Je suis prêt à prendre le pari que rien ne se passera du côté du CSA. Éric Zemmour et Marine Le Pen concentrent, à eux seuls (d’après les sondages), 30 % du corps électoral, soit environ 7 millions de personnes, si l’on prend les chiffres officiels (24,3 millions). En face, les meilleures audiences de la « bande de potes » de la délicieuse Charline Vanhoenacker sont à 1 million – ce qui est, convenons-en, remarquable pour une émission de radio, mais sept fois moins élevé que les « gros cons » de « fachos ». Des humoristes regroupant un million d’auditeurs peuvent-ils, sur une radio financée par les impôts des Français, critiquer sept millions d’entre eux, en allant jusqu’à se féliciter de leur piquer leur argent pour les insulter ? Je suis sûr que oui.
Quand France Inter insulte les « fachos » qui paient la redevance…
Vu sur Boulevard Voltaire par Arnaud Florac
Il arrive, décidément, que la réalité dépasse la fiction. Ce mois-ci, dans Causeur, le grand Marsault publiait un dessin qui mettait en scène un immonde bonhomme sans visage, venu de France Inter, mangeant les billets de banque de la redevance avant de vomir sur la tête du contribuable qui les lui avait donnés. La dernière case se terminait sur les mots : « À demain, connard ! »
De fait, il ne fallut pas plus d’une semaine pour que, le 15 octobre, Aymeric Lompret, humoriste subventionné de France Inter, fasse de son mieux pour correspondre au dessin prophétique du « dessinateur controversé », comme on dit. Commençant par dire que « la paye [était] tombée », c’est-à-dire la redevance, il a ensuite ironisé sur les « fachos », pour qui il devait être difficile de payer pour se faire insulter. Il a comparé cela à un acte de domination sadomasochiste, avant de citer nommément Damien Rieu et Jordan Bardella. Le reste de la chronique se perd dans la nullité la plus consternante. Blagues de pétomane, clins d’œil appuyés à la bien-pensance, rires complices de chroniqueurs acquis d’avance, niveau de malaise de l’auditeur impossible à évaluer : on est en famille sur le service public.
Damien Rieu a immédiatement partagé cette brillante saillie sur son compte Twitter. On attend la réaction outrée des grandes rédactions parisiennes sur le devoir de réserve, l’humour politique et toute cette sorte de choses. Elles n’ont déjà rien dit pour l’épisode de Ruquier conseillant l’union de la gauche à Mélenchon, en direct à la télé. Les internautes, eux, ont très bien compris ce qui se passait.