Détail de l'affiche originale du film © "Bac Nord", Cédric Jimenez, 2021
Sorti en salle depuis le mercredi 18 août, le film « Bac Nord » fait grincer bien des dents à gauche, où l’on ne digère pas le traitement réaliste de la vie des policiers en banlieues. Des critiques qui ne l’empêchent pas de se positionner en tête des sorties de la semaine.
Le réel n’est jamais très agréable à digérer, surtout quand on s’entête à l’étouffer depuis de si longues années. C’est encore plus vrai dans le monde du cinéma, bien connu pour son légendaire consensus politique de gauche, et qui n’est pas habitué à faire parler de lui à droite. C’est pourtant le cas du film « Bac Nord », réalisé par Cédric Jimenez, et sorti en salles depuis le mercredi 18 août.
Se déroulant à Marseille, et présentant à son casting de véritables stars du cinéma français — à l’image de Gilles Lellouche ou de François Civil — le film raconte l’histoire de plusieurs agents de la Bac, brigade anti-criminalité, contraints de franchir à plusieurs reprises la frontière de l’illégalité pour maintenir leur efficacité dans les quartiers les plus dangereux de Marseille. Si le cinéma français a toujours raffolé des flics-voyous, plus prompts à échapper aux « bœuf-carottes » qu’à courser des criminels, cette fois-ci, quelque chose ne passe pas. Le long-métrage de Cédric Jimenez se déroule à Marseille, en banlieue. Il dépeint la réalité crue et froide de ses quartiers, comme il en existe des centaines en France, hors de tout contrôle. Surtout, il se montre bienveillant avec les policiers, tente d’expliquer leurs errements, leurs glissades. Selon un journaliste irlandais, dont la saillie avait fait scandale lors du festival de Cannes, « Bac Nord » serait même tellement réussi… qu’il donnerait envie de voter Marine Le Pen !
Un film raciste et… hétéro
Fatalement, il y avait de quoi faire hurler la gauche — et cette dernière est tombée dans le panneau. Libération et Le Monde sont unanimes. Si le quotidien au losange rouge veut bien admettre que « Bac Nord » n’est pas à proprement parler « fasciste », il vitupère tout de même contre un film « démago, raciste et viriliste », mobilisant « cinquante nuances de droite », et où les flics cités ont le culot d’être tous hétéros ! La critique du Monde est déjà plus honnête, puisqu’elle a le bon goût de parler… cinéma. Un paramètre qui semble avoir échappé à Libé. Las, le critique du « quotidien de référence » n’est pas beaucoup plus favorable au propos du film, dont le scénario s’inspire du scandale des policiers marseillais corrompus qui avait éclaté en 2012 : « Voué à disculper ses héros de toute responsabilité, BAC Nord prend ainsi la forme d’une réhabilitation non seulement difficile à avaler, mais assez malvenue ». Les Français, contrairement aux deux précités, se sont largement laissé convaincre par un film que Marianne décrit comme « une réussite qui honore le genre ». Durant la seule journée de mercredi, plus de 108 000 d’entre eux ont acheté leur ticket pour « Bac Nord », plaçant le polar de Cédric Jimenez largement en tête des sorties de la semaine.
Source : https://www.valeursactuelles.com/