La polémique a fait grand bruit, et pour cause. Mais suite à un bras de fer médiatique entre l’UNI et l’école de Sciences Politiques, la situation vient d’être clarifiée par un communiqué, l’association étudiante regrette « une erreur de communication » et la direction de l’IEP dément les faits incriminés. Retour sur cette affaire.
« Après les plats végé qu’on vous propose, on vous annonce que l’ensemble de nos produits sont maintenant 100 % halal ! Et cela grâce à notre nouveau fournisseur On est fier que la cafet propose de nouvelles saveurs et on espère vous satisfaire au mieux ! Des bisous de l’équipe cafet ». Ce post enthousiaste publié sur les réseaux sociaux par la « Cafét en Kit » de l’IEP de Grenoble avait depuis été supprimé. Mais il déclarait fièrement imposer désormais aux étudiants sous le vocable enchanteur « de nouvelles saveurs », un peu comme une invitation au voyage, de consommer de la viande abattue selon le rite musulmans.
Mais au nom de quoi, une école aconfessionnelle allait-elle proposer de la viande halal à ses étudiants ? L’UNI a aussitôt réagi par un communiqué expliquant que cette cafétaria située au sein de l’IEP était plus pratique que celle du CROUS où les files d’attente pouvaient être longues, et que de ce fait, les étudiants n’avaient d’autre choix que de consommer halal. Interrogé par L’Incorrect, Yvenn Le Coz, responsable de l’UNI Grenoble réagissait : « S’ils avaient décidé de changer de ligne, ils auraient probablement fait un contre-communiqué ». Un avis confirmé par Rémy Perrad, délégué national d’UNI qui déclarait dans l’émission Morandini Live que ce choix « a été décidé. On a alerté les étudiants et la direction de l’IEP. Il n’y a eu aucune réaction. Ils font la sourde oreille ».
« Cette soumission à l’idéologie woke », largement dénoncée donc dans la presse par le syndicat étudiant de droite, a contraint la direction de l’établissement à clarifier la situation en brandissant le droit à l’erreur et en démentant les faits. Ainsi, l’école « se doit d’assurer un enseignement laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique » ; « le choix de ce fournisseur par l’association n’était pas motivé à fournir en viande halal », et « seuls 1/3 des produits fournis par cette boulangerie et vendus par “Cafét en Kit”, sont halal ». Même rétropédalage de la part des étudiants de la Cafét en Kit justifiant leur annonce par « souci de transparence », que les critères de choix de fournisseurs étaient d’ordre économique et pas idéologique. Le sujet est clos, l’association rentre dans le rang, présente ses excuses et affirme « se conformer à l’obligation de neutralité et de laïcité. »
Qu’il s’agisse d’une erreur de communication est un fait indéniable au regard de cette nouvelle polémique dont l’établissement se serait bien passé, quelques mois seulement après l’épisode des deux professeurs jetés en pâture en mars dernier. Pour mémoire, leurs noms avaient été placardés sur les murs de l’établissement les accusant d’islamophobie. En revanche, l’argument peu crédible portant sur le fait que « la cafét n’est pas un espace de politisation », de la part de ces étudiants, fait sourire mais ne convainc pas franchement. Le portail de l’établissement affiche sur sa page d’accueil, en écriture inclusive, une aide et une écoute « aux étudiant.e.s » face aux « discriminations, violences sexistes et sexuelles ». Un condensé d’idéologie woke dont on peine à croire que, tel le nuage de Tchernobyl, elle s’arrête aux cloisons de la cafet’.
La direction de Science Po Grenoble annonce avoir porté plainte contre les personnes qui ont relayé une information mensongère. La culture de la victimisation (propre aussi aux “éveillés”) impose donc que « Cafet’en Kit a été accusée de pratiquer la discrimination en proposant des plats 100% halal. ». Réponse d’Yvenn Le Coz dans Le Figaro étudiant « Ces menaces juridiques sont ridicules, n’ont aucun fondement, et ne sont là que pour tenter maladroitement de faire taire la polémique ainsi que notre syndicat. Je suis fier de constater que grâce à la mobilisation de l’UNI, l’IEP décide enfin de faire respecter la laïcité et la neutralité du service public. »
Iris Bridier
Tribune reprise de Boulevard Voltaire