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Passe sanitaire et troisième dose : la première victime de la crise sanitaire, c’est la parole de l’État…

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« Engagez-vous, rengagez-vous ! » claironnait, jadis, l’ pour recruter. Vaccinez-vous ! Revaccinez-vous ! exhortait, mardi soir, à la télévision, le généralissime de cette nouvelle drôle de guerre. Pour appuyer ses propos, il a souligné que « des milliards d’individus sur la planète ont déjà eu le vaccin et que nous avons maintenant un certain recul ». Tout est dans le « certain ». Que le Larousse traduit par « relativement important ». Tout est dans le « relativement ». Que le Larousse traduit par le contraire d’absolu, c’est-à-dire « jusqu’à un certain point ».

Emmanuel Macron nous dit donc qu’il y a « jusqu’à un certain point » du recul. Oui, mais quel point ?

Il y a quelques jours, on a appris que le Moderna était désormais déconseillé pour les moins de 30 ans par la Haute Autorité de santé. Celle-ci s’appuie sur le nouvel avis de l’Agence européenne des médicaments et sur le rapport d’EPI-PHARE « confirmant le risque de myocardite et de péricardite » (Le Parisien). Pour La HAS, seul Pfizer doit être administré aux jeunes. Fermez le ban !

Sauf que sur LCI, le 8 avril dernier, le professeur Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, affirmait, un poil hautain, à Élisabeth Martichoux que les vaccins Moderna et Pfizer étaient « des frères jumeaux »« des produits équivalents » : même tolérance – excellente -, même efficacité – excellente. De son point de vue, « il ne [fallait] pas laisser le choix aux gens entre Pfizer et Moderna ». Il jugeait « absurdes » les préventions contre Moderna, pointant du doigt des « fausses rumeurs », des « rumeurs non fondées » – des « fake news », donc, en bon anglais -, colportant l’idée que le Moderna serait de « moins bonne qualité » que Pfizer.

Interrogé sur France Info, il y a quelques jours , le professeur Fischer, ne craignant pas de se contredire, a affirmé sans complexe à propos de la récente mise en garde de la HAS que « [c’était] une mesure de prudence tout à fait raisonnable ».

Qui peut jurer que, demain, la HAS ne découvrira pas que le « le frère jumeau », le « produit équivalent » présente aussi quelques inconvénients, peut-être légers, mais en tout cas inutiles pour une tranche d’âge que le COVID ne met pas en danger ?

Mais ce n’est pas tout. Emmanuel Macron, toujours mardi soir, a annoncé tout de go qu’à partir du 15 décembre, les plus de 65 ans n’auraient plus de  valide en l’absence de troisième dose. Las, à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, nul n’a droit à la rédemption, chaque parole est archivée, facile à retrouver. Or, le 26 août, lors d’une conférence de presse, Olivier Véran martelait, sans l’ombre d’une hésitation, avec sa voix de pédagogue bienveillant mais légèrement lassé : « Il n’y aura pas d’impact de la troisième dose sur le passe sanitaire », précisant « c’est-à-dire que si vous avez votre passe sanitaire, que vous alliez prendre votre rappel ou non, vous garderez [accent tonique sur « garderez »] le bénéfice du passe sanitaire ».

On objectera que gouverner en période de crise sanitaire, dans la précipitation, face à un virus que l’on connaît mal, n’est pas chose aisée et revient à résoudre une équation à multiples inconnues. Et on aura raison. On ajoutera que la médecine est une science empirique, pas une science exacte. Soit.

Mais pourquoi, dans ce cas, déployer un attirail coercitif brutal ? Pourquoi conspuer des parents circonspects et des médecins méfiants en les qualifiant de complotistes au front bas, comme s’ils remettaient en cause un dogme de foi ? Pourquoi maintenir ce  ubuesque aux contours fluctuants qui empêche les adolescents non vaccinés d’aller jouer au tennis, faire du judo, de l’équitation et de dîner au restaurant, mais ne pousse nullement les vieillards récalcitrants à obtempérer, attendu que ces derniers ne font plus de danse classique, de judo, ne jouent plus au tennis depuis belle lurette, et qu’ils se moquent donc de ces mesures répressives comme de leur premier déambulateur ? Pourquoi faire à la légère des promesses croix de bois croix de fer que l’on ne tiendra pas ?

Pourquoi continuer à faire preuve de tant d’assurance et de certitude, en démonétisant un peu plus une parole publique dont la crédibilité est sans doute le premier  de cette crise sanitaire ? Pourtant, plus que le vaccin, cette parole devrait être sacrée.

Gabrielle Cluzel

https://www.bvoltaire.fr/passe-sanitaire-et-troisieme-dose-la-premiere-victime-de-la-crise-sanitaire-cest-la-parole-de-letat/

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