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Sur France 2, Ruquier supplie la gauche de s’unir face au variant Z : mais que fait le CSA ?

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L’émission « On est en direct », sur France 2, animée par Laurent Ruquier et Léa Salamé, est de retour. Selon le site de la télé de service public, l’émission entend mettre en scène « les retrouvailles de l’artiste qui aime bousculer les politiques et la journaliste  qui aime le travail des artistes pour un show exigeant et populaire, décontracté et tendu, rythmé et festif ». Les deux compères qui invitent des « artistes, personnalités du monde de la politique, du sport ou de la  civile [qui] se succèdent sur le plateau pour évoquer leur actualité, dans une ambiance feutrée et bienveillante », viennent de lancer la deuxième saison… qui ressemble fort à l’ouverture de la saison de la chasse.

La chasse à qui ? Reprenant fort laborieusement le registre obsédant de la pandémie, Laurent Ruquier, véhément comme jamais, file une métaphore lourdingue sur le nouveau virus qui aurait fait son apparition dans les médias. Selon le trublion cathodique qui, ce soir-là, aurait mieux fait d’aller se coucher, on assiste « à une épidémie dans les médias… souvenez-vous, il y a un an et demi, on nous donnait les chiffres des contaminés. Eh bien, là, c’est pareil, 15 % à la une du Parisien, ce matin, le virus progresse, il a remplacé toutes les autres maladies, on ne parle plus que de ça, une fois de plus, on veut nous faire peur. Certains disaient que Zemmour ne serait qu’une grippette, qu’on était mieux protégés chez nous, paraît-il, que dans les autres pays, en Hongrie, aux États-Unis. Eh bien, non, on s’est encore trompés, le virus progresse. Comment lutter contre ce virus, j’ai l’impression que ce n’est pas si facile que cela, Léa ? »

Réponse : « Non, ce n’est pas facile, vous pensez que la solution, c’est de ne plus en parler ? »

– « Oui, c’est une solution, quoique nous allons en parler avec monsieur Mélenchon, on est comme à Marseille, le professeur Mélenchon veut lutter contre le virus. »

Et ainsi de suite. Pour ceux qui pratiquaient l’inutile émission « On n’est pas couché », cette version « exigeante et populaire » est à placer dix crans en dessous. On n’eût pas cru cela possible, Ruquier l’a fait.

Puis arrive Jean-Luc Mélenchon, Líder Máximo sur le retour de toute une gauche en émoi face à l’irruption d’Éric Zemmour sur la scène politique.

Et là, Laurent Ruquier, tranquillement assuré de son impunité de principe, puisque de gauche, chèrement gagnée pendant des décennies de shows cathodiques faussement disruptifs mais vraiment ronronnants, ne retient plus ses chevaux. Il se livre, sous les yeux des téléspectateurs qui, en vertu de la redevance audiovisuelle, sont – un peu – ses employeurs, à un appel à l’union des gauches. Ce qu’il nomme, dans un parfait mélange des genres, un « coup de gueule » : ça sonne plus « grande conscience » que petit éditorial pseudo-progressiste et servile adressé à un chef de parti, LFI, qui n’en demandait pas tant. Qu’on se rassure, Ruquier n’a pas fait là son coming out : tout  sait qu’il est de gauche, que la télé de service public n’est plus qu’un instrument de propagande. On n’a qu’à revoir, pour s’en convaincre, les émissions où il affronte le virus Z, nouveau variant dont il fait grand cas. Lors de son édito, suppliant les Jadot, Hidalgo, Roussel et Mélenchon de s’unir face au péril brun, il déchire le coin du voile – déjà en lambeaux, il faut bien le dire : la neutralité  du service public n’est qu’une chimère que l’on n’évoque que lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux chaînes privées.

Au fait, une question : les propos de Laurent Ruquier seront-ils décomptés du temps de parole de la gauche lors de la campagne électorale, puisque, depuis des décennies, il s’arroge volontiers le rôle d’« acteur majeur du débat public », une terminologie utilisée par le CSA pour limiter le temps de parole du variant Z ?

Sur les réseaux sociaux, cette « sortie » a suscité moult réactions, dont celle de Maître Gilles-William Goldnadel : « J’indique à tous que, par une alerte n° 635459 de 17 h 13, le CSA, dont on connaît l’attachement au pluralisme et à l’équité au sein de l’audiovisuel a fortiori public en période préélectorale, a été avisé. Que M Ruquier fasse l’éloge public de l’union des gauches est asymétrique. » On prend les  sur les résultats de cette saisine du CSA. On suggère volontiers à toute l’intelligentsia de gauche de prendre néanmoins quelques précautions : le roi est nu, ça commence à se voir…

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