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On ne sait plus où donner de l’antifa !, par Philippe Bilger

Il y a de l’espoir.

L’extrême gauche, elle qui représenterait la pureté et l’intégrité de l’antifascisme, en a assez d’être traitée de fasciste ; elle qui incarnerait la détestation exemplaire de l’antiracisme, en a assez d’être qualifiée de raciste.

Il y aurait une mainmise de l’extrême droite sur ce vocabulaire et sa dénaturation (Mediapart).

Je ne doute pas que pour ce renversement salutaire, le travail de sape de mon ami Gilles-William Goldnadel n’ait pas eu une part décisive, notamment avec son dernier livre “Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche”.

Je comprends la stupéfaction de ceux qui se sont toujours considérés comme les titulaires du Bien, les détenteurs du Progrès, les propriétaires de la seule Histoire acceptable : marxiste, léniniste, stalinienne, trotskiste, totalitaire (malgré leurs différences), de voir leur hégémonie contestée sur leur terrain d’élection, leur champ exclusif.

D’abord ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. La méconnaissance délibérée des réalités historiques, leur exploitation au nom de l’idéologie, pour faire servir un passé aux antipodes du présent contre celui-ci, la paresse d’user de vieux dogmes et concepts pour se faciliter les dénonciations confortables d’aujourd’hui, ont abouti à une totale confusion du vocabulaire, à une inversion des injures et des stigmatisations.

Ainsi, les étiquettes fascistes ou nazies sont devenues si courantes qu’elles n’ont plus aucun sens et banalisent leur contenu dans une sorte de salmigondis qui leur fait perdre leur violence initiale. En retour, parfois, il y a eu des bolchos et des stals qui n’avaient pas plus de légitimité. Comme dans les joutes homériques, on s’imaginait, de part et d’autre, que ces mots surgis d’une Histoire ancienne allaient pulvériser l’adversaire.

Ils ont cependant gardé droit de cité dans la fureur du vocabulaire d’extrême gauche parce qu’ils offraient le grand avantage de parer ses actes, ses censures, ses violences, ses interdictions et son totalitarisme d’une sorte de voile oral virginal, tout teinté d’un sang pur.

Ils ne pouvaient perpétrer le pire puisque l’Histoire les avait nommés antifascistes et antiracistes : le meilleur surgissait d’eux comme une eau bénite d’idéologie.

Mais quelle formidable réaction: on ne se contente plus d’observer et de subir leurs lamentables attaques et saccages ; on n’accepte plus le règne de leurs mots factices ; on constate désormais que leur nature ressemble trait pour trait à ce que leur prétendu antifascisme vitupérait, à ce que leur antiracisme illusoire dénonçait.

Ils étaient, en fait et au fond, des antifas nominaux mais de vrais fachos, des antiracistes de pacotille mais des racistes avérés.

Il n’était que temps, que justice, de mettre au jour cette immense supercherie visant à compter sur une langage daté n’ayant plus le moindre lien avec notre présent fracturé pour nous convaincre de l’implacable morale dispensée par des adversaires de la démocratie : aujourd’hui, les masques sont tombés et les révolutionnaires auto proclamés sont nus. Ils parlent comme hier mais détruisent et frappent comme aujourd’hui.

Tout est-il perdu pour eux ?

Je ne crois pas mais à condition qu’ils accomplissent un colossal effort. Par exemple, ne plus qualifier d’extrême droite toute droite, de fasciste toute politique vigoureuse de sécurité, de raciste la volonté d’interdire en France la surabondance des clandestins et de voir repartir la multitude des déboutés du droit d’asile,

S’ils ne veulent plus être stigmatisés comme racistes et fascistes malgré leurs actes et leurs propos – tous les racismes existeraient sauf le racisme antiblancs -, qu’il balayent devant leur porte révolutionnaire, consentent à réviser et à réapprendre l’Histoire et traitent leurs adversaires en ne les prenant pas systématiquement pour ce qu’ils ne sont pas !

Pour qu’on sache où et comment, sans se tromper, donner de l’antifa !

Philippe Bilger

Tribune reprise de Philippebilger.com

https://fr.novopress.info/

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