Les nouvelles annonces du lamentable Castex ce 17 décembre ont à nouveau fait sursauter une partie du public. Après les tirades interminables du chef de l'État, affichant ses états d'âme artificiels préenregistrés le 12 pour deux heures d'antennes sur TF1 et LCI, les Français supportent de moins en moins la communication gouvernementale. L'outrecuidant Attal gagnerait sans doute à y réfléchir.
De tous les bavardages de nos gouvernants, on doit retenir cependant certaines choses.
D'abord, de toute évidence, le pouvoir n'agit plus qu'en fonction de la réélection du président. Or, on ne doit pas oublier, à cet égard, qu'en droit, et en pratique aussi, le soi-disant maître des horloges ne peut rien sans une majorité à l'Assemblée nationale. Même en supposant que le locataire de l'Élysée reste, après les ides de mars, le conjoint de Brigitte Macron, on imagine mal que son parti puisse retrouver, au Palais Bourbon, le nombre de sièges nécessaire et suffisant pour gouverner comme il le fait. Avec l'appui du MODEM, il en dispose encore. Malgré le départ d'une bonne trentaine d'élus de 2017 et des élections partielles aussi défavorables que celles de l'Essonne ce 12 décembre, il parvient à faire voter tous les textes qu'il présente et à s'asseoir, à peine poliment, sur les tentatives d'amendements et contre-propositions du Sénat. Après juin 2022, la situation nouvelle ne le permettrait sans doute plus.
En attendant, toutefois, le titulaire du pouvoir joue et s'apprête à s'appuyer sur deux ressorts.
Le premier lui permet de se présenter comme le détenteur du chéquier de la nation et de confondre son bilan désastreux dans ses promesses d'hypothétiques réalisations futures. On le voit multiplier ainsi, parcourant la France, entre Bouches-du-Rhône et Hauts-de-France, les projets mirifiques, vantés pour s'accomplir à des échéances improbables.
Si grosse que se révèle la ficelle, l'imposture fonctionne encore dans l'esprit du quart ou du cinquième de l'électorat. C'est, souvenons-nous, dans une telle proportion qu'une masse de naïfs et de résignés, plus une pincée d'enthousiastes aujourd'hui déçus, lui a permis, il y a un peu plus de quatre ans, d'accéder au second tour et de vaincre sans péril une adversaire jugée clairement incompétente.
Or, pour réitérer un tel triomphe sans gloire, il ne lui faut pas seulement s'adosser à une opération d'intoxication de l'opinion nationale : il lui faudra aussi bénéficier du plan de relance européen. Pour faire court, ce programme, dans le réel, repose sur un financement principalement allemand, appuyé sur les ressources de l'ensemble des pays dits "frugaux" de l'Europe du nord et sa première destination tendra à sauver le partenaire de l'Europe du sud, via notamment le gouvernement de Mario Draghi destinataire d'une enveloppe de 200 milliards d'euros. La France macronienne n'exercera sans doute, une fois encore, qu'un rôle d'animation verbale. La règle que Raymond Queneau exprime par la phrase mythique de Zazie dans le Métro : "Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire" semble devenue la nouvelle devise nationale de la Macronie.
Car, pour tirer les fameux chèques du budget national dont se targue l'État central parisien, encore doit-il en recevoir l'autorisation de sa banque : celle-ci va bientôt lui faire savoir que le découvert est devenu insupportable, contraire aux traités, incompatible avec cette union monétaire inventée sous le nom d'euro.
Une appréciation fausse du nouveau gouvernement allemand insiste sur l'étiquette sociale-démocrate du chancelier Scholz, reçu à Paris dès sa nomination. Une analyse plus judicieuse se préoccuperait au moins autant de la politique de son ministre des Finances. Chef du parti libéral Christian Lindner est lui-même talonné par la concurrence du parti Alternativ für Deutschland aux aguets sur les questions de dérapage monétaire. D'autres forces analogues sont en train de se lever chez nos partenaires européens, y compris en Suède, avec l'investiture fin novembre de Magdalena Andersson.
Or, c'est de ce côté-là, que l'on tient désormais en Europe le cordon de la bourse.
Surestimant sans doute son rôle au sein des institutions européennes, l'arrogance de l'équipe macronienne imagine peut-être tirer parti de son accession, pour 6 mois, à la présidence tournante du Conseil européen, exercée jusqu'au 31 décembre par la Slovénie.
On pourrait parier le contraire : ces gens vont tellement agacer nos partenaires européens que même l'opinion publique de l'Hexagone en prendra connaissance.
Un exemple récent nous le suggère.
On ne saurait présenter Éric Zemmour comme un économiste et lui-même n'en affiche pas la préoccupation. Lors de son élection à l'Académie française en 1938, Charles Maurras se félicitait qu'avec lui un polémiste entrât, enfin, dans cette vénérable institution : ce n'est donc pas faire injure au créateur du parti de la Reconquête que de lui appliquer, à lui aussi, cette appellation.
Or, on n'a pas gardé le souvenir qu'un polémiste devînt homme d'État. Fort de cette certitude, les communicants élyséens avaient imaginé lui tendre le 9 décembre un guet-apens médiatique. On lui avait assigné Bruno Le Maire comme adversaire. Ce prétentieux cador occupe actuellement le ministère des finances et passe à la fois pour un homme de droite et pour un connaisseur des chiffres, récitant les éléments de langage officiels. Je suggère donc de se reporter au verbatim de ce débat. Car, désolé, patatras : contre toute attente, et paradoxalement, on y voit, au-delà des polémiques oiseuses relatives la seconde guerre mondiale, que le petit polémiste, l'intellectuel, le littéraire s'y révèle un meilleur économiste que le grand jars technocratique chiraquien.
Oui, malheureusement, la France décline ; elle recule au sein même de l'Europe et les chiffres de sa prétendue prospérité sonnent faux. On peut et on doit s'interroger sur les remèdes. Ne même pas vouloir voir le diagnostic en face accuse nos ministres actuels. Espérons qu'ils en répondront bientôt.
JG Malliarakis