Julien Rochedy nous livre, avec Nietzsche l’actuel (texte suivi de Nietzsche et l’Europe), la quintessence de la pensée nietzschéenne.
Pourquoi faut-il lire Nietzsche ? Beaucoup ont naguère lancé cette question à la face de leurs contemporains. Certains y ont vu la justification de leur hédonisme, d’autres de leur individualisme forcené. Beaucoup n’ont retenu de Nietzsche que le solitaire, l’homme loin des hommes, l’exilé condamné à forger inlassablement sous le soleil de la Méditerranée le seul matériau à sa disposition : sa propre âme. Une vision bien grotesque de Nietzsche et de sa pensée, tout aussi ridicule que celle voulant ne voir dans le philosophe qu’un nihiliste cautionnant par avance les massacres du XXe siècle.
S’élever, permettre à ceux qui en sont dignes de s’élever à leur tour et pourquoi pas un jour enfin constituer cette nouvelle aristocratie dont l’Europe a si cruellement besoin, elle qui subit les déprédations de ces (anti)aristocraties de l’argent qui nous gouvernent aujourd’hui. Voici la démarche, la volonté serait-on plutôt tenté de dire, de l’auteur, qui nous invite à devenir nous aussi nietzschéens. Car Nietzsche s’adresse aux Européens pour leur annoncer la bonne nouvelle : vous pouvez reprendre votre destin en main, individuellement et collectivement.
La quintessence de la pensée nietzschéenne
Julien Rochedy nous livre, avec Nietzsche l’actuel (texte suivi de Nietzsche et l’Europe) la quintessence de la pensée nietzschéenne. Les idées phares et les concepts clés y sont ainsi expliqués pour que les néophytes, et en particulier les plus jeunes d’entre nous, puissent s’approprier la pensée du philosophe au marteau et comprennent à quel point elle leur est indispensable, actuelle.
Nietzsche a compris tôt que Dieu était mort. Non pas Dieu en tant que tel, mais Dieu en tant que sacré, en tant que rapport au sacré. Le scalpel de la raison avait alors tout disséqué, et jusqu’à la foi même avec Saint Thomas d’Aquin. Les Européens n’avaient depuis plus de rapport aristocratique avec leurs valeurs. Un aristocrate ne démontre pas la justesse de ses valeurs, de son sacré. Il l’affirme. C’est ce qu’a compris Nietzsche pour qui tout sacré qui tend à vouloir se démontrer n’en est déjà plus un.
De l’inconvénient de la fin du sacré…
Nietzsche savait que la fin du sacré marquerait la montée des nationalismes qui jetteraient les Européens les uns contre les autres, puis consacrerait la venue des grands conflits idéologiques (soit la prévision des deux guerres mondiales à venir). Et plus encore, le philosophe vit venir sur les cendres de ces deux guerres l’Âge du dernier homme. Celui qui, mûr pour le bouddhisme, serait cet homme à l’âme de fonctionnaire, servile, fuyant le conflit et l’adversité, courant après le bonheur et souhaitant mourir après une vie bien remplie mais surtout sans histoires. Nous y sommes aujourd’hui.
Constat fait de l’état du patient européen, d’où lui viennent ces symptômes, quelle est l’infection qui le ronge ? C’est le triomphe de la morale des esclaves, des faibles et des déshérités, morale naguère portée par le christianisme primitif et aujourd’hui sécularisée dans la pensée progressiste : celle des droits de l’homme et des « guerriers » de la justice sociale. C’est elle qui fait de l’Européen, jadis l’homme fort de ce monde, un éternel coupable appelé à expier dans le silence avant de disparaître complètement.
Pour une affirmation dionysienne de la vie
Cette morale d’esclave, il faudra en sortir. Réaffirmer une vision aristocratique de l’existence (c’est cela qu’il faut comprendre quand Nietzsche parle de surhomme) pour enfin faire chanter les âmes et les cœurs des Européens. Construire pour durer, pour perpétuer une tradition, celle que nous léguèrent nos ancêtres, pour enfin reprendre les rênes de notre continent et assumer notre destin. Voilà, nous dit Julien Rochedy, l’enseignement de Nietzsche :
« Au final, la formule de l’affirmation dionysienne de la vie est amor fati. Aime le sort, aime le destin, aime la vie. Celui qui donne tout ce qu’il a à donner, qui épuise toute la puissance qu’il a en lui, qui a conscience de faire partie de l’éternité, aimant la vie, la réalité et la nature telles qu’elles sont, trouvant un sens à son existence en s’assignant une morale héroïque et des valeurs aristocratiques, et cherchant à danser, à rire, à suivre son destin d’un pas léger, alors celui-ci est inatteignable par le ressentiment, la décadence et le nihilisme. Celui-là est le vrai surhomme, celui dont la vie parfaite est un hommage continuel à la perfection de la vie elle-même ».
Adrien – Promotion Dominique Venner
Nietzsche l’actuel suivi de Nietzsche et l’Europe, Julien Rochedy, 224 pages, 19 euros