Les candidats LR à la présidentielle ont-il été touchés par la grâce patriotique ? On pourrait le croire, à les entendre, dimanche soir, débattre sur CNews. On ne va pas leur reprocher d’y voir clair, tout de même ! Ni faire la fine bouche quand leurs prises de position rejoignent celles d’Éric Zemmour et, avant lui, de Marine Le Pen. Malheureusement, si l’on a un peu de mémoire, on ne peut qu’être sceptique devant leur soudaine conversion.
« Je voterais Éric Zemmour, très clairement », avait assuré Éric Ciotti, le 5 septembre, en cas de duel, au second tour, entre Macron et Zemmour. On se souvient que le député des Alpes-Maritimes avait aussi déclaré qu’il ne voterait pas pour Renaud Muselier, au premier tour des régionales, avant de voter pour sa liste au second tour. Philippe Juvin, qui se disait, sur France Culture, d’accord sur l’« analyse radicale » de Zemmour, mais en désaccord « avec ses propositions », puis lançait qu’« il [fallait] cesser de courir après Zemmour », a finalement annoncé la couleur, ce lundi matin, chez Bourdin : « Entre Zemmour et Macron, je voterai Macron. »
Il est probable que les autres candidats auraient la même réponse, si on les interrogeait sur un second tour où leur parti ne serait pas qualifié. Ou, ce qui revient au même, ils éluderaient la question en disant qu’ils ne conçoivent pas cette hypothèse. Rappelons que François Fillon n’avait pas attendu longtemps, après les premiers résultats, pour annoncer qu’« il n’y a pas d’autre choix que de voter contre l’extrême droite [et qu’il voterait] donc en faveur d’Emmanuel Macron ». Faut-il en être surpris ?
Voilà qui devrait faire réfléchir les électeurs de droite qui se réjouissent de voir des cadres du parti LR prendre des positions plus dures en matière d’immigration, de sécurité et d’islamisme. Peut-être la réalité leur a-t-elle ouvert un peu les yeux – et c’est tant mieux –, mais on aurait tort de les croire déterminés à lutter contre les maux qu’ils dénoncent. Ils luttent surtout pour leur survie politique, espérant retenir les nombreux électeurs qui seraient prêts à suivre Zemmour ou Marine Le Pen. Ce qui les intéresse, c’est d’être au pouvoir : ce qu’ils en feront vient en second.
Si les candidats de droite prennent ces positions radicales, force est de constater que c’est d’abord pour plaire aux adhérents LR qui sont plus à droite qu’eux. Une fois que le congrès aura fait son choix, ils rentreront au bercail. Comme le dit, dans L’Opinion, Alain Minc, qui n’est pas un modèle de constance mais connaît bien le monde politique, « je pense que la première chose que le ou la candidate aura à faire, c’est de se recentrer, vite fait, bien fait ! » Les Français qui seraient tentés par un vote LR feraient bien de s’en souvenir, s’ils ne veulent pas, une fois de plus, être les dindons de la farce.
La formule « C’est bonnet blanc et blanc bonnet » pourrait donc aisément s’appliquer à Macron et au futur candidat LR. Le premier veut à tout prix garder sa place, le second veut la prendre, mais ils feront après, peu ou prou, la même politique. Il reste donc à choisir entre les deux candidats qui ont de sérieuses chances de se qualifier pour le second tour et d’offrir une véritable alternance. En souhaitant qu’ils aient la sagesse de s’allier pour l’emporter.
Philippe Kerlouan
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