Le billet de Patrick Parment
Comme le rappelle Eric Zemmour dans son dernier ouvrage, La France n’a pas dit son dernier mot, rendant visite à Edouard Balladur, ils en viennent à évoquer, entre autres choses, le cas de Valéry Pécresse fraîchement élue à la tête de l’Ile-de-France. Balladur lui joue son numéro habituel quand il se veut méprisant : « comment vous l’appelez déjà ? » et lui asséner : « Pécresse, c’est ça, c’est une imbécile quand même ». Et Eric Zemmour, taquin, d’avancer : « Elle a quand même fait HEC et l’ENA ! ». Réponse ironique d’Edouard : « Enfin, vous savez bien que dans chaque promotion de grandes écoles, il y a 30 % d’imbéciles. » (page 256). Un ange passe, c’est Jacques Chirac !
Ainsi, chez les Républicains, les jeux sont faits. Et dans ce concert des ego, ils ont fini par se découvrir un candidat commun, une femme, une première dans un parti où le mâle hétérosexuel de préférence, est dominant. A droite, l’homo est plutôt honteux, ce qui est le cas contraire à gauche où il flamboie LGBT. Bref, la femme étant dans l’air du temps, les Républicains se sont jetés sur la première femme qu’ils avaient sous la main. On ne fera pas ici un florilège de toutes les conneries qu’a balancé Valérie Pécresse qui à l’image d’un Chirac, son mentor, a toujours adapté son comportement et son discours à l’air du moment et à l’idéologie ambiante. De droite Valérie Pécresse ? On en doute !
Reste que le scénario qui se met en place pour cette présidentielle devient original. A gauche, pas une femme n’a survécu et on attend le moment où Hidalgo va lâcher prise. De toute manière, la gauche n’existe pas dans cette compétition et Jean-Luc Mélenchon avoue, culminant péniblement à 10%, que sa fenêtre de tir ressemble à un trou de souris.
Emmanuel Macron a désormais face à lui toutes les composantes de la droite : une centriste molle et indéterminée avec Pécresse, une droite populaire avec Marine Le Pen et une droite patriote avec Eric Zemmour. Il n’aura échappé à personne que l’ensemble de ces droites constitue néanmoins la majorité dominante dans notre pays. A une exception près, le clan des abstentionnistes. Car une fois de plus ce sont eux qui feront toute la différence.
Si l’on s’en tient aux sondages qui ne sont le reflet que des humeurs passagères de quelques citoyens picorés ici et là, Emmanuel Macron devrait être élu dans un fauteuil tant il domine ses adversaires… sur le papier. Sauf si les Français décident de renverser la table en votant pour Eric Zemmour ou par peur d’une aventure à leurs yeux trop brutale pour l’illusionniste Valérie Pécresse.
Si l’on exclue ces deux hypothèses, l’éviction de Valérie Pécresse pourrait déclencher une vraie recomposition du paysage politique si d’aventure Eric Zemmour et Eric Ciotti se donnaient la main au sein d’un grand parti réellement de droite, décomplexé et fort peu libéral. Ce parti aurait l’avantage de sécher l’écuelle Républicaine (ex-UMP/RPR) autant que celle du Rassemblement national et dont on connaît les axes puisque Eric Zemmour va les développer durant sa campagne : stopper l’immigration, redonner aux Français la place centrale qui est la leur par la défense de la classe moyenne et de ses attentes en matière de santé, d’éducation, de sécurité et de justice. Sortir du créneau macronien des pauvres contre les riches, de l’obéissance aveugle à Bruxelles et à Washington. Vaste programme me direz-vous dans une époque largement dominée par le mondialisme et le règne de l’argent contre les peuples.
Car comme nous l’annoncions dans un précédent billet, si nous avons à subir une fois encore Emmanuel Macron, celui-ci devra faire face à des mouvements sociaux dont les Gilets jaunes n’auront été qu’une plaisante manifestation. Car on voit mal ce petit monarque virer sa cuti et rendre la parole au peuple tant l’absence de démocratie lui sied parfaitement au teint.