A l’origine, il devait être provisoire et limité aux grands rassemblements : le passe sanitaire a été imposé aux restaurateurs. C’est une deuxième « prolongation » que le gouvernement vient d’annoncer : le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué que le passe sanitaire pourrait être imposé jusqu’à l’été prochain, donc bien au-delà de sa fin officielle prévue le 15 novembre prochain. Autrement dit, même au cours de la prochaine présidentielle.
Alors même que la quatrième vague est en train d’être maîtrisée, que le nombre de vaccinés augmente sérieusement et que le taux d’incidence repasse à 50 cas pour 100 000 habitants dans six départements sur dix. Le ton reste pourtant à la dramatisation. Pour Gabriel Attal, « l’éclaircie sanitaire s’observe à peu près partout dans l’Hexagone, mais ce n’est pas parce que la marée est basse qu’elle ne peut pas remonter ». Le gouvernement préfère anticiper d’éventuelles prochaines vagues, dont on peut sérieusement penser qu’elles tendent à être conjurées… Plus personne ne parle de variant, comme si le sujet n’avait été qu’un feuilleton de l’été passé.
Comment expliquer ce souci de jouer à nouveau les prolongations ? Quelques épidémiologistes ont prévenu contre un risque de « redémarrage » de l’épidémie à l’automne. Une éventualité qui a ainsi eu l’oreille d’Emmanuel Macron et de l’exécutif. Bref, un souci de combattre cette « cinquième vague » invoquée dans les discours de certains élus LREM.
Présentation d’un nouveau projet de loi à la mi-octobre
Pour prolonger le passe sanitaire, un nouveau texte sera ainsi présenté en Conseil des ministres le 13 octobre prochain pour être ensuite débattu devant le Parlement à la fin du mois. Dans cette crise, on ne compte plus l’accumulation impressionnante de textes aboutissant à rendre définitif ce qui était provisoire : loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, lois prorogeant l’état d’urgence sanitaire, loi relative à la gestion de la sortie de crise sanitaire, puis loi relative à la gestion de la crise sanitaire… A chaque projet de loi, une date butoir est indiquée pour être finalement repoussée par le texte suivant.
Mais cette perspective de devoir présenter le passe sanitaire en pleine présidentielle ne réjouit pas tout le monde. Le patron des Républicains du Sénat, Bruno Retailleau, déclare tout de go dans un tweet du 29 septembre que « le Sénat ne pourra autoriser le gouvernement à prolonger le recours au passe sanitaire en enjambant les présidentielles, jusqu’en juillet ».
Mais, dans cette crise sans fin, il y a aussi de drôles de révélations. Ainsi, d’après une étude publiée par le ministère de la Santé le 29 septembre dernier, on apprend que 5 700 lits d’hôpitaux ont été supprimés l’année dernière en pleine crise du Covid. Le ministère explique cette mesure surprenante par le souci d’éviter les contagions avec la transformation de chambres doubles en chambres simples. Dont acte. Des chiffres insolites dans une situation qui reste confuse…
François Hoffman
Article paru dans Présent daté du 30 septembre 2021