 10 % d'entre eux.

On respire, le vent démocratique du printemps arabe d'hier, devenu aujourd'hui une sorte d'hiver islamiste turc, ne soufflera donc pas trop fort sur le Golfe Persique.

Le laissera-t-on souffler sur Paris ?

JG Malliarakis  

Apostilles
[1] cf. article "Avec Messi au PSG, le Qatar dispose d’une nouvelle « arme diplomatique » planétaire".
[2] cf. L'Insolent du 6 septembre 2018 "On sera donc toujours les champions"
[3] cf. article du 17 juillet 2018 "Victoire en Coupe du monde: l’attitude de Macron divise"

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